Fyctia
Chapitre 18 (2/2)
— Ton père adoptif se fait désirer, me surpris-je à grommeler à l’attention de Patrick.
Je me rendais compte que j’étais affreusement cucu. C’était affreux. J’avais envie de me laver la langue à la javelle et de me faire faire un lavage de cerveau. Swann apparut comme par magie dans mon champ de vision, et mes pensées cyniques s’évanouirent.
J’attrapai une feuille posée à côté de moi et écrivis en gros avec mon posca doré : « J’ai failli attendre », avant de plaquer la feuille sur le double vitrage. Swann grimaça et articula « Désolé ». Je me sentis rougir. Il était beaucoup trop loin de moi.
J’avais littéralement mal à la poitrine, tellement sa présence me manquait. Je tournai la feuille et marquai : « Tu me manques ». Un sourire illumina son visage, et il écrivit : « Tu me manques aussi ».
Je gloussai. Je gloussai. Qu’étais-je devenu ? J’étais passé de celui qui ne laissait personne entrer à celui qui en réclamait encore et encore. Mais je n’en restais pas moins terrifié. Et si on s’était précipité ? J’avais laissé mon corps et mon coeur prendre le contrôle sur ma raison. Il n’y avait plus de retour arrière possible. Mon estomac se noua.
Est-ce que je devais lui dire, que j’étais trans ? Est-ce qu’on était un couple, maintenant qu’on s’était embrassés ? Ou est-ce que ça ne voulait rien dire ? Est-ce que c’était juste un moment d’égarement pour lui ? J’aurais aimé être dans sa tête, là tout de suite. Il fallait que je sache. J’avais du mal à respirer.
Je pressai Patrick contre ma poitrine pour tenter de diminuer la pression qui empêchait l’air de circuler. J’étais en train de paniquer. Pourquoi est-ce que je gâchais le moment ? Je ne pouvais pas juste profiter de lui ? Ne pas me prendre la tête ? C’était plus fort que moi, je suffoquais. J’essayai tant bien que mal de reporter mon attention sur mon charmant voisin, qui agitait son bras.
Il brandit une nouvelle feuille : « Qu’est-ce qu’il se passe ? ». Je me forçai à sourire et articulai « Rien », mais il se redressa pour ouvrir sa fenêtre et m’intima de faire la même chose. Je m’exécutai, tenant ma peluche panda fermement pour pas qu’elle tombe encore une fois.
— Dis-moi ce qui ne va pas, me demanda-t-il en se penchant dangereusement au dessus du vide.
Je retins mon souffle.
— Je… j’ai peur, admis-je avant de cacher mon visage sous ma capuche, gêné.
— Peur de quoi ? me poussa-t-il même si j’étais presque sûr qu’il savait déjà de quoi il s'agissait.
— Peur de… souffrir. Et encore plus… de te faire souffrir, articulai-je, la gorge nouée.
— Pourquoi est-ce que tu me ferais souffrir ? demanda-t-il.
— Il y a des… choses que tu ne sais pas sur moi. Et que je ne suis pas prêt à te dire. Et je ne veux pas que… je ne veux pas tout gâcher, m’étranglai-je.
Pourquoi est-ce qu’elles s’invitaient toujours sans prévenir ? Les larmes.
— Alix… non… ne pleure pas alors que je ne peux pas te prendre dans mes bras. S’il te plait, me supplia-t-il. Tu sais ce qu’on va faire ? Prends ton ordinateur.
J’essuyai mes joues d’un revers de manche et me levai pour attraper mon ordinateur posé au sol à côté de mon lit. Je me réinstallai et reniflai.
— Bien. Maintenant, on va regarder le Roi Lion II. Et cette fois, je te promets de ne pas m’endormir. D’accord ?
— Merci, soufflai-je.
— De quoi ?
— Merci d’être toi, répondis-je. Merci d’avoir toujours les mots qu’il faut. Je ne mérite pas ça.
— Arrête, s’agaça-t-il. Bien sûr que tu mérites ça. Et je suis très loin d’être parfait, ricana-t-il. Maintenant, tu arrêtes de broyer du noir, et tu chantes. Patrick, ajouta-t-il à l’attention de ma peluche panda, frappe ton papa pour moi s’il se trompe dans les paroles de L’amour nous guidera.
J’étouffai un rire gêné.
Comment pouvait-il être si parfait ? Est-ce que c’était seulement possible d’être si parfait ? Qu’est-ce qu’il cachait ? Il y avait forcément quelque chose, non ? Ou alors, j’avais juste déniché la perle rare. Le garçon parfait. Swann jeta ses longs cheveux sur son épaule et tourna l’écran de son portable vers moi.
— Prêt ? me défia-t-il.
— Prêt.
— On compte jusqu’à trois. Un…
— Deux…
— Trois !
Je pressai le bouton espace comme si ma vie en dépendait et laissai échapper un soupir de soulagement. J’étais à nouveau capable de respirer. Parce que Swann était là, tout près de moi.
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