Mauranne BP On both sides Chapitre 39 (2/2)

Chapitre 39 (2/2)

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Des grattements contre le bois de ma porte me sortent de mon sommeil. J’appuie sur la touche espace de mon clavier. Plus de batterie. Ma mère doit se sentir extrêmement coupable pour ne pas oser entrer dans ma chambre. C’est un événement à inscrire dans les annales. Je planque mon ordinateur sous ma couette.


— Entre, grommelé-je.


Ma mère pousse la porte avec son épaule. Elle tient le plateau-repas du pardon entre ses mains. Il n'y a que des sucreries. Elle connait mes faiblesses.


— Il va bientôt être treize heures, mon chéri… Tu as bien rendez-vous à quatorze heures trente ?

Je me redresse et cale mon dos contre la tête de lit avant de hocher la tête. Elle pose le plateau devant moi avec un sourire coupable.


— Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée pour hier, mon cœur. Je n’ai pas réfléchi.


Je laisse échapper un long soupir.


— Je te pardonne…


Je n’ai pas la force de me battre. Je suis épuisé, autant moralement que physiquement. Ma mère étire un sourire plus lumineux, cette fois. Je déteste être en colère contre elle. Elle est ma personne préférée sur cette planète. J’enfourne un cookie au chocolat fait maison avant d’écarquiller les yeux.


— Tu as dit qu’il était quelle heure ? articulé-je, la bouche pleine.


Ma mère regarde sa montre.


— Il est midi cinquante-six exactement.


— Tu… tu veux bien m’attraper des vêtements pendant que je me gave ?


Elle me fait un clin d’œil complice avant de fouiller dans ma penderie. Elle dépose une pile de vêtements sur le bord du lit et j’engloutis un dernier cookie avant de me lever.


— Merci pour ce petit-dej de roi, lui souris-je. Et merci de t’être souvenue de mon rendez-vous.


J’attrape mes béquilles sur le sol.


— C’est normal. Allez va te laver, tu pues, ricane-t-elle avant de sortir de ma chambre pour déposer mes vêtements au bord de l’évier. Je t’attends en bas, chéri.


— Je vais finir par me vexer, hein…


Je me déshabille à toute vitesse. Lavage au gant oblige, je suis forcé de faire face à mon reflet dans le miroir. Ce que je déteste ce corps immonde.


J’ai les pieds plein de sable de la veille. Mon plâtre en est incrusté. J’observe le blanc du plâtre, qui a commencé à jaunir. Je frotte nerveusement mes orteils. Les ados normaux ont toujours des amis pour écrire sur leurs plâtres. Alors pourquoi pas moi ?


Je secoue la tête. Ce n’est pas le moment de me laisser submerger par mes pensées négatives. J’enfile mes couches de vêtements, récupère mes béquilles et descends les marches lentement pour ne pas aggraver ma blessure. Je ne veux pas être en retard.

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