Fyctia
Chapitre 16 (1/2)
Je n’avais pas fermé l’oeil de la nuit. Et Swann non plus. Emmitouflé dans ma couverture, assis sur mon bureau, je l’avais regardé dessiner et gribouiller dans son carnet pendant des heures. Mon réveil avait fini par sonner, mais je n’avais pas eu la force de bouger. Mes yeux me brûlaient. J’étais épuisé.
— Alix ! hurla ma mère du bas des marches. Lève-toi, tu vas te mettre en retard !
— Je suis réveillé, criai-je à mon tour.
Mon portable se mit à vibrer, me rappelant à l’ordre encore une fois. Sauf que c’était une notification Insta. Swann venait de poster. Je relevai la tête. Il avait disparu. Un long soupir plus tard, je me brossai les dents tout en ouvrant son post.
@Griminal
Il y a 13 minutes - 9 j’aime - 3 commentaires
Insomnia
Ô douce nuit,
Ouvre-moi les bras
Je suis mon propre ennemi
Dans ton ombre je me noie.
Mon ventre se contracta. Ma question restée sans réponse tournait en boucle dans ma tête. Le dessin qu’il avait posté était si sombre. Même si j’avais l’habitude de voir ce genre de dessins sur son profil, c’était différent maintenant que je le connaissais personnellement. Tout avait changé. Je zoomai pour ne rater aucun détail. Il s’était dessiné avec des ailes d’ange noires et un coquard à l’oeil gauche. C’était lui sans être lui, en réalité.
Les traits du visage n’étaient pas les siens, ils n’étaient pas vraiment humains. Mais c’étaient ses cheveux, son bleu, ses ongles vernis de noir. Le paysage autour du personnage était un vrai champ de ruines, dépeint sur un ciel noir et rouge. La dernière sonnerie de mon portable me fit sursauter et je le lâchai dans l’évier, au milieu de mes crachats de dentifrice. Il fallait absolument que je me ressaisisse. Mais je n’avais aucune idée de comment.
***
Swann marchait quelques mètres devant moi. Sa démarche était lente, branlante. Je courus pour le rattraper.
— Salut, dis-je une fois arrivé à sa hauteur.
Il tourna son visage vers moi et me sourit sans rien dire. Ses cheveux étaient retenus par un chignon fait à la va-vite alors que d’habitude il était coiffé à la perfection. Les cernes sous ses yeux étaient immenses et bleus, ce qui faisait ressortir davantage le violet de son coquard.
— Ça va ? demandai-je, à l’agonie.
— Oui, pourquoi ? demanda-t-il sans me regarder.
— Tu as l’air… fatigué, soufflai-je.
— Ça va, t’inquiète, répondit-il.
Il enfonça ses mains dans les poches de sa veste en simili cuir. Pourquoi est-ce qu’il ne me parlait pas, à moi ? Je me surpris à être jaloux. Jaloux d’Eryn. Jaloux de moi-même. J’étais ridicule. Je voulais le toucher, je voulais le prendre dans mes bras, lui dire que j’étais là pour lui, que tout allait bien se passer. Au lieu de ça, je me murai dans le silence jusqu’à ce qu’on arrive au portail du lycée.
— Au fait… j’ai réussi à sauver une bonne partie de tes feuilles, dit-il avant d’ouvrir son sac à dos.
Il me tendit une pile de papiers gondolés. L’encre avait bavé, mais c’était encore lisible. Je n’avais plus qu’à tout refaire, mais au moins je ne repartais pas de zéro.
— Comment tu as fait ? couinai-je.
— Une bonne dose de patience, un sèche-cheveux et le tour est joué, répondit-il avec un demi sourire.
J’attrapai la pile de feuilles, effleurant ses doigts froids au passage. Un courant électrique parcourut tout mon corps. Je me demandais s’il ressentait la même chose que moi, quand nos corps se touchaient.
— Merci beaucoup, soufflai-je. Tu n’étais pas obligé de faire ça…
— J’en avais envie, répondit-il. Tu avais l’air si triste hier, je ne pouvais pas te laisser dans cet état.
Il passa sa main dans sa nuque rasée. J’avais chaud aux joues malgré la fraicheur du matin.
— Merci, répétai-je. Je… Patrick a pris un bon bain hier soir, continuai-je. Il sent bon maintenant.
— Et toi ? Tu as pris un bon bain ?
Je hochai la tête, mes yeux noyés dans le bleu des siens.
— Je n’ai pas envie que tu tombes malade, ajouta-t-il. Ne sors plus en chaussettes, s’il te plait, insista-t-il.
— Euh… je vais essayer, balbutiai-je. Mais la vie de Patrick était en danger, alors…
Il se mit à rire et effleura ma main.
— Tu te moques de moi ? couinai-je.
— Non ! s’exclama-t-il. C’est juste que… tu es adorable, rougit-il. Et je ne pensais pas que tu continuerais à appeler ton panda Patrick, c’est tout, débita-t-il comme s’il cherchait à annuler ce qu’il avait dit juste avant.
Mais je l’avais entendu. Il avait dit que j’étais adorable. Ce n’était plus juste mes joues qui étaient bouillantes, mais mon corps entier. Je ne savais plus où me mettre. Sa main était toujours collée à la mienne, et je me surpris à la caresser du bout du pouce. Swann tressaillit.
— Euh… désolé, balbutiai-je. Je… je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça…
Je fis glisser mon sac à dos de mon épaule et fourrai les feuilles dedans avant de me précipiter vers le bâtiment, les jambes tremblantes.
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Julie Auteure
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