Fyctia
Driving home for Christmas (2)
J’étais sur le point de m’affaler sur le canapé quand quelqu’un frappa à la porte d’entrée. Mia alla ouvrir et je perçus une voix masculine. Quand elle ouvrit la porte, un courant d’air glacé s’engouffra dans la pièce. Ou bien était-ce autre chose ? Un frisson me parcourut la nuque quand je me retournai discrètement. De ma place, je ne vis d’abord qu’une silhouette masculine, grande et emmitouflée dans une grosse écharpe en laine. Un homme se tenait sur le seuil, un panier garni dans les bras, qu’il tendit à Mia avec un sourire amical. Il portait un duffle-coat épais, et même à cette distance, son regard paraissait aussi sombre que la nuit tombée.
— Hello Cara Mia. Bon retour parmi nous. Tiens, c’est pour toi. Ma grand-mère m’a demandé de t’apporter ça, dit-il d’un ton tranquille.
— Baptiste ! Ça fait une éternité ! s’exclama Mia en lui offrant une accolade de son bras libre.
Le nom me resta en tête un instant, sans comprendre pourquoi ce simple nom me troublait autant. Mia le remercia chaleureusement, et ils échangèrent quelques mots sur le village. Il ne sembla pas me remarquer, trop occupé à plaisanter avec ma meilleure amie, et je n’eus pas le temps de mieux l’observer qu’il repartit déjà. Elle referma la porte, visiblement ravie.
— Un ami d’enfance, expliqua-t-elle en posant le panier sur la table. Sa grand-mère est une institution ici. Elle est la propriétaire d’un des hôtels familiaux de la station, un établissement aussi chaleureux qu’elle, où tout le monde aime se retrouver. Elle prend soin de tout le monde et son hôtel est réputé pour son ambiance accueillante et conviviale. Il faudra absolument que je te la présente pendant ton séjour.
J'avais haussé les épaules et je partis à la recherche de l'appareil à raclette afin de dresser la grande table au milieu du séjour. Luna aida Mia à finir de dresser la table en piochant allègrement dans le panier de victuailles arrivé quelques instants plus tôt. Et c’est ainsi qu’un quart d’heure plus tard, nous nous installâmes autour de la table. Le fromage fondait lentement, embaumant la pièce d’un parfum irrésistible. Les enfants riaient, posaient mille questions à Mia sur le village et les montagnes alentour. Je me laissai gagner par l’atmosphère douce et réconfortante de cette première soirée. Ce soir, je n’avais qu’une priorité : manger, profiter de cette ambiance feutrée, et oublier pour un temps les injonctions maternelles. Loin de tout, avec mes enfants et mon amie, ce Noël s’annonçait peut-être comme la pause dont j’avais désespérément besoin. Tout le reste pouvait attendre. Peut-être que, pour une fois, je pouvais vraiment lâcher prise.
Le reste de la soirée se poursuivit dans la douceur de l’instant. Mia, comme toujours, avait su créer une ambiance détendue et réconfortante. Les enfants s’étaient endormis rapidement, épuisés par leur excitation. Mia et moi restâmes encore un moment près du feu, discutant de tout et de rien, en buvant un dernier verre de vin chaud.
— Tu penses que c’est réellement possible de passer un Noël sans penser à lui ? murmurai-je, ma voix tremblante de fatigue.
Mia ne répondit pas immédiatement, mais je sentis sa main se poser doucement sur la mienne.
— On va y arriver, Agathe, dit-elle simplement. Pas à pas.
Je la regardai, reconnaissante, mais toujours incertaine. Ce Noël, je l’avais voulu. Mais je savais que la route vers la paix intérieure, vers la guérison, serait longue. Pour l’instant, il n’y avait que cette pause. Et, peut-être, juste peut-être, la chance de retrouver quelque chose d’essentiel.
Le lendemain matin, le village s’était réveillé sous une couche de neige fraîche, recouvrant le monde d’un voile doux et silencieux. J’ouvris les volets et, pendant un instant, je restai là, les yeux rivés sur l’horizon immaculé. Le village de montagne semblait figé dans un autre temps, un lieu à part, où le bruit des téléphériques se mêlait à celui des skieurs qui dévalaient les pentes, mais tout cela était loin d’être pressant. Il y avait une sorte de tranquillité ici, comme si le temps s’écoulait à un rythme plus lent, presque suspendu, entre deux saisons.
Luna et Arthur étaient déjà en train de se chamailler joyeusement pour enfiler leurs bottes et leurs gants, impatients d’aller jouer dehors. Je les laissai se précipiter dans la neige pendant que je prenais une profonde inspiration. Une bouffée d’air glacé me réveilla instantanément, me remplissant d’une énergie nouvelle. Ce village, avec ses petites ruelles sinueuses, ses chalets en bois décorés de guirlandes de Noël et ses habitants au visage marqué par le froid, m’évoquait une vie simple, presque primitive. Un contraste frappant avec ma propre existence, souvent trop remplie, trop agencée, trop bruyante.
Nous nous habillâmes en vitesse et, après un petit déjeuner rapide, Mia proposa de m’accompagner faire un tour dans le bourg pour me familiariser un peu plus avec les environs. Les enfants, excités par la neige, étaient plus que partants, et je me sentais moi-même curieuse de découvrir ce village sous un nouveau jour.
Le centre du village était à quelques pas du chalet, et nous marchâmes tous ensemble dans la neige fraîche, les éclats de lumière du matin se reflétant sur les flocons qui tombaient doucement autour de nous. Mia semblait connaître chaque recoin, chaque ruelle. Elle m’expliquait les petits secrets du village, ses bons restaurants et ses magasins d’artisanat, tout en nous montrant les différentes pistes de ski.
Les enfants s’étaient précipités en avant, se lançant dans une bataille de boules de neige effrénées, tout en nous maintenant toujours dans leur champ de vision. Ils avaient rapidement trouvé des copains pour se joindre à eux. Et c’est côte à côte, dans un silence complice, que Mia et moi avançâmes dans le bourg, nos pas crissant doucement dans la neige fraîche.
C’est là, dans la rue principale, que nous croisâmes Baptiste et je pus enfin le découvrir de plus près. Il se trouvait sur le trottoir, juste devant un petit café en bois, son sourire facile et chaleureux éclatant dans le froid. Il était en train de réparer un vieux banc en bois, son marteau frappant avec précision les planches abîmées. Ses gestes étaient précis, assurés, et son visage, sous la capuche de sa veste, dégageait une intensité calme. Mia lui lança un salut enjoué, et il s’arrêta instantanément, son visage s’éclairant.
— Baptiste ! s’écria Mia, un sourire éclatant sur les lèvres. Décidément, je vais te croiser tout le temps maintenant, tu vas bien ? Je t’ai déjà parlé de ma meilleure amie.
Elle lui sauta au cou, avant de se détacher de lui pour m’attirer à elle et me présenter avec un sourire radieux.
— Eh bien, voilà Agathe, la fameuse, dit Mia avec un sourire amusé. Agathe, voici Baptiste. Il est comme un frère pour moi depuis des années. On faisait partie de la même bande de potes depuis la maternelle. Il vient toujours donner un coup de main quand il le faut.
25 commentaires
Sofia77
-
Il y a 5 jours
Mapetiteplume
-
Il y a 12 jours
Bérengère Ollivier
-
Il y a 10 jours
Zebuline
-
Il y a 13 jours
Bérengère Ollivier
-
Il y a 13 jours
Zebuline
-
Il y a 13 jours
Zebuline
-
Il y a 13 jours