Fyctia
Chapitre 32 (1/2)
C’était décidé. J’allais lui dire. J’avais tout prévu. D’abord, on allait faire notre réinterprétation de Boy next door devant toute la classe, et ensuite je l’inviterais à la maison et je lui expliquerais tout. Je ne m’étais pas senti aussi stressé depuis des lustres. Mais je ne devais pas céder à mes angoisses. Je devais aller au bout des choses. Je lui devais bien ça, lui qui était si patient avec moi. Je ne voulais plus lui mentir. Il m’aimait, il m’accepterait.
Ma mère avait échangé sa garde avec l’une des ses collègues pour pouvoir me déposer au lycée en voiture. Et surtout, pour pouvoir être là pour moi. Je lui avais expliqué que cette journée était importante pour moi, parce que j’allais tout avouer à Swann. Elle m’avait encouragé, félicité, pris dans ses bras et m’avait répété un millier de fois à quel point elle était fière de moi.
Le caoutchouc de mes béquilles s’écrasait contre le bitume de la cour, en rythme. Impossible de passer inaperçu avec ce boucan. Je vissai ma capuche sur ma tête et priai pour ne pas tomber.
— Alix !
La voix de Swann me sortit du méandre de mes pensées. Je me tournai vers lui. Il avait les bras chargés de fournitures pour notre projet. Comme mes bras étaient pris par ces fichues béquilles, il n’avait pas eu d’autre choix que de faire la mule pour nous deux. On s’engouffrait dans le hall bondé d’élèves. Ça ne faisait qu’un peu plus d’une semaine que j’étais à la maison, mais j’avais l’impression de revivre mon premier jour. Sauf que Swann était à mes côtés, cette fois. Notre professeure de littérature, madame Singh, qui était aussi notre professeure principale, avait négocié avec ses collègues pour que cette dernière journée avant les vacances soit exclusivement consacrée à notre projet. Elle avait même demandé à privatiser la bibliothèque pour notre décor. Swann passa devant moi et poussa la porte des toilettes.
— Après toi, Gabriel, souffla-t-il.
— Quelle galanterie, mon cher Maël, gloussai-je avant de pénétrer dans la petite pièce.
Mon charmant voisin se déchargea de ses sacs et de mes fenêtres en carton sur le sol et s’avança vers moi.
— Est-ce que Gabriel accepterait un baiser prématuré de Maël ? susurra-t-il.
— Mmh… c’est d’accord, ris-je.
Ses bras emprisonnèrent ma taille. Il se baissa légèrement avant de déposer un baiser sur mon front.
— C’est un baiser bien chaste, mon cher Maël, soufflai-je, les joues rouges.
— Ce n’était que l’entrée, Gaby, souffla-t-il avant de m’embrasser.
Mon ventre se contracta. J’avais envie de le toucher, mais mes béquilles m’en empêchaient. J’étouffai un gémissement de frustration quand Swann se détacha de moi. Il passa sa main dans sa nuque rasée.
— Il faut qu’on se dépêche sinon on va se mettre en retard, annonça-t-il à contrecœur.
— Tu as raison, soupirai-je, au supplice.
Il fouilla dans l’un de ses sacs et en sortit deux perruques. Il me tendit celle de Gabriel. Je calai mes béquilles en équilibre contre l’évier et entrepris d’attacher mes cheveux pour pouvoir enfiler la perruque. Elle me faisait une drôle de tête. Swann enfila la sienne avant de se faire une queue de cheval. Maël avait de longs cheveux châtains, toujours coiffés d’une queue de cheval. Gabriel, quand à lui, avait les cheveux beaucoup plus courts, et bruns. Et ça ne m’allait pas du tout. Je grimaçai en croisant le regard de Swann dans le miroir.
— Tu es beaucoup plus beau avec tes belles boucles blondes, se moqua-t-il.
— Merci, grommelai-je. Toi, par contre, tu es toujours aussi charmant, soufflai-je.
Il esquissa un sourire gêné. Puis il se pencha pour attraper des vêtements dans son deuxième sac.
— À poil, rit-il avant de retirer son pull.
Le tee-shirt qu’il portait en dessous se souleva, découvrant son nombril et le début de ses abdos. Je déglutis, aux abois. Il enfila un sweat rose clair simple, où était écrit en lettres bleues Boy next door. Puis, il se colla à moi et dézippa la fermeture éclair de mon sweat. Son souffle chaud chatouilla mes narines. Je levai les bras et il fit glisser l’autre sweat sur mon corps tremblant. Le mien était bleu clair avec écrit en lettre roses « Gabriel + Maël ».
— Je les adore, soufflai-je. Ils ont dû te coûter un bras, couinai-je.
Swann haussa les épaules et déposa un baiser sur mon front.
— Prêt ? me demanda-t-il, le sourire aux lèvres.
— Absolument pas, couinai-je.
— Tout va bien se passer, me rassura-t-il. Je suis là.
Il bazarda nos vêtements dans un de ses sacs puis récupéra toutes ses affaires sur le sol.
J’empoignai mes béquilles en soupirant.
— Tu veux que je prenne quelque chose ? demandai-je.
— Non, je gère, me sourit-il.
***
J’étais soulagé de voir qu’on n’était pas les seuls à être allés jusqu’à mettre des perruques. Certains avaient même des costumes entiers. Dans mon ancien lycée, pratiquement personne n’aurait joué le jeu. Ils n’auraient sûrement même pas assisté à ce projet, ou alors juste pour pouvoir se moquer de ceux qui performaient. La professeure me gratifia d’un grand sourire lorsqu’elle me vit.
— Alors, Alix, s’écria-t-elle en s’avançant vers nous. Je suis heureuse que tu te sois déplacé pour cette journée. On aurait pu reporter pour vous deux, tu sais.
— Euh… merci c’est très gentil, balbutiai-je. Mais… je voulais aussi assister aux autres représentations…
— Et c’est tout à ton honneur ! s’exclama-t-elle.
Elle posa sa main sur mon épaule un instant avant de repartir vers le milieu de la bibliothèque.
— Bon ! cria-t-elle à notre attention à tous. Et si on démarrait ? Je vais faire l’appel pour voir si tout le monde est là, alors écoutez-moi pendant cinq minutes, s’il vous plait !
Les éclats de voix se transformèrent en murmures étouffés pendant qu’elle faisait l’appel.
— Bon, est-ce que certains d’entre vous veulent passer en premier ? Ou est-ce que c’est moi qui décide ?
— Euh… intervint une fille habillée en tenue de bonne. Nous on veut bien commencer, dit-elle en englobant d’un signe de bras ses camarades de projet.
— Alors, je vous laisse la scène, les jeunes ! s’exclama la professeure, toute excitée.
*****
Tracy quand tu passeras par là : je suis en train de relire tous les chapitres et d'enlever pleiiiin d'indications narratives inutiles ne t'en fais pas xD J'avoue que j'ai longtemps été habituée à ce qu'il y en ait à chaque phrase de dialogue mais j'ai l'impression que ça ne se fait plus trop ou beaucoup moins en tout cas ! Alors je fais un sacré tri ! Et même si je ne prends pas le temps de répondre à tes commentaires je les lis tous et je corrige au fur et à mesure dans mon manuscrit alors merci beaucoup du temps que tu prends !!
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