Fyctia
Chapitre 20
— Tu as entendu le médecin, insista ma mère. Tu te reposes et tu récupères. Il n’y a pas de « mais » qui tienne.
— Mais, maman, suppliai-je alors qu’elle me tendait mes béquilles.
Elle laissa échapper un long soupir.
— Maintenant, tu vas te mettre dans le canapé et tu ne bouges pas, dit-t-elle avant de rentrer dans la maison. Il faut vraiment que j’aille travailler. Il y a des restes dans le frigo, si tu as faim, ajouta-t-elle avant d’attraper sa tenue de travail sur l’étendoir. Et par pitié, tiens-toi tranquille. Je n’ai pas envie de te retrouver à moitié mort dans l’escalier parce que tu as voulu aller dans ta chambre et que tu es retombé, sur la tête cette fois, maugréa-t-elle.
Je me laissai tomber dans le canapé. Elle m’embrassa le front et claqua la porte d’entrée. Je me contorsionnai pour attraper mon téléphone. Il fallait que je garde au maximum la jambe en l’air pour réduire l’œdème. J’en avais déjà marre. Je détestais ne pas être libre de mes mouvements. Je venais de passer presque douze heures aux urgences, et je n’avais même pas le droit d’aller dans ma chambre ? J’avais envie de hurler et de pleurer. Et de voir Swann. Je mourrais d’envie de le voir. J’ouvris Instagram en soupirant et entrepris de faire défiler mon fil d’actualité. À force de passer autant d’heures à inspecter le compte de Griminal, mon fil était envahi de posts de lui.
@Griminal
Il y a 1 heure - 21 j’aime - 6 commentaires
Patrick
Après un baiser
Tu m’hypnotises
Tu habites toutes mes pensées
Mon coeur est sous ton emprise
Swann avait dessiné Patrick, suspendu la tête en bas sur l’étendoir. Je n’arrivais pas à m’arrêter de sourire. Je me mis à écrire dans la section commentaires : « Tu habites les miennes ». Mon cerveau mit quelques secondes à réaliser ce que je venais de faire. Merde, merde, merde. Je restai appuyé sur mon commentaire pour le supprimer. Sauf que l’écran devint noir. Le logo de la batterie apparut quelques secondes plus tard. J’étais fichu. Fichu. Je voulais mourir.
Je me redressai d’un bond et étouffai un cri quand ma cheville percuta le carrelage. Il fallait que je supprime ce commentaire. Tout de suite. La boule au ventre, je grimpai les escaliers tant bien que mal en me tenant à la rambarde. Ma mère allait me tuer. Au moins, ça m’éviterait de le faire moi-même. J’atteignis ma chambre au bout d’une éternité et enfonçai la porte. Mon ordinateur, il me fallait mon ordinateur. Je me jetai dessus et tapai mon mot de passe, les doigts tremblants.
Pourquoi est-ce que je me déconnectais toujours, purée ? Je tapai mon identifiant en priant pour que Swann ne soit pas sur son téléphone. Je supprimai mon commentaire et relâchai toute la pression qui s’était accumulée en moi ces dernières minutes.
@Griminal - 19h10
?
Disparaître. Je voulais disparaître.
@Griminal - 19h11
J’ai vu ton commentaire…
@Eryntrans - 19h12
Erreur de destinataire, désolé 😅
Il n’allait jamais gober ça. C’était la pire excuse du monde. Comment est-ce que ça pouvait être une erreur de destinataire, sur un post Instagram ? J’étais fichu. Je rampai jusqu’à la fenêtre, mais il n’y avait pas de lumière dans sa chambre. J’attendis, l’angoisse me dévorant de l’intérieur.
@Griminal - 19h40
Je suis désolé, Eryn. Je n’ai jamais voulu envoyer de mauvais signaux… Je tiens beaucoup à toi. Tu as fait énormément pour moi, pendant toutes ces années. Je ne pourrais jamais assez te remercier. Mais j’aime Alix. J’espère qu’on pourra rester amis. 🖤
C’était un vrai cauchemar. Je ne savais plus où me mettre. Je me laissai tomber sur le bord de mon lit, la gorge nouée. J’étais un boulet. Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours que je gâche tout ? Je me creusai la tête pour trouver la réponse adaptée. Je relus son MP encore et encore jusqu’à ce que mon cerveau assimile l’une des choses que Griminal avait avoué à Eryn. Il m’aimait. Swann m’aimait.
Je me remis debout et grimpai sur mon bureau malgré la douleur lancinante qui me grignotait la cheville. Swann était là, assis en tailleur sur le sien. Il gribouillait dans son carnet. Je tambourinai le double vitrage de ma fenêtre pour attirer son attention, le coeur au bord des lèvres. Mais c’était peine perdue, il ne pouvait pas m’entendre d’aussi loin. Je regardai autour de moi dans l’espoir de trouver quelque chose à lancer. Je me contorsionnai sur mon bureau pour attraper un stylo sur le sol. Patrick m’observait du coin de l’oeil.
— Quoi ? Aux grands maux, les grands moyens, grommelai-je.
J’ouvris ma fenêtre et jetai mon stylo de toutes mes forces. Ce dernier rebondit sur la fenêtre de Swann avant de s’écraser dans l’herbe. Mon charmant voisin leva le nez de son carnet. Son visage s’éclaira quand son regard croisa le mien. Il se pencha pour ouvrir sa fenêtre.
— Salut, étranger.
— Salut, répondis-je, les joues rouges.
— Tu étais passé où ? demanda-t-il, inquiet. Je suis passé chez toi après les cours, mais il n’y avait personne…
— J’étais à l’hôpital, admis-je en tendant ma jambe pour lui montrer ma chevillère.
— Mais… qu’est-ce que tu as fait ? demanda-t-il en se redressant.
— Euh… je suis tombé dans les escaliers en voulant secourir ton téléphone, avouai-je.
— Merde, souffla-t-il. Je suis vraiment désolé ! Tu pourras remercier ta mère pour moi ? Et dis-lui que je m’excuse pour le comportement de mon père… soupira-t-il.
— Ne t’inquiète pas, répondis-je. Tu n’es pas responsable de ses agissements, dis-je un peu trop sèchement.
— Je sais, soupira-t-il. Mais quand même… est-ce que tu veux que je passe te donner les cours de la journée ? Tu reviens demain ?
— Euh… le médecin des urgences m’a fait un justificatif médical d’une semaine, soufflai-je. Et ma mère insiste pour que je me repose…
— Une semaine ? répéta-t-il, le visage triste. Comment je vais vivre sans toi pendant une semaine ?
J’avais affreusement chaud, tout à coup.
— Tu veux passer, du coup ?
Swann hocha la tête, ferma sa fenêtre et disparut.
***
Je sais que je me répète mais... MERCI ! Du fond du coeur.
Je ne pensais pas, en postant le premier chapitre de On both sides, arriver jusqu'ici. Plus de 3000 likes, wouah. Merci, vraiment.
Et je remarque qu'il y a de plus en plus de lecteur.ices, même si certain.es restent discret.es. C'est juste incroyable. Je vis sur un petit nuage grâce à vous tous.tes ! Sans parler que mon histoire est en tendance pour la deuxième semaine d'affilée... Wouah. C'est tellement motivant ! Vous me permettez de rêver et d'imaginer mon livre dans les libraires. Et je vais tout faire pour que ça arrive !
Et si j'en suis là aujourd'hui, c'est grâce à VOUS ! Alors merci à ceux et celles qui croient en moi. Vous gonflez mon coeur d'amour 💜
Bon, et sinon, que pensez-vous de ce chapitre ?
Alix est vraiment un boulet...
D'après vous, Swann va-t-il comprendre ?
Lâchez-vous dans les commentaires, j'adore vous lire 😍
22 commentaires
Caroline-Noëlle
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Il y a 2 ans
Ana_K_Anderson
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Il y a 2 ans
Morgane Rigan
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Il y a 2 ans
Lyaure
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Il y a 2 ans
Laurie Lecler
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Il y a 2 ans