Mauranne BP On both sides Chapitre 22

Chapitre 22

Le tintement métallique de la clé contre la porte d’entrée nous fit sursauter. Je me détachai de Swann trop précipitamment et me pris les pieds dans le plaid avant de m’écrouler par terre. Ma cheville cogna sur le carrelage, m’arrachant un cri de douleur.


— Mon chéri, je suis rentrée ! cria ma mère du hall d’entrée.


— Merde, chuchota Swann en me tendant la main. Ça va ? Euh… je fais quoi ? Est-ce que je dois…


— Swann ? Tes chaussures sont dans l’entrée, cria ma mère. Sortez de votre cachette, les garçons !

— Merde, merde, merde, soufflai-je. Je… je ressemble à quoi ? suppliai-je mon charmant voisin.


Il passa sa main dans mes cheveux pour tenter de les recoiffer, les lèvres pincées. Puis il soupira et tira sur ma capuche pour la mettre sur ma tête. J’étouffai un rire et entrepris de le recoiffer, lui aussi. Il n’avait pas de capuche pour cacher la misère, lui. Je le poussai pour m’assoir à côté de lui, droit comme un piquet. Swann attrapa sa pile de cours qui gisait par terre et ouvrit son cahier de littérature tout en essayant de reprendre son souffle.


— On est là ! criai-je à l’attention de ma mère, après avoir pris soin de plaquer mes mains sur les oreilles de mon charmant voisin.


Cette dernière se matérialisa dans le salon l’air suspicieux.


— Vous allez bien, madame Clément ? articula Swann, les mains moites.


Je lui donnai un coup de coude dans les côtes et ouvris de grands yeux.


— Oh mon dieu ! s’écria ma mère. Ne m’appelle pas comme ça, ou je te chasse à coups de pieds.

— Euh… Qu’est-ce que j’ai dit ? murmura-t-il à mon attention.


— Tu l’as appelée par le nom de mon père, chuchotai-je en me penchant vers lui.


— Merde, désolé, souffla-t-il.


— Appelle-moi Jocelyne par pitié, soupira-t-elle avant de se laisser tomber sur une des chaises de la table à manger.


— Euh… d’accord. Désolé, madame… euh, Jocelyne, balbutia mon charmant voisin. Je vais… je vais rentrer chez moi, couina-t-il.


Ma mère regarda sa montre.


— C’est vrai qu’il se fait un peu tard, dit-elle. Je ne voudrais pas que tu te fasses enguirlander par ton paternel. Je suis désolée de dire les choses comme ça, poursuivit-elle les sourcils froncés, mais ton père est un con.


— Maman ! m’écriai-je. Tu ne peux pas dire ça !


Swann se raidit.


— Quoi ! cria-t-elle. J’expose juste les faits, dit-elle en haussant les épaules. Il m’a claqué la porte au visage sans un merci, bougonna-t-elle.


— Même ! criai-je plus fort. Tu n’as aucune idée de qui il est ! Tu ne peux pas parler comme ça, m’indignai-je.


Elle croisa les jambes et plaqua ses bras contre son ventre.

— Bon. D’accord, je suis désolée, Swann. Je n’aurais pas dû parler comme ça de ton père que je ne connais pas.


Mon charmant voisin secoua la tête.


— C’est rien, dit-il. Je vais y aller…


— Attends, le suppliai-je. Je suis désolé…


— Tout va bien, t’inquiète, dit-il en me gratifiant d’un demi sourire. On se voit demain.


— Mais…


J’attrapai mes béquilles pour le suivre dans le couloir. Ma mère se mordit la lèvre. Swann enfila ses New Rock sans rien dire et attrapa la poignée de la porte d’entrée.


— Attends, soufflai-je. Je…


— Je passerai te voir après les cours, dit-il d’une voix lointaine.


Il se tourna vers moi et m’embrassa sur le front.


— Tu es fâché ? demandai-je en agrippant son pull tout doux.


— Non.


— Alors, pourquoi tu es bizarre ? couinai-je.


— Je… j’ai besoin d’être seul, souffla-t-il. On se voit demain, d’accord ?


— D’accord, abdiquai-je, la boule au ventre. Je… tu vas me manquer…


— Toi aussi, tu vas me manquer.


Il m’embrassa les cheveux avant de disparaître dans le silence de la nuit.




— Maman ! criai-je en claquant la porte d’entrée du plus fort que je pouvais.


— Quoi ? Quoi ?


— Tu as merdé ! criai-je plus fort.


Je regagnai le salon en me bataillant avec mes béquilles. La sensation du caoutchouc qui s’écrasait contre le carrelage me donnait envie de les balancer à l’autre bout de la pièce. Ma mère était collée à la porte du réfrigérateur et engloutissait un yaourt, l’air coupable. Elle se cachait derrière ses longs cheveux châtains.


— Je sais, soupira-t-elle. Je suis vraiment désolée, mon chéri. Je ne voulais pas le blesser. Tu sais comment je suis…


Elle balança son pot de yaourt vide dans l’évier. Je la fusillai du regard.


— Je le jetterai à la poubelle plus tard, je suis claquée, se justifia-t-elle. Swann va passer demain ?


Je hochai la tête. Ma colère s’évanouit lorsqu’elle passa sa main sur ma joue.


— Je m’excuserai une nouvelle fois, alors, promit-elle. Je suis désolée, mon coeur.


Elle déposa un baiser plein d’amour sur mes bouclettes blondes.


— Est-ce que tu veux que je te descendes ta couette ? Ou tu préfères dormir dans ta chambre ?


— Dans ma chambre, criai-je presque.


— D’accord, souffla-t-elle en passant sa main sur ses traits tirés. Tu as besoin d’aide pour monter les escaliers ?


— Non, je vais me débrouiller, répondis-je en gonflant le torse.


— Comme tu veux, soupira-t-elle. Juste, s’il te plait, ne tombe pas, ricana-t-elle.


— Je ferai de mon mieux, répondis-je en lui tirant la langue.


Elle me frappa légèrement l’arrière de la tête et j’étouffai un petit cri de surprise.


— Eh ! grommelai-je.


— Au lit, garnement ! cria-t-elle alors qu’elle regagnait déjà sa chambre au rez-de-chaussée.


Je restai quelques minutes, planté au milieu de la cuisine, avant de trouver la force de me mettre en mouvement. J’attrapai le plaid du canapé qui trainait à moitié par terre pour le replier. Il avait déjà pris l’odeur de Swann. Je le portai à mon nez et me droguai, les yeux fermés. J’étais accro à sa lessive, accro à sa légère odeur de transpiration, accro à son parfum aux notes musquées. Accro à lui. Je repliai soigneusement le plaid et le reposai à sa place, sur le dossier du canapé. J’étais épuisé, et en même temps trop excité pour dormir. Il fallait que je parle à Élie. Elle allait être folle quand je lui aurais tout raconté.

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13 commentaires

Arca Lewis

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Il y a 2 ans

Je n'avais pas vu que j'avais tous ces chapitres de retard !!! Heureusement je viens de recevoir la notification pour les 2 derniers parus.

Mauranne BP

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Il y a 2 ans

Trop contente de te revoir ici 😍😍

Lyaure

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Il y a 2 ans

Je m'étais contenter de liker avant de revenir commenter un peu mais en fait c'est une mauvaise idée, je savais plus où je m'étais arrêtée sur Fyctia !! Ahah Ce chapitre est perturbant parce qu'il nous fait à la fois rire et grincer des dents avec les interventions de Jocelyne, trèèèès en forme. ^^

Ana_K_Anderson

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Il y a 2 ans

<3

Jo Mack

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Il y a 2 ans

Ccou, besoin d'une aide déblocage sur mon dernier chapitre 🙏. Si tu es déjà passé encore merci!😊
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