Fyctia
Chapitre 24 (2/2)
***
— Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire, pour que tu ne retombes pas dans les escaliers, cette fois ? râla ma mère, des cernes immenses sous les yeux. Oh, je sais ! Je vais faire installer ces fauteuils pour personnes âgées.
— Maman ! m’écriai-je.
— Quoi ? Quoi ? Bon, attends-moi ici. Je vais aller nous chercher des pains au chocolat. Je meurs de faim. Tu vas finir par me tuer, tu en as conscience ? rit-elle.
Je savais qu’elle disait ça pour rire, pour détendre l’atmosphère mais c’était l’une de mes plus grandes peurs. Qu’elle meure.
— C’est pas drôle, grommelai-je. Pas drôle du tout.
Je croisai les bras sur mon torse. Ma mère gara la voiture devant la boulangerie. On avait passé la nuit aux urgences. Presque vingt-quatre heures en deux jours, ça faisait beaucoup d’heures à attendre. En plus, mon portable était resté sur le carrelage du salon, donc je n’avais rien pour m’occuper. J’étais lessivé. J’avais dû dormir cinq heures en tout et pour tout en deux jours.
— Et voilà ! De quoi recharger les batteries !
Ma mère balança le sachet de viennoiseries sur mes genoux.
Une fois arrivés, elle m’aida à marcher parce qu’évidemment, on avait aussi oublié les béquilles à la maison. Je me laissai tomber sur le canapé, à bout de force.
— Petit-dej devant la télé ? proposa ma mère. Ça fait une éternité qu’on n’a pas fait ça, s’écria-t-elle.
Je tentai de me remémorer la dernière fois, et en effet, j’en étais incapable.
— D’accord, répondis-je, le sourire aux lèvres.
— Je te laisse choisir, dit-elle en disparaissant dans la cuisine.
Je me levai pour récupérer la télécommande sur la table basse. J’en profitai pour ramasser mon portable. Je ne savais pas quoi choisir entre un documentaire animalier ou un dessin animé. Je fis défiler Disney+ et fermai les yeux. Puis je comptai jusqu’à cinq et lâchai la touche. Sans limites, avec Chris Hemsworth. Ok. Ma mère allait pouvoir se rincer l’oeil à défaut de pouvoir dormir.
— Alors ? demanda-t-elle en se laissant tomber dans le canapé après avoir déposé un plateau repas sur la table basse.
Elle ramena la table vers nous. Le grincement du bois sur le carrelage me fit grimacer. Il fallait vraiment qu’elle m’écoute et qu’elle mette des patins sous les meubles. Ça faisait des années que je me bataillais avec elle là dessus, mais elle ne voulait rien entendre. Moi, ça me rendait dingue toutes ces nuisances sonores.
— Oh ! s’exclama-t-elle. C’est le beau gosse de Thor ! Très bon choix, mon fils.
Je levai les yeux au ciel. Ma mère me tendit un grand verre de jus d’orange et un pain au chocolat.
— Ne mets pas des miettes partout, m’engueula-t-elle alors que je n’avais même pas encore croqué dedans.
— Chef, oui, chef, répondis-je en feignant un garde-à-vous.
Elle me frappa gentiment derrière la tête. C’était son truc. Depuis toujours.
— Mange et arrête de faire l’andouille, soupira-t-elle.
Je me contorsionnai pour placer ma cheville sur le bord de la table basse. Aux oubliettes, la chevillère. Bonjour le plâtre. Je soupirai.
— Maman ?
— Mhh ?
— Pourquoi est-ce que le sort s’acharne sur moi ? articulai-je entre deux bouchées.
Elle me dévisagea longuement.
— Si seulement j’avais la réponse, soupira-t-elle avant de poser sa tête sur mon épaule. Si seulement j’avais la réponse…
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Lyaure
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Il y a 2 ans
Mauranne BP
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Il y a 2 ans
Lyaure
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Il y a 2 ans