Bérengère Ollivier Nos coeurs sous la neige Driving home for Christmas (3)

Driving home for Christmas (3)

Je me sentis un peu mal à l’aise en le regardant. Les mots ne venaient pas tout de suite. C’était comme si, dans cette rencontre improbable, je cherchais un équilibre entre le passé que je venais de quitter et ce qui se profilait à l’horizon.

Il était grand, comme je l’avais deviné la veille, et l’épaisse écharpe de laine qui entourait son cou semblait ajouter encore à sa prestance. Son regard sombre croisa le mien un instant, avant qu’il ne s’adresse à Mia, qui s’était arrêtée à ses côtés avec un sourire complice. Il était visiblement heureux de la retrouver, et leur conversation reprit de plus belle. Mais c’était comme si tout autour de moi s’était estompé. Le bruit de la neige tombant en silence sur le sol, les éclats de voix des enfants jouant dans la neige un peu plus loin… Tout semblait lointain, presque irréel.

— Hey Cara Mia !

Sa voix était basse, chaleureuse, avec un léger accent du sud, peut-être du village, mais il n’était pas pressé, pas intrusif. Il semblait détendu, mais cette sensation de calme, de naturel qui émanait de lui, contrastait avec la tempête intérieure qui me tourmentait depuis des semaines. Puis Baptiste se tourna vers moi et me tendit la main avec une gentillesse non feinte, et je la pris avec un léger sourire crispé. Son regard s’attarda un instant sur mon visage, une lueur de curiosité dans les yeux.

— Salut Agathe. Ravi de te rencontrer. Baptiste, charpentier du village, se présenta d’une voix calme, mais terriblement profonde. J’ai refait le toit du chalet de Mia l’année dernière. Elle aime bien mettre sa touche personnelle dans tout ce qui se fait ici.

Je souris poliment, mais quelque chose dans la façon dont il parlait m’électrisa, me figea un instant. Son ton tranquille, son regard intense… tout semblait se fondre dans le décor autour de nous, comme si le temps se suspendait. J’avais l’impression que chaque mot qu’il prononçait résonnait dans ma poitrine.

— Ravie de même, grommelais-je.

Je m’aperçus que je restais un peu sur la défensive, bien plus que je ne l’aurais voulu. Il haussait les épaules, comme si la situation lui semblait parfaitement normale, et il se tourna à nouveau vers Mia.

— Vous avez prévu quelque chose de spécial pour ce soir ? Parce que si vous n’avez pas de plans, je connais un petit restaurant pas loin… ça pourrait être sympa.

Mia se tourna vers moi, un regard curieux dans ses yeux, attendant ma réponse. Je ne savais pas si c’était l’air frais, ou ce battement de cœur soudain à la mention de ce restaurant, mais je sentis un frisson me parcourir le dos.

— Un dîner dehors ? Ça pourrait être sympa… J’ai un peu envie de découvrir ce village, répondis-je en cherchant à paraître détendue, même si la nervosité perçait dans ma voix.

Baptiste sourit et hocha la tête. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale. Je me retrouvai à le fixer un peu trop longtemps, ne sachant pas vraiment que dire encore prise dans la vague inattendue qu’il venait de provoquer. Ce moment, ce regard échangé, cette tension légère, c’était comme un premier pas dans un monde inconnu, un monde que j’avais peut-être trop longtemps ignoré.

Je haussai les épaules en souriant, mais avant que je ne puisse répondre, Mia l’interrompit, lui demandant des nouvelles de sa grand-mère. Ils échangèrent quelques mots rapides, et Baptiste se tourna une dernière fois vers moi.

— Passe une bonne journée, Agathe, dit-il d’un ton sincère. Et peut-être à plus tard alors ?

Il s’éloigna sans plus de cérémonie, mais son sourire resta un moment dans mes pensées. Il n’avait pas l’air de vouloir jouer un rôle, juste d’être lui-même, simple et direct. Comme ces paysages de montagne, imposants, mais accueillants. Il avait cette aisance tranquille qui dégageait une certaine assurance, et cette aura naturelle qui faisait de lui quelqu’un qu’on avait envie de connaître.

Nous continuâmes notre chemin, et en arrivant à une petite place, Mia s’arrêta et se tourna vers moi.

— Je vais aller à l’hôtel de la grand-mère de Baptiste, dit-elle avec un sourire espiègle. J’emmène Luna et Arthur, on a quelques petites courses à faire que tous les trois. Tu n’as qu’à aller directement à l’école de ski pour inscrire les enfants, je suis certaine qu’ils vont adorer.

Je hochai la tête, contente qu’elle m’offre cette possibilité. Les enfants étaient déjà impatients de découvrir la station, et inscrire Luna et Arthur me paraissait essentiel pour qu’ils puissent se joindre aux cours de ski rapidement.

— D’accord, on se retrouve après, répondis-je. Passe une bonne visite, et à tout à l’heure.

Mia m’adressa un dernier clin d’œil et partit en direction de l’hôtel, tandis que je me dirigeais seule vers l’école de ski. La neige tombait doucement, et je me sentais en harmonie avec ce paysage serein, presque hors du temps. En arrivant à l’école, je pus déjà apercevoir l’enseigne en bois décorée de skis et de guirlandes de Noël. L’atmosphère y était chaleureuse, pleine de cette énergie tranquille propre aux montagnes. L’intérieur sentait le bois et la cire de ski, une odeur agréable et réconfortante.

Derrière le comptoir, un homme triait des papiers. Il leva les yeux en m’entendant entrer et me sourit chaleureusement. Il était métis, avec des traits marqués par le soleil, et un sourire qui semblait presque en décalage avec l’endroit. Je n’avais pas pu m’empêcher de le regarder un instant, un peu surprise. Ici, dans cette station de ski où tout paraissait si ancré dans une image d’hiver et de montagnes enneigées, le contraste était frappant.

— Bonjour !

Il capta mon regard et, sans se départir de son sourire, se redressa légèrement, amusé par ma surprise.

— Ah, je vois ce que vous pensez, dit-il en haussant un sourcil. Vous trouvez que je suis un petit peu trop bronzé pour travailler ici, n’est-ce pas ? Mais je vous rassure, je suis bien un enfant du pays, même si ça ne se voit pas. Mon père est né dans la station d’à côté et ma mère est une beauté des îles, mais moi, je suis un pur produit des Alpes.

Son ton était léger, et j’éclatai de rire, un peu gênée d’avoir été surprise par ses origines. Il n’y avait en effet rien de vraiment choquant à ce qu’un homme de couleur travaille dans cette station, mais l’image m’avait juste semblé décalée.

— Vous êtes bien un des rares à avoir ce « twist » local, dis-je en souriant.

— Et j’en suis plutôt fier, répliqua-t-il, toujours aussi détendu. Ça vous gêne pas, j’espère ?

Je secouai la tête, amusée par cet échange léger, mais je sentis tout de suite que cet homme, avec son charisme tranquille, me mettait à l’aise.

Il avait un regard franc, calme et un sourire qui semblait dire qu’il avait l’habitude d’accueillir de nouveaux arrivants, affichant la même surprise que moi de surcroit.

— Vous êtes ici pour inscrire des enfants ? demanda-t-il.


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16 commentaires

Sofia77

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Il y a 4 jours

🤣l'arrivé du mono est super, elle apporte un peu d'humour dans ton texte.

Mapetiteplume

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Il y a 12 jours

Je chipote mais certaine réplique manque un peu de naturel des fois. J'ai eu l'impression que tu ne savais pas comment terminer le dialogue 🫣tente de t imginer avoir la conversation a la place de tes personnes cela d'aidera peut être

Bérengère Ollivier

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Il y a 10 jours

Ah c'est pas su chipotage, c'est constructif

Mapetiteplume

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Il y a 10 jours

Le principal c est que le prenne bien des fois j'ai peur de faire certain commentaire de pzur de froisser la personne ☺️

Zebuline

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Il y a 13 jours

ahh donc les enfants vont prendre des cours ! et pas elle ? ça pourrait etre sympa 😁 sauf si elle sais déjà skier 😅

Bérengère Ollivier

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Il y a 10 jours

Nan, elle est pas doué et en fait, c'est Mia qui leur offre. (précision dans la réécriture)
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