Fyctia
Chapitre 38 (2/2)
— Pourquoi ?
— Parce que ça lui a permis de revenir vers toi.
Elle me sourit, sincère.
— Ouais… personnellement, je trouve ça plutôt injuste. Toi, tu es toujours toute seule et en plus tu dois t’occuper de ton adolescent complètement à côté de ses pompes. La vie est injuste.
Ma mère s’arrête et se tourne vers moi. Elle bloque mon visage entre ses paumes froides.
— Je ne changerais de vie pour rien au monde. Tu es la plus belle chose qui me soit arrivé, Alix. Alors arrête de penser que tu es un poids pour moi, d’accord ? Ça me brise le cœur que tu te voies comme ça.
Je me racle la gorge pour ne pas pleurer. Je hoche la tête pour toute réponse et reprends ma marche de canard boiteux.
— Je pense que tu as peut-être compris même si ton père ne l’a pas dit clairement… Tamara habite dans le coin. Et… il vient d’emménager avec elle.
Je m’arrête net.
— Quoi ?
— C’est une bonne chose, non ? Comme ça, vous allez pouvoir renouer des liens…
— Mais… mais…
— Tamara a une petite fille de quatre ans, d’un premier mariage…
— Quoi ? répété-je.
— Je me suis dit que ça pourrait être bien pour toi, vu que tu as toujours grandi tout seul…
— Quoi ? finis-je par crier, au bord des larmes.
— Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ?
Je n’en reviens pas. Mon père nous a abandonnés, ma mère et moi. Et là, je dois juste accepter qu’il refasse sa vie avec une femme que je ne connais pas ? Qui a une petite fille en plus ? C’est du grand n’importe quoi. Du grand n’importe quoi ! Et voilà que je suis coincé ici, avec lui. Je ne peux même pas m’isoler. Je n’arrive plus à respirer. Je pose la main sur ma poitrine.
— Alix ? Je suis désolée, je n’aurais peut-être pas dû te l’annoncer comme ça… je n’ai pas réfléchi… respire mon cœur. Respire.
Mon père s’approche de nous. Je ne veux pas le voir. Je veux qu’il s’en aille. C’est un hypocrite. Un putain d’hypocrite. Comment est-ce que ma mère peut accepter ça ? Comment ?
— Respire, Alix, répète-t-elle plus sèchement. Inspire profondément…
Mais je ne l’écoute pas. Je suis trop en colère pour faire ce qu’elle attend de moi. Je préfère suffoquer que d’écouter cette traitresse. Je me sens trahi, c’est ça. Elle a dit ça tellement calmement. Comme si c’était tout à fait normal. Mais il nous a abandonnés ! Il n’a pas le droit de refaire sa vie avec un autre enfant que moi. Il m’a remplacé.
Je me laisse tomber sur le sable, la main agrippée à mon sweat. Un râle rauque s’échappe de mes lèvres.
— Alix, s’il te plait. Inspire.
Non.
— Alix, mon chéri, inspire. Pour l’amour du ciel !
Ma mère me secoue même si elle sait d’expérience que ça ne sert à rien, bien au contraire. Mais elle est terrifiée. Et moi aussi.
— Olivier ! Appelle une ambulance !
4 commentaires
Laurie Lecler
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Il y a 2 ans
Mauranne BP
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Il y a 2 ans