Fyctia
Chapitre 1.2
La porte s’ouvrit sur une femme d’une cinquantaine d’année. Elle était mince, une coupe au carré, des lunettes énormes vissées sur son nez aquilin. Comme aucun élève ne sembla remarquer sa présence, elle se racla la gorge et annonça :
— Pour ceux qui se seraient ennuyés de moi pendant les vacances, je vous invite à aller vous assoir. Pour les autres… Dépêchez-vous, je n’ai pas envie d’avoir à crier de bon matin.
Une élève protesta sur le fait que la sonnerie n’avait pas encore retenti, mais elle s’engouffra quand même dans la salle en lançant un regard nonchalant à la professeure. Je ne voulais pas être dans les premiers à entrer pour ne pas être catégorisé de lèche-cul dès le premier jour, mais il ne fallait pas que j’attende trop longtemps parce que sinon tout le monde aurait le temps de me remarquer. Je baissai la tête et marchai d’un pas déterminé vers le fond de la salle. Je jetai mon corps sur la chaise aux pieds en acier, qui grinça sous mon poids. Je vissai mon regard sur le bureau en contreplaqué gravé d’insultes en tout genre. Un élève s’assit à côté de moi et je me recroquevillai sur ma chaise.
— Salut, lâcha-t-il plus par politesse que par réel intérêt.
— Euh… Salut, me forçai-je à répondre pour ne pas passer pour un con malpoli.
La professeure referma la porte derrière la dernière élève et frappa du poing sur son bureau dans l’espoir d’obtenir le silence. Elle dut s’y reprendre à plusieurs fois, mais le bourdonnement finit par s’essouffler. Puis, ce que j’avais redouté depuis des semaines, se produisit.
— Vous n’êtes pas sans savoir qu’aujourd’hui, nous accueillons un nouvel élève, annonça-t-elle.
Elle baissa les yeux sur la feuille d’appel posée sur son bureau en chuchotant mon nom puis chercha un visage inconnu dans l’océan d’élèves.
— Ah ! dit-elle en posant son regard sur mes boucles blondes. Tu es là.
Je broyai mes cuisses de mes ongles coupés courts et levai la tête parce que c’était la chose à faire, même si j’aurais préféré me noyer qu’affronter les visages de tous ces inconnus.
— Est-ce que tu veux bien venir au tableau et te présenter en quelques mots ?
Je secouai vivement la tête. Je ne le contrôlais pas.
— Ne sois pas timide, insista-t-elle en descendant de l’estrade dans un grincement qui me fit grimacer.
Élie était une menteuse. Rien n’allait bien se passer. J’avais de plus en plus chaud. Mon visage était en feu. J’avais envie de creuser un trou suffisamment grand pour m’y enterrer et ne jamais plus en sortir. Mon voisin de table me donna un coup de coude. Je me tournai vers lui par automatisme et le regrettai immédiatement.
— Bon, reprit la professeure. Ce n’est pas grave. Je vais faire l’appel, alors soyez attentifs et ne perdons pas plus de temps, soupira-t-elle.
Les chuchotements reprirent et elle prit sur elle pour ne pas s’énerver de bon matin. Et moi, je me faisais violence pour ne pas dévisager mon voisin de table au look parfait et au regard magnétique.
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