Fyctia

Sarah me rejoint dans la ruelle juste en face du bar. Si j’étais restée à l’intérieur, l’ami de mon frère serait mal en point. Me battre avec un homme ne me fait pas du tout peur. Plus jeune, je l’ai déjà fait et je m’en suis toujours sortie vainqueur. Non pas parce que je suis une fille, et qu’il n’ose pas me taper. Mais parce que je fais plusieurs sports, dont un de combat depuis plusieurs années. Sarah me raconte la réaction de mon frère et de son ami après leur avoir fait croire que nous sommes des call-girls. Je l’écoute attentivement avant de lui hurler dessus.

─Tu as dit quoi !

─Le copain de Lucas t’a prise pour une fille comme ça. Lila, ce n’est pas bien méchant. Lucas va bien se douter que tu n’es pas ce genre de femme.

─Mais tu es malade, il va aller le répéter aux parents !

─Non, je ne pense pas, me dit-elle sûre d’elle. Tu ne le trouves pas craquant ce Julien.

─Qui ?

Je suis très énervée en répondant sèchement à Sarah tout en sachant très bien de qui elle parle. Il parait être du même gabarit que mon frère. C’est vrai qu’il a un je ne sais quoi d’attirant.

Mon amie me pousse gentiment.

─Allez, arrête Lila. Le grand blond avec la peau mate qui ressemble à un Dieu grec.

─Non, je n’ai pas fait attention à lui, et puis avec ce qu’il a balancé, je ne risquais pas de le regarder. Je lui aurais volontiers, mis un coup de pied bien placé.

Menteuse, me dis-je à moi-même. C’est vrai qu’il doit être un descendant des dieux grecs. Sarah éclate de rire.

─Non, tu ne vas quand même pas abimer un si beau spécimen mâle, ce serait dommage pour la gente féminine.

─Parle pour toi.

Je revisionne la scène dans ma tête puis fais un arrêt sur image. Je revois ma très chère amie pendue au cou de Lucas.

─Pourquoi t'es-tu jeté sur la bouche de Lucas ?

─Il voulait sauter sur Bast, alors je suis intervenue comme j’ai pu.

─Ben, voyons, il n’y avait pas d’autre solution !

─Non, en tout cas pas à ce moment-là.

Elle me regarde et me fait un clin d’œil avant de me rajouter.

─Il embrasse divinement bien, on sent l’expérience.

─Arrête tout de suite Sarah, on était d’accord. Tu ne coucheras jamais avec lui !

─Oui, je sais tout ça, pas de relation sexuelle avec le frère des copines. C’est quand même un baiser comme jamais on m’en avait fait.

Elle soupire puis me regarde.

─Bon, on rentre sur le campus et dodo !

─Oui, la fête est gâchée de toute façon, merci frangin.

****

Quand Lucas m’a déposé devant chez moi, je me suis endormi très rapidement. Je rêve d’une femme dans une robe rouge qui me chevauche, elle est penchée au-dessus de moi, ses cheveux me chatouillent la poitrine. Elle me murmure ses gémissements à l’oreille quand je lui mordille le cou. Putain ! Je me réveille en sursaut et jure entre mes dents, j’ai une érection du diable. Je me mets sur le ventre et essaie de penser à autre chose, mais rien n’y fait. Je file sous une douche glacée, je suis toujours dans le même état. Il ne me reste qu’une solution, je prends mon sexe et me masturbe. Je retourne me coucher après avoir passé mon envie, mais le sommeil ne revient pas. Quel genre de fille est-elle réellement ? Lila est très belle et j’ai bien vu à sa réaction que je l’avais blessé en prononçant ses paroles, que je croyais avoir dites dans ma tête. Je suis sur le dos à regarder mon plafond et là une autre érection arrive, ce n’est pas vrai ! Je ne vais pas faire ça toute la nuit. L’aube va bientôt se lever, je m’habille et pars faire un footing pour évacuer la pression qui se trouve à mon entrejambe. Il faut que je me l’enlève de la tête, de toute façon je ne la reverrais jamais. Lucas lui interdit de venir aux matchs. Il estime que ce n’est pas la place de sa sœur. Il le répète à chaque fois qu’un membre de l’équipe le charrie. En même temps, je ferais la même chose si j’en avais une, surtout aussi belle que Lila. Et ce tatouage juste au niveau de ses reins, n’importe quel homme aimerait le toucher, le lécher, il représente une fraise, avec quelques gouttes de chocolat. Non pas ça, quelle poisse ! Mon sexe durcit dès que je pense à elle. Fais attention, Julien, rappelle-toi où tu as fini la dernière fois à cause d’une fille qui n’en valait pas la peine. Pourtant on lui aurait donné le Bon Dieu sans confession. Je me suis bien planté sur ce coup-là. Pas de femme dans ma vie pour l’instant. Je cours sur le trottoir pour aller au stade. Mon esprit ne semble pas vouloir oublier cette soirée. Je suis persuadé que Lucas est allé rendre visite à sa sœur pour tirer cette histoire au clair.

****

─Lucas, que fais-tu ici !

─Où est ma sœur, je veux la voir tout de suite !

─Tu peux éviter de crier, j’ai mal au crâne. Lila est dans la salle de bain sous la douche.

─Sarah ! C’était quoi ce bordel au bar !

Elle me fixe, et ne semble pas avoir dessoulé. Je me demande si demain elle se rappellera m’avoir goulument embrassé. Moi en tout cas, je ne risque pas d’oublier.

─Tu vois, si tu nous espionnes encore une fois on recommencera. Là, c’était un simple avertissement de notre part. Ta sœur et moi n’avons pas besoin que tu nous maternes dès que nous sortons faire la fête.

─Vous êtes complètement malade. Pourquoi avoir fait croire à Julien que vous étiez des pu…. J’y ai pensé jusqu’à ce que je vienne ici ! Je n’ai pas pu attendre pour avoir la vérité. Je voulais être certain que vous étiez dans votre chambre.

─Quoi ? Vous êtes tous débiles, les mecs ! Ce n’est pas parce que pour faire plaisir à Bast, on a mis une robe courte que forcément on est des filles comme ça !

─Et le pervers avec ma sœur.

─C’est Bast, notre ami. Et c’est lui qui cherchait un homme pour fêter ses vingt et un ans.

─Ah oui, alors tu peux m’expliquer pourquoi il l'embrassait.

─Pour te faire enrager. Lucas ne t’en fait pas, même quand on sort habiller comme ça, Lila reste tranquille. Je t’ai raconté des conneries.

─Tu es sûre Sarah, vous êtes sage quand vous faites la fête.

─Hum ta sœur oui. Moi je le suis moins, mais je fais attention, détends-toi.

Lila parle depuis la salle de bain. Elle ne sait pas que je suis ici, j’ai honte d’avoir pensé qu’elle aurait pu être une femme qui vend ses services.

─Sarah, tu me passes mes affaires que j’ai laissées sur mon lit. Je commence à geler.

─Oui, dépêche-toi, Lucas est là, moi aussi j’aimerais aller me prendre une bonne douche avant d’aller dormir, seule comme une pauvre malheureuse qui est restée sur sa faim par la faute de ton frère.

Pas de réponse de la part de Lila.

─Lila, tu m’entends.

─Oui, dit-elle d’une voix plutôt stressée.

****

Une fois sortie, elle le fixe.

─Lucas que fais-tu ici, tu as vu l’heure !

─Écoute Lila, je m’inquiétais pour toi et Sarah. J’ai eu peur que vous soyez partis avec un sale type et que… enfin, tu comprends ce que je veux dire.