Mauranne BP On both sides Chapitre 43

Chapitre 43

Ça faisait longtemps que je n’avais pas aussi bien et autant dormi. La présence d’Élie m’a permis de lâcher un peu prise sur tout ce qu’il m’arrive en ce moment. Sauf qu’au réveil, tout m’est revenu en plein visage.


Ma meilleure amie n’est plus dans le lit. Je me lève en soupirant et descends lentement les marches. Je rejoins El qui déjeune, les yeux rivés sur son téléphone.


— Bonjour, toi, lui souris-je avant d’embrasser ses cheveux arc-en-ciel en bataille.


— Eh ! Bien dormi ?


— Mmh, oui, je réponds en m’affairant à la cuisine.


— Alors pourquoi tu as l’air si triste ?


Elle pose son portable sur la table et je ne peux empêcher mes yeux de se promener sur l’écran. Elle est encore en train de traîner sur Tinder. Irrécupérable. Je hausse les épaules pour toute réponse avant de m’installer à côté d’elle avec un bol de céréales.


— Ton charmant voisin finira par te pardonner, j’en suis sûre. Ça se voit qu’il en pince pour toi, comme le nez au milieu de la figure.


— Si tu le dis…


— Je le dis. Et tu sais que la plupart du temps, j’ai raison, ajoute-t-elle en bombant la poitrine, ce qui m’arrache un petit rire.


— J’espère que tu auras raison cette fois aussi. Parce que… je l’aime vraiment beaucoup, El.


Elle pose sa main sur la mienne un instant. La chaleur de son contact apaise un peu mon angoisse.


— Bon, et toi alors ? Encore à traîner sur Tinder ? C’est pas sur ce genre d’appli louche que tu vas trouver ton prince charmant.


Elle tourne des yeux ronds vers moi.


— Qui parle de prince charmant ? ricane-t-elle. Tout ce que je cherche, c’est un peu de drague !


— Je ne comprendrais jamais pourquoi tu fais ça…


— Et moi je ne comprends pas comment tu peux croire au prince charmant ! Enfin, quoi que… Peut-être que Swann me fera changer d’avis, ricane-t-elle, un sourire carnassier aux lèvres.

— Même pas en rêve tu t’approches de mon charmant voisin, la menacé-je à l’aide de ma cuillère dégoulinante de lait.


— Ça va pas la tête ? Jamais je ne ferai un truc pareil, quand même ! Ce que je voulais dire par là, c’est qu’il a une plastique de rêve et que s’il est aussi charmant à l’intérieur qu’à l’extérieur eh bah… Tu auras tiré le gros lot ! Et puis, de toute manière, l’amour ce n’est pas pour moi, conclut-elle d’un ton sans appel.


Je la dévisage un instant. Est-ce que je dois insister ou juste laisser tomber ?


— Et pourquoi pas ? décidé-je de tenter. Tu… tu le mérites, El.


— Tu sais pourquoi.


Ok, c’était une mauvaise idée. Je décide de revenir un peu en arrière, histoire de ne pas casser l’ambiance.


— Bon alors, comment il s’appelle ? demandé-je en pointant la conversation affichée sur son téléphone.


— Euh…


— Tu n’en sais rien, c’est ça ?


— Oh, tu sais… L’important, c’est ses abdos. Et son cul.


— Mon dieu, tu es atroce.


— Bah quoi ? Au moins, je suis honnête.


— Ça veut dire quoi ça ?


Élie lève un sourcil.


— Tu es toujours là à parler de sentiments, alors que je suis sûre que tu rêves de voir ce qui se cache sous les vêtements gothiques de ton charmant voisin, chuchote-t-elle.


— Il n’est pas gothique !


— Avoue-le ! crie-t-elle en me bousculant.


Je la bouscule en retour.


— Avoue que tu veux voir sa bi…


Ma mère se matérialise dans le salon.


— Je rêve ou ça parle de pénis de bon matin ?


Mes oreilles deviennent encore plus rouges que rouges. Entendre le mot « pénis » sortir de la bouche de ma mère, c’est quelque chose. Élie part dans un fou rire mi-gêné mi-choqué. Le problème avec les fous rires, c’est qu’ils sont bien souvent communicatifs. Ma mère se met à rire à son tour, et je ne tarde pas à ajouter mon rire de souris/cochon aux leurs. Elle se fait couler un grand café avant de s’installer à table avec nous.


— Est-ce que vous allez me mettre dans la confidence ?


— Euh… certainement pas…


— Bien sûr que si ! Je disais à Alix que je draguais, glousse ma meilleure amie.


Elle pointe l’écran de son téléphone en direction de ma mère assise face à elle.


— Oh wouah, comment s’appelle ce bel Apollon ?


— Maman !


— Quoi ? Quoi ? Il est charmant !


— Je ne sais pas comment il s’appelle. Je disais justement à Alix que c’était pas le plus important. Le plus important, c’est… ça, ajoute-t-elle en nous montrant une photo du garçon en question, qui portait pour seul vêtement des chaussettes, une main cachant son intimité.


— Oh merde alors, siffle ma mère. Un peu jeune pour moi quand même, Élie !


— Oh mon dieu, je n’étais pas prêt pour ça…


Élie repart dans un nouveau fou rire.


— Oh arrête, ne fais pas genre parce que ta mère est là !


— Va te faire voir !


— Langage, Alix !


Ma mère m’envoie un coup de pied sous la table, trop loin pour pouvoir me donner sa fameuse tape derrière la tête.


— Pardon maman. Mais c’était mérité, tu ne trouves pas ?


— Ta mère me défendra toujours, quoi que je fasse. Tu devrais le savoir depuis le temps. Hein, Joce ?


Ma mère confirme, amusée de nous voir nous chamailler son amour une fois de plus.


— Bon, qu’est-ce que vous allez faire de beau aujourd’hui, les enfants ? demande-t-elle, déviant la conversation à mon plus grand soulagement.


Élie tourne sa bouille diabolique vers moi.


— Aucune idée. Je ne connais absolument rien ici.


— Bon bah raison de plus pour bouger alors !


— J’ai un plâtre, je te rappelle, grommelé-je.


— Et quoi ? Ça t’empêche pas de marcher, à ce que je sache !


— Mais… c’est fatigant !


— Oh, merde, hein. On a qu’à aller faire un tour du quartier, au moins. Tu pourras me montrer ton lycée.


— Maman, aide-moi, pleurniché-je.


— Écoute Élie. Ça te fera du bien de sortir un peu, mon chéri.


Ma meilleure amie me tire la langue, victorieuse. Je déteste quand elles se liguent contre moi comme ça. Ma mère se lève, balance sa tasse dans l’évier au lieu de la mettre dans le lave-vaisselle comme à son énervante habitude, et s’éclipse dans sa chambre.


— Allez, va te laver crado, m’apostrophe Élie. Tu schlingues.


— Pourquoi tout le monde me dit toujours que je pue ?


— Bah… parce que ça doit être vrai, glousse-t-elle tandis qu’elle met la tasse de ma mère dans le lave-vaisselle où est sa place.


— Ouais bah… c’est vexant.


— Il n’y a que la vérité qui blesse, comme on dit ! Allez, file ! crie-t-elle en me mettant une tape au cul comme si j’avais cinq ans.


— Je t’interdis de mettre le bordel dans ma chambre, la menacé-je en agrippant la rampe d’escaliers pour grimper les marches.


— Évidemment.


— Promets-le.


— Cela va sans dire.


— Tu mens. Tu vas vider tout le contenu de ta valise sur mon lit. Je te connais, El.


Elle me pousse gentiment en avant.


— Avance, espèce d’escargot. Tu sais à quel point je suis longue à me préparer.


— On va juste faire un tour du quartier hein.


— D’accord, mais… et si je rencontrais mon prince charmant ? On ne sait jamais !


Elle me gratifie d’un clin d’œil. Je laisse échapper un long soupir exaspéré avant de lever les yeux au ciel. Cette fille est irrécupérable. Irrécupérable !

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3 commentaires

Lyaure

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Il y a 2 ans

Bon, je n'ai pas lu ici puis que j'ai l'immense honneur d'avoir ton manuscrit entre mes mains, mais j'ai liké quand même. :P Du coup, si j'ai bien vu (car j'ai zyeuté vite fait quand même en likant) : tu postes la nouvelle version ? Héhéhé J'attaque ce soir en tout cas. Bravo !!!! \o/

Mauranne BP

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Il y a 2 ans

Ouais, je poste la nouvelle version du coup y a un bon décalage entre l'avant et l'après mais tant pis xD Et en même temps j'hésite à continuer de poster... je sais pas xD

Lyaure

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Il y a 2 ans

Je te réponds sur le MP. ^^
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