Fyctia
Chapitre 57 (1/4)
— Prêt ?
Swann noue ses doigts autour des miens.
— J’ai envie de vomir.
— Ça va aller.
— Tu n’en sais rien !
— D’accord, mais j’ai confiance en toi. Et je suis là.
Il tire sur ma main pour me coller contre lui et dépose un baiser sur le haut de mon crâne. Quelqu’un me bouscule, me rapprochant un peu plus de lui. Je fixe le portail vert métallique du lycée avant de prendre une longue et lente inspiration. Quand il faut y aller, il faut y aller. Quelques curieux louchent sur nos doigts emmêlés, mais je n’entends aucune remarque déplacée. Swann marche avec une assurance déroutante. J’aurais aimé me moquer du regard des autres, autant que lui.
— Détends-toi, me chuchote-t-il en se penchant vers moi.
— J’essaie, couiné-je. Je te jure que j’essaie.
On passe les portes du hall. Le brouhaha m’assaillit de toutes parts. Je lâche la main de Swann pour enfiler ma capuche. C’est beaucoup moins oppressant, comme ça. Mon charmant voisin reprend mes doigts en otage et me traîne dans le dédale de couloirs.
— Eh ! Alix !
Cléo et ses amis font de grands gestes pour attirer mon attention. Je jette des coups d’œil anxieux autour de moi, mais les autres élèves s’en contrefoutent. Ils sont trop accaparés par leurs propres discussions. Je souffle, légèrement détendu. Swann m’entraine jusqu’à eux, un sourire lumineux collé sur le visage.
— Salut !
Adama pose sa main sur sa poitrine, en mode drama queen. Je réprime un rire gêné.
— Frappez-moi les pétasses, c’est qui ce bel étalon ?
Arya grommelle quelque chose d’inaudible et tend sa main à Swann.
— Arya, dit-elle d’un ton nonchalant. Et… tu es ?
— Swann, répond-il tout en serrant la main qu’elle lui tend.
— Adama, la pétasse hystérique et Cléo, ajoute-t-elle en pointant ses amis d’un signe de tête.
Adama lui balance un coup dans l’épaule, faussement outré.
— On a tous vu ton post Insta, obviously, intervient ce dernier en levant les yeux au ciel, et putain, on peut dire que t’as une sacrée paire de couilles. J’ai a-d-o-r-é.
Je me dandine, mal à l’aise au possible. Mais en même temps, je me sens bien. C’est très étrange, comme sensation.
— Grave, souffle Cléo d’une petite voix. Tu… tu es tellement courageux…
— J’arrête pas de lui dire, ricane Swann, mais il ne me croit pas !
Je tire sur sa main pour lui signifier qu’il amplifie mon malaise à parler de moi comme ça devant ces gens qui me font me sentir tout petit rien que par leur prestance naturelle, mais il interprète mon geste autrement et lâche ma main pour me plaquer contre lui.
— Je crois que son cœur est déjà pris, désolée, ricane Arya à l’attention d’Adama qui fait semblant de s’évanouir devant notre démonstration d’affection.
— Mon cœur a cessé de battre. Mais c’est pas grave, vous savez ce qu’on dit : un de perdu, dix de retrouvés !
— T’as rien perdu du tout, grommelle Arya en levant les yeux au ciel, exaspérée. Ce mec n’a jamais été plus qu’un lointain fantasme qui aura duré une demi-seconde.
— Oh, ta gueule, Ary ! Fais pas ta rabat-joie !
Swann ne semble pas le moins du monde perturbé de se retrouver au centre de l’attention comme ça. Il rit de bon cœur. Et je me surprends à être un peu jaloux de la façon qu’Adama a de lorgner sur lui. Enfin, non, ce n’est pas de la jalousie… De la possessivité plutôt. Swann est mon petit-ami, pas un bout de viande. Je refoule ces sentiments désagréables tant bien que mal. Swann est une personne à part entière, il n’appartient qu’à lui-même, pas à moi.
La sonnerie retentit. Sauvé par le gong.
— Allez les pétasses, on se met en route ! On se voit à midi ?
Est-ce qu’Adama s’adresse à nous ? Cléo confirme avant de partir dans la direction de salle de littérature.
— Alix, Swann ? Vous vous joignez à nous ou Eryn est trop bien pour être vu en compagnie de la plèbe ? me provoque Arya, d’un ton cynique.
Je m’étouffe avec ma propre salive. Son comportement est déstabilisant. Je ne sais pas si elle rigole ou si elle pense vraiment ce qu’elle dit.
— Euh… euh… oui… d’accord.
— Nickel, à plus alors !
Adama glisse son bras sous celui d’Arya et l’entraine à l’opposé du couloir.
— Wouah, c’était intense, ricane Swann. Je crois que tu attires les originaux.
— C… comment ça ?
— Regarde-moi, déjà. Sans parler d’Élie, qui est complètement folle à lier. Et maintenant, ce gars qui est monté sur piles et Arya qui a un humour hyper cinglant, que j’adore soit dit en passant. Par contre, Cléo me fait drôlement penser à toi. Il ne lui manque plus qu’une capuche sur la tête, rit-il avant de tirer sur la mienne pour m’ébouriffer les cheveux.
Je grommelle tout en lui tirant la langue.
— On devrait accélérer le pas si on ne veut pas arriver en retard, couiné-je.
Swann noue ses doigts autour des miens et se met à courir, oubliant l’espace d’une seconde ma cheville encore fragile. Je grimace.
— Merde, excuse-moi. Attends.
— Non, ne…
Trop tard, il est déjà en train de me porter. J’enfouis mon visage gêné dans sa nuque pour ne pas avoir à affronter le regard des quelques élèves encore présents dans les couloirs.
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