Fyctia

— Alors ? beugla Élie.

Je jetai mon sac au pied de mon lit et me laissai tomber face contre les draps.

— C’était horrible, couinai-je. Horrible, je te dis !

— Il faut toujours que tu exagères ! soupira-t-elle. Je suis sûre que c’était pas si horrible.

Je fronçai les sourcils et enroulai mon corps dans ma couette.

— Si tu avais été là pour le voir, tu saurais que c’était horrible, insistai-je. Impossible de passer inaperçu quand tous les profs sans exception te demandent de raconter ta vie à des inconnus. Au tableau, en plus ! Je me suis ridiculisé pour toute une vie, pleurnichai-je.

— Au moins, tu peux être qui tu veux là-bas. Personne ne te connait.

— Mhhh… soupirai-je.

— Bon, et sinon… Des beaux gosses en vue ?

Je rampai tel un ver jusqu’à l’extrémité de mon lit pour attraper mon ordinateur portable posé en équilibre sur une pile de cartons que je ne m’étais pas encore résolu à vider.

— Peut-être…

— Comment ça « peut-être » ? s’écria-t-elle. Donne-moi du concret à me mettre sous la dent !

— Bon, ok, capitulai-je. Y en a un qui est plutôt vraiment pas mal, admis-je.

— Raconte !

— Qu’est-ce que tu veux savoir ? bougonnai-je en entrant mon mot de passe pour déverrouiller mon ordinateur.

— TOUT.

— Évidemment. Pourquoi est-ce que je m’embête à poser la question…

— C’est clair ! Accouche. C’est quoi son petit nom ?

— Euh… Swann.

— Oh purée, ça fait super gay. Il est gay au moins ?

— J’en sais rien, couinai-je. J’ai juste réussi à vomir un « Salut », alors je ne lui ai clairement pas demandé s’il était gay, grommelai-je.

— Avec un prénom comme celui-là, s’il n’est pas gay alors y a eu un foiré quelque part, insista-t-elle. Raconte, à quoi il ressemble ?

— Il est canon, lâchai-je avant d’enfouir mon visage entre mes mains.

Ma meilleur amie siffla dans le téléphone, ce qui m’arracha une grimace.

— Ne siffle pas, c’est atroce.

— Sorry ! Canon comment ? Donne-moi des détails putain ! Ou envoie une photo, je sais pas.

— Mais… je n’ai pas de photos de lui ! criai-je, exaspéré.

— On sait jamais. Je prends souvent en photo les gens que je trouve vraiment beaux, tu sais.

— Je sais, soupirai-je. En même temps, t’es un peu… flippante.

— Je ne suis pas flippante ! protesta-t-elle. Je suis juste… intense, rit-elle. Et déterminée. Et sans gêne. Et sans filtres… Bref, comment il est ?

Je m’installai en tailleur, mon ordinateur sur les jambes, la couette sur la tête et ouvris Wattpad et Instagram pour checker mes nouveaux commentaires et messages privés. Ça me prenait de plus en plus de temps. J’essayais de toujours répondre à tout le monde mais ça devenait compliqué. Il fallait quand même que je dorme si je voulais continuer à créer du contenu.

— Alix ! beugla Élie. T’es sur Insta, pas vrai ?

— Euh… Non, couinai-je.

— Quel mytho ! D’ailleurs, il faut absolument que tu postes aujourd’hui. Ça fait deux jours que t’as rien mis en ligne, les gens vont t’oublier.

— Je sais, je sais, soupirai-je. Je vais le faire.