Fyctia
Chapitre 36 (3/3)
— Des nouvelles de Swann ? C’est quoi toutes ces coupures de journaux ? demande-t-elle en pointant du doigt la fenêtre de mon voisin.
Mon cœur se recroqueville dans ma poitrine.
— Je… euh… je l’ai perdu, maman.
— Quoi ? Comment ça ? Il n’a pas accepté, c’est ça ?
La colère dans sa voix m’arrache un frisson.
— Si, il a accepté.
— Alors, c’est quoi le problème ? demande-t-elle sèchement.
— Euh…
J’ai envie de tout lui expliquer, pour qu’elle puisse me conseiller. Et en même temps, j’ai tellement peur de sa réaction quand elle apprendrait que j’écris. Elle sait à quel point j’aime la littérature, mais elle ignore tout de cette facette de moi. Peut-être que je pouvais juste lui parler de mon compte Instagram ? De toute manière, elle connait son existence, maintenant. Mais… Et si elle le fouille ? Elle va tomber sur mes posts qui concernent Wattpad.
Rien ne se passe comme prévu. Rien du tout. J’ai du mal à respirer.
— J’ai… j’ai menti sur quelque chose d’autre, et…
— Alix ? Tu as du mal à respirer ?
— Et il ne voudra… jamais me… pardo…
Mon buste se soulève de manière saccadée. L’air ne veut plus circuler. Je suis tellement fatigué de toutes ces crises d’angoisse qui me gâchent la vie. Ma mère pose ses mains sur mes épaules.
— Inspire profondément.
J’essaie d’inspirer profondément.
— Encore.
Encore une fois.
— Expire.
Je ferme les yeux et expire.
— Inspire. Oui, comme ça, c’est bien mon cœur. Expire…
Je réitère l’opération jusqu’à ce que l’air circule à nouveau normalement et rouvre les yeux.
— Je suis sûre qu’il te pardonnera, me rassure-t-elle. On ne peut pas ne pas te pardonner. Moi, je te pardonne toujours tout !
— C’est normal, tu es ma mère. Ton jugement est faussé.
— Mmh… Swann t’aime, ça crève les yeux. Il finira par te pardonner. Mais, de ton côté, il faut que tu fasses tout ce qui est en ton pouvoir pour t’excuser. Les choses ne vont pas se faire toutes seules, ce serait trop facile ! Et puis, ce serait vraiment du gâchis de laisser ce beau gosse te filer entre les doigts !
Elle me bouscule d’un coup d’épaule. Je lui souris, d’un sourire forcé, celui qui se fait sans les yeux. Elle le remarque immédiatement et fronce les sourcils.
— On dirait le joker.
Je lui tire la langue et elle me tape doucement l’arrière de la tête. Puis elle se redresse.
— Ton père voudrait nous inviter au restaurant ce midi. Tu acceptes ?
Je broie Patrick entre mes doigts et acquiesce en me giflant mentalement. Je suis faible.
— File te laver dans ce cas, ordonne-telle avant de disparaître dans le couloir.
4 commentaires