Fyctia

Élie -

• Je pensais prendre mes billets de train pour les vacances de février… Mais est-ce que tu veux toujours de moi ? Ça fait des jours que je n’ai pas de tes nouvelles…

Merde. Comment est-ce que j’avais pu me laisser aspirer comme ça par Swann au point d’oublier ma meilleure amie ? La dernière fois que je lui avais parlé, je lui avais raccroché au visage.

Alix -

• Bien sûr que je veux toujours de toi 💜 Excuse-moi, j’ai beaucoup de choses en tête en ce moment. J’ai hâte de te voir. Je veux un gros câlin 😱 💜

Élie -

• Bon, je réserve mes billets alors. Jocelyne est ok ?

Alix -

• Ma mère t’adore. Elle t’aime plus que moi 😭 Elle sera ravie que tu viennes, mais je vais quand même la prévenir 😅 💜

— Alix ! cria ma mère. Swann est là !

Je fourrai mon portable dans ma poche avant de dévaler les escaliers. Je trébuchai sur mes Sneakers que j’avais laissées en plein milieu du couloir et manquai m’étaler de tout mon long mais ma mère me rattrapa d’un geste habile.

— Tu vois, c’est ça de ne pas ranger ses affaires, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel.

Je me redressai, honteux. Swann étouffa un rire.

— Euh.. salut, soufflai-je, gêné.

Ma mère me dévisagea en levant un sourcil. Je lui fis les gros yeux, l’air de dire « Mêle-toi de tes affaires » et tirai Swann par la manche de sa veste en simili.

— Entre, le brusquai-je.

— Les chaussures c’est dans l’entrée, pas dans la chambre, cria ma mère qui avait déjà disparu dans la cuisine.

— Oups, lâcha mon charmant voisin avant de retirer ses New Rock.

— Maman ! criai-je.

Swann bondit à côté de moi. Je le dévisageai en riant.

— Qu’est-ce que tu me veux encore ? râla-t-elle.

— Élie peut venir pour les vacances ?

Ma mère se téléporta jusqu’à moi.

— Oh ! s’exclama-t-elle. Bien sûr qu’elle peut venir ! Oh, je suis toute excitée !

Je soupirai.

— Je l’avais prévenue que tu serais ravie. Tu l’aimes plus que moi ! pleurnichai-je.

— Ne dis pas n’importe quoi, soupira-t-elle. Swann, tu restes pour dîner ?

— Euh… se dandina-t-il. Je ne peux pas…

— Oh… souffla-t-elle, manifestement déçue. Pourquoi ?

— Euh… mon père m’attend pour manger. Je ne reste pas longtemps.

— Bon, d’accord. Alors, plus vite que ça, les enfants, dit-elle en nous chassant vers les escaliers avant de retourner à la cuisine.

J’attrapai la main de Swann et me précipitai vers les escaliers.

— Viens vite avant qu’elle nous force à l’aider à faire à manger, ris-je.

— Attends, dit-il en s’arrêtant à la première marche. Et Patrick ? On ne peut pas le laisser à sa merci, chuchota-t-il en se penchant au dessus de mon visage.

Son haleine sucrée chatouilla mes narines.

— Tu as raison, chuchotai-je. Mission « Sauver Patrick » activée, ricanai-je avant de le tirer vers la buanderie sur la pointe des pieds.

Ses doigts emprisonnèrent les miens et il m’emboîta le pas. La porte de la buanderie grinça. Je retins mon souffle et Swann se tourna vers la cuisine pour s’assurer que ma mère n’en sortait pas.

— Vite, me pressa-t-il en riant.

Patrick était pendu la tête en bas. Une flaque d’eau gisait sur le carrelage en dessous de son petit corps. Je le détachai avec précaution pour ne pas faire mal à ses petites pattes et me précipitai hors de la pièce. Swann jura dans sa barbe alors que je le percutai de plein fouet.

— Désolé, soufflai-je, mes yeux plongés dans le bleu des siens.

— Tu es tout pardonné, souffla-t-il en serrant ma main.

— Les garçons ? cria ma mère de la cuisine.

— Merde, vite ! chuchotai-je en poussant Swann hors de la pièce.

Il se précipita dans les escaliers en riant. Je claquai la porte de ma chambre derrière nous, le souffle court et le sourire aux lèvres.

— Mission réussie ! m’écriai-je en soulevant Patrick à bout de bras.

Swann se laissa tomber sur le lit. Son chignon pendait lamentablement sur le côté. Son corps se soulevait et s’abaissait à rythme régulier. Ses doigts agrippaient mes draps défaits. Et son regard me sondait, me rendant si vulnérable. Je me sentais mis à nu, quand il me regardait comme ça. Je me rapprochai de lui, comme poussé par une force invisible. Il me suivit du regard, le souffle court. Mon coeur tambourinait dans ma poitrine, jusque dans mes oreilles. Il leva son visage vers moi lorsque je m’arrêtai à sa hauteur.

— Je peux ? demandai-je.

Il hocha la tête, même s’il n’avait aucune idée de ce que je voulais faire. Le coeur battant, j’entrepris de détacher ses cheveux. Ils tombèrent en cascade sur ses épaules. Je passai la main dedans pour tenter de les recoiffer. Ils étaient si doux, malgré les décolorations. Et ils sentaient bon, vraiment bon.

— Voilà, soufflai-je, ma main toujours dans ses cheveux.

— Merci, articula-t-il.

Je me détachai un peu de lui pour pouvoir le regarder. J’étais fichu. J’étais dedans jusqu’au cou. Accro. Il effleura ma main. Mon ventre se tordit. Je ne voulais pas travailler sur notre projet de littérature. Je voulais qu’il m’embrasse. Je voulais savoir quel goût avaient ses lèvres. Mais j’avais tellement peur, aussi. J’étais terrifié à l’idée de ne pas lui plaire, de ne pas lui suffire. Une fois qu’il saurait qui j’étais, il ne voudrait plus de moi. La petite voix dans ma tête tournait en boucle.

— Je… je peux ? demanda-t-il, la voix rauque.

J’avais la tête qui tournait. Tellement chaud. Envie de vomir, un peu. Mais j’acquiesçai quand même. Parce que j’en mourrais d’envie. Swann passa son bras dans le bas de mon dos et je me laissai aller contre lui. Puis, sa main droite glissa sur ma joue. J’avais l’impression d’avoir le coeur au bord des lèvres. Et des papillons dans le ventre. Plus qu’il ne pouvait en accueillir. Sa paume sur ma peau était tellement chaude. J’étais à l’agonie. Il louchait un peu, parce qu’il ne voulait pas quitter mes yeux du regard. Je lâchai Patrick sur le parquet et passai ma main dans les cheveux longs de Swann. Il étouffa un gémissement et ferma les yeux.

— Embrasse-moi, me surpris-je à murmurer.

Son corps se souleva. Il resserra son étreinte et m’embrassa. Mon coeur manqua un battement. Je fermai instinctivement les yeux et me laissai aller un peu plus contre son corps bouillant. Sa main glissa sous mon sweat et même si j’étais tétanisé à l’idée qu’il touche mon binder, je me laissai faire parce que je ne contrôlais plus rien. Nos corps s’abandonnaient l’un à l’autre. Nos lèvres se détachaient pour reprendre leur souffle, mais jamais très longtemps. Il y avait une sorte d’urgence dans nos baisers. Comme s’il fallait qu’ils soignent tous nos maux. Et je priai intérieurement pour que cet instant dure toujours.