Bérengère Ollivier Nos coeurs sous la neige Let it snow ! (Dean Martin) 1

Let it snow ! (Dean Martin) 1

Mia


Je n’avais pas prévu de rentrer tout de suite. Avant cela, je m’étais accordée un détour pour voir la grand-mère de Baptiste, une femme chaleureuse et pleine de vie qui, comme toujours, m’avait accueillie à bras ouverts. Nous avions passé des heures ensemble, à échanger des histoires, à rire des anecdotes de l’époque où tout semblait plus simple. Les enfants, curieux comme des éponges, l’écoutaient attentivement, absorbant chaque mot, tandis qu’ils se régalaient des biscuits de Noël qu’elle avait préparés. Arthur et Luna avaient un regard émerveillé, comme si tout cet univers de traditions et de chaleur humaine les transportait dans un monde qui leur semblait à la fois lointain et terriblement intime.

Pendant ce temps, j’étais un peu ailleurs. Je me perdais dans les souvenirs de cette époque où tout semblait possible, quand Baptiste et moi étions jeunes et insouciants, avant que la vie ne nous prenne dans son tourbillon. Le chalet familial, aujourd’hui déserté, avait été notre maison durant des années. C’était ici que j’avais grandi, que j’avais partagé tant de souvenirs avec mon père et ma mère. Mais un jour, mon père avait décidé que Bordeaux serait notre nouveau chez-nous. C’est là que j’avais passé mon bac, avant de m’envoler vers Angers pour commencer mes études de droit. C’est à cette époque que j’avais fait la connaissance d’Agathe en école de commerce, et nous nous étions retrouvées en colocation, dans un petit appartement du centre-ville. C’était une période d’adaptation, de nouveaux départs, et pourtant, c’était aussi un moment de liberté et de complicité.

Aujourd’hui, ce chalet était devenu une résidence secondaire que mes parents occupaient ou louaient occasionnellement. Mais moi, je n’y avais pas remis les pieds depuis… depuis lui en fait. Cette vieille bâtisse en bois restait pour moi un ancrage dans le passé. J’avais l’impression de pouvoir toucher cette époque, juste en restant un peu plus longtemps ici, au côté de cette femme qui, malgré les années, n’avait rien perdu de sa sagesse ni de sa vivacité.

Mais, il était temps de repartir. Avant de partir, la grand-mère de Baptiste m’avait confié une petite collection de décorations de Noël qu’elle avait soigneusement conservées au fil des années. Des guirlandes aux couleurs fanées, des boules de verre soufflé, des étoiles en papier découpé à la main. Toutes ces petites merveilles, empreintes de l’histoire du village, que j’avais promis d’installer au chalet pour faire revivre la magie de Noël. Les enfants, toujours fidèles à leur rôle, portaient les cartons avec soin, les bras chargés de guirlandes et d’ornements qui scintillaient dans la lumière tamisée de la pièce.

Arthur et Luna ne se laissaient pas distraire par le décor festif, bien qu’ils fussent impatients de découvrir ce que j’avais rapporté pour leur mère. Ils me suivaient de près, emboîtant le pas avec un sérieux que je n’avais pas l’habitude de leur voir. Ils ne jouaient pas dans la neige, ils portaient, sans se plaindre, les cartons lourds, remplis de souvenirs. Leurs visages étaient concentrés, leurs gestes soignés, comme si la tâche importait autant que l’objectif : que tout soit parfait pour Agathe.

Je les observais, un léger sourire aux lèvres. Luna, l’aînée, avait toujours eu un sens inné du détail et son regard décelait souvent bien plus que ce que l’on lui montrait. Arthur, quant à lui, n’avait jamais eu de problème à se perdre dans l’instant, à se laisser guider par son enthousiasme, prêt à tout pour que le moment soit agréable. Ces petits gestes, ces moments partagés, m’emplissaient d’une chaleur douce, une chaleur qui contrariait la froideur de l’hiver.

Quand je sortis de l’hôtel, les cartons bien calés sous les bras, je savais que le chemin du retour me ramènerait vers cette réalité que j’avais laissée derrière moi. Mais à cet instant précis, tout semblait encore possible. Comme une parenthèse enchantée.

Le vent frais s’engouffra sous mon écharpe alors que je remontais la rue principale du village. Chaque pas sur la neige tassée réveillait une multitude de souvenirs que j’avais soigneusement enfouis au fil des années. Rien n’avait vraiment changé ici. Les chalets de bois sombre, les guirlandes lumineuses qui s’enroulaient autour des lampadaires, l’odeur réconfortante du vin chaud flottant dans l’air. Tout me semblait à la fois familier et étranger, comme un rêve oublié qui ressurgissait brusquement.

Je resserrai mon manteau autour de moi, tentant d’ignorer la petite boule de nervosité qui se formait dans mon ventre. Je n’étais pas venue ici depuis si longtemps. Trop longtemps. Et pourtant, je savais qu’en mettant les pieds dans ce village, je risquais de croiser des visages du passé. Certains que je serais ravie de revoir. D’autres… moins.

Nous empruntâmes la rue principale du village, une petite ruelle pavée bordée de maisons en bois, décorées de guirlandes lumineuses et de sapins généreusement garnis. Le froid piquait mes joues, et le vent jouait avec les mèches de mes cheveux, mais quelque chose dans l’air semblait différent aujourd’hui. Plus vivant, plus chaleureux. Peut-être les décorations, peut-être la lumière dorée des lanternes. Peut-être tout simplement la magie de Noël qui, contre toute attente, semblait se réveiller en moi après tant d’années de distance.

Les enfants marchaient silencieusement à mes côtés, leurs pas légers dans la neige. Je n’entendais presque rien, si ce n’était le bruit des guirlandes s’entrechoquant légèrement dans les cartons qu’ils portaient. Il y avait quelque chose de serein dans la scène, quelque chose d’apaisant, presque comme une scène de film. Mais cette quiétude ne dura pas longtemps.

À l’angle de la rue, alors que je m’apprêtais à tourner pour rejoindre le chemin du chalet, une silhouette familière attira mon attention. Gabriel. Il sortait de l’école de ski, son sac à dos en bandoulière, vêtu de sa veste bleue nuit qui tranchait avec la blancheur éclatante de la neige. Son regard tomba directement sur moi, et un instant, tout sembla suspendu. Nous nous fixâmes quelques secondes, sans un mot, chacun mesurant le poids de cette rencontre inattendue.

Je déglutis, nerveuse malgré moi. Cette sensation… d’être ici, de me retrouver face à lui après tout ce temps… c’était perturbant. Et bien sûr, Gabriel, comme s’il n’avait pas changé d’un iota, brisa le silence.

— Mia ?

Il prononça mon nom d’une voix grave, légèrement surprise, et je me retrouvai soudainement envahie d’un flot de souvenirs. Des souvenirs que j’aurais préférés laisser enfouis. Je me forçai à sourire, à ne pas laisser la nervosité transparaître.

— En chair et en os, Gabriel.

Il s’arrêta devant moi, les bras croisés sur sa poitrine, son regard empli d’une lueur d’incrédulité. Il n’avait pas changé. Quelques rides de plus au coin des yeux, peut-être, mais son aura était intacte. Toujours ce même mélange de nonchalance et d’assurance.

— Je rêve ou c’est bien toi ?

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12 commentaires

Sofia77

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Il y a 4 jours

alors l'histoire devient interessante, tu alternes bien entre le passé et le présent, je pense qu'une transition plus fluide entre les différentes scènes pourrait rendre la lecture plus agréable ou c'est moi qui ai encore du mal avec les lignes à la suite 🤣 comme par exemple quand elle repense au chalet et ses souvenirs avec Baptiste, tu reprends le présent avec "Mais, il était temps de repartir" tu peux (attention c'est mon point de vue) dire : le bruit des guirlandes me ramena à la réalité. il était temps de repartir ce qui suit avec le reste de ton texte, où le son des rires des enfants me ramena à l'instant présent. Le chalet semblait figé dans le passé, et pourtant, il était temps de repartir. Je trouve que ça permet de passer en douceur du souvenir au présent. voilà, voilà ,je continuerai à te lire 😉

Mapetiteplume

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Il y a 12 jours

Intéressant ton histoire avec deux histoires en 1 avec des personnages qui se croise Attention au petit mot en surplus au début de phrase. Et quelques répétitions a tenter de reformuler pour plus de fluidité

Zebuline

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Il y a 13 jours

ici tu nous présente bien le passé de Mia et ça permet de mieux comprendre tes personnages, le temps qu'elle a passé avec batiste et donc ill ya un passif avec Gabriel, mais ça on n'en sais pas plus pour le moment.
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