Fyctia
Chapitre 30 (2/2)
(Bon évidemment, le chapitre précédent c'est le 30 (1/2) pas le 46... boulette xD)
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Je me sentais comme un lion en cage. Plus les heures passaient, et plus la boule dans ma gorge m’empêchait de respirer correctement. Swann ne devait plus tarder. Dix-sept heures. Dix-sept heures dix. Dix-sept heures vingt. Je me précipitai dehors en me débattant avec mes béquilles, incapable d’attendre plus longtemps. La neige avait fondu, et ma chaussette s’imbiba d’eau. J’allais me faire gronder, c’était sûr. Je me surpris à sourire à cette pensée. J’avais hâte qu’il m’engueule.
Je descendis les marches du perron, le cœur battant. Au bout de plusieurs minutes, Swann apparut au bout de la rue. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Le vent s’engouffrait dans ses longs cheveux détachés. Il avait les mains enfoncées dans les poches de son pantalon trop large. Son bonnet était vissé sur son crâne. Il était tellement beau, tellement attirant. Sa démarche nonchalante m’électrisait. Je trépignais d’impatience. Il marchait beaucoup trop lentement.
Il finit par lever la tête et je lui fis un signe de la main. Il était encore trop loin pour que je vois nettement les traits de son visage mais il ne me fit pas signe en retour, ce qui me conforta dans mon idée qu’il savait pour moi.
— Salut, souffla-t-il une fois arrivé à ma hauteur.
— Salut, lui souris-je, le cœur au bord des lèvres.
Je me mis sur la pointe de mon pied valide en prenant appui sur mes béquilles pour l’embrasser mais il recula.
— Pas dans la rue, se justifia-t-il anxieux. Je n’ai pas envie que mon père nous voit.
Mon cœur se ratatina dans ma poitrine. Je me sentais humilié, rejeté. Il grimpa les marches du perron et attrapa la poignée de ma porte d’entrée.
— Tu viens ? me pressa-t-il.
Je lui emboitai le pas, morose. Il referma la porte derrière nous et retira ses New Rock dans l’entrée avant de baisser les yeux sur ma chaussette trempée.
— Alix, souffla-t-il entre ses lèvres pincées. Où est ta chaussure ?
J’avais l’impression de me faire engueuler par ma mère. C’était moins plaisant que dans mon imaginaire. Peut-être aussi parce qu’il ne m’avait pas accueilli comme je m’y étais attendu. Je me dandinai, anxieux.
— Dé… désolé, balbutiai-je. C’est juste que j’étais tellement impatient de te voir…
Son visage s’éclaira. La boule dans ma gorge diminua légèrement. Swann s’avança jusqu’à moi et me souleva. Puis il m’entraîna jusqu’à ma chambre en bordel, avant de me déposer sur mon lit aux draps défaits.
— Qu’est-ce que… me défendis-je.
Mais c’était déjà trop tard. Il tira sur ma chaussette et commença à fouiller dans ma penderie à la recherche d’une paire sèche.
— Non, c’est pas… Swann !
Il ne m’écoutait pas et continuait à fouiller.
— Elles sont dans le deuxième tiroir de ma commode, grommelai-je.
Ses épaules s’affaissèrent légèrement. Il s’avança vers ma commode, sourcils froncés. Puis il en sortit une paire toute douce avec un motif panda.
— Adorable, souffla-t-il.
Je le laissai me mettre ma chaussette, interdit. Il prit soin de mettre les petites oreilles qui dépassaient de la chaussette sur le devant, les sourcils froncés et les lèvres pincées. Il était tellement sexy quand il était concentré comme ça. Sexy ? Oui, sexy. Il était sexy. Mon cœur s’emballa quand il releva la tête pour plonger ses yeux bleus dans le vert des miens.
— Tu veux tomber malade ?
— Si ça implique que tu t’occupes de moi comme ça, alors oui, admis-je.
— Tu es irrécupérable, soupira-t-il.
Il se mordilla la lèvre inférieure. Il ne m’en fallut pas plus pour lui sauter dessus. Swann perdit l’équilibre et s’agrippa tant bien que mal au bord du lit en riant.
— Tu es bien entreprenant aujourd’hui, souffla-t-il entre deux baisers.
— Tu m’as manqué.
Son bras enlaça ma taille. Je fis volte face et le poussai gentiment sur la montagne de draps défaits. Il me dévisagea, surpris, mais se laissa faire. Mes mains tremblantes glissèrent sous son pull Deathnote et toutes mes peurs s’envolèrent. Son cœur battait si vite, sa peau était bouillante. Il retint son souffle un instant, puis m’embrassa avec plus de ferveur. Sa langue chatouilla ma lèvre inférieure, m’arrachant un gémissement.
— Tu me rends dingue, articula-t-il, le souffle court.
— Je… je crois que je t’aime, me surpris-je à dire tout haut.
Je me détachai de lui et baissai la tête, honteux. Sa main saisit mon menton.
— Regarde-moi.
Je secouai vivement la tête et fermai les yeux pour ne pas avoir à affronter son regard.
— Alix…
— Q…quoi ? balbutiai-je.
— Regarde-moi, s’il te plait.
J’ouvris les yeux à contrecœur. Ses joues étaient rouges et son front perlé de sueur.
— Je t’aime, m’avoua-t-il, les lèvres tremblantes. Je t’ai aimé à l’instant où je t’ai vu pour la première fois.
Mon cœur manqua un battement. Quoi ? C’était impossible. Il ne pouvait pas m’aimer. Personne ne pouvait m’aimer. À part ma mère et Élie, pour une raison obscure. Même mon propre père avait arrêté de m’aimer. Alors comment un total inconnu le pouvait ? J’avais envie d’y croire. J’en mourrais d’envie. Mais la petite voix dans ma tête m’en empêchait.
— Je t’aime, répéta-t-il. Je t’aime, Alix.
Je secouai la tête, au bord des larmes.
— Ne… dis pas… n’importe quoi, articulai-je.
— Je. T’aime. Je suis fou de toi. Ne me repousse pas, s’il te plait.
Mais je le repoussai quand même. Parce que j’étais terrifié à l’idée que ça puisse être vrai. Et encore davantage à l’idée que ça puisse être un mensonge de plus.
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