Fyctia

Chapitre 1 – Sous le même toit

— Comment ça tu vis ici ?

Léo haussait un sourcil, l’air de défier Camille.

— Eh bien, oui, je vis ici, répondit-il, un léger sourire cynique sur les lèvres.

Ce chalet a toujours été un refuge pour moi. C’est là que je suis revenu après… tout ça. Après qu’on m’ait oublié.

Camille plissa les yeux, cherchant à comprendre où il voulait en venir.

Le froid mordant sur sa peau n’était rien comparé à la tension dans l’air.

Elle avait toujours su que Léo avait du mal à accepter sa fuite après leur rupture, mais de là à occuper la propriété familiale ? Cela semblait à la fois absurde et… comme un coup du destin.

— Léo, tu n’as pas le droit… Ce chalet est à moi.

Le testament de mon grand-père était clair.

Il s’approcha, ses pas écrasant la neige sous ses bottes, son regard planté dans le sien.

— Je suis celui qui a pris soin de ce chalet après sa mort.

Celui qui l’a réparé, entretenu, et qui a veillé sur tout ce qui y avait de précieux.

Alors, je crois qu’on pourrait dire que c’est un peu aussi le mien.

Camille sentit une vague d’irritation monter en elle, mais elle réussit à se contenir.

— Alors, que veux-tu ? Que je te le laisse ?

Il esquissa un sourire qui n’atteignait pas ses yeux.

— Non.

Je veux juste qu’on trouve une solution… un compromis.

Mais ça, tu n’as pas l’air de vouloir l’entendre.

Un silence pesant s’installa entre eux, interrompu seulement par le vent qui soufflait dans les arbres alentours.

Camille savait que les retrouvailles seraient difficiles, mais elle ne s’attendait pas à un accueil aussi froid.

Pourtant, un petit quelque chose en elle, quelque chose d’indescriptible, se serra à l’idée de devoir cohabiter avec lui sous ce même toit, même pour un temps limité.

Mais elle n’était pas prête à abandonner si facilement.

— Très bien, Léo, lança-t-elle finalement, ses lèvres serrées.

On va trouver une solution. Mais ne compte pas sur moi pour m’écraser comme je l’ai fait autrefois.

Les deux se fixèrent, comme deux anciens adversaires sur le point de se lancer dans un jeu complexe… ou peut-être, juste peut-être, une deuxième chance.

Camille poussa la porte du chalet, son cœur battant un peu plus fort à chaque pas qu’elle faisait à l’intérieur. L’air était chargé de l’odeur familière du bois et de la cheminée, de la chaleur réconfortante du vieux chalet qui semblait hors du temps. Tout était à sa place, comme si les années ne s’étaient jamais écoulées.

Elle s’arrêta un instant, prenant une grande bouffée d’air. La pièce principale était vaste, avec un grand plafond en bois, des poutres apparentes et une grande cheminée en pierre qui s’étendait du sol au plafond. Le feu crépitait doucement, envoyant des éclats de lumière dans la pièce. Des tapis faits main recouvraient le sol en bois sombre, et des fauteuils en cuir usés étaient disposés autour de la cheminée, créant une atmosphère à la fois chaleureuse et intime.

Tout était parfaitement… familier.

Mais Léo n’était plus un simple souvenir d’adolescent. Il était là, dans l’ombre de la pièce, à la regarder d’un air presque impénétrable.

— Fais comme chez toi, dit-il en fermant la porte derrière elle d’un coup sec, mais sans pour autant faire un geste pour l’inviter à s’installer.

Camille, un peu déstabilisée par son regard insistants, se décida à se poser sur l’un des fauteuils près de la cheminée. Elle observa les flammes dansantes, se forçant à se concentrer sur la chaleur qu’elles diffusaient plutôt que sur la tension palpable qui flottait entre elle et Léo.

— Tu n’as pas changé, dit-il soudainement, brisant le silence qui s’était installé. Toujours aussi déterminée. Toujours aussi… à l’opposée de moi.

Elle tourna légèrement la tête vers lui, un sourire ironique sur les lèvres.

— Tu me l’as déjà dit. Mais toi, tu es toujours aussi… obstiné.

Il s’approcha de la cheminée, ses mains se réchauffant près du feu. Camille se demanda combien de fois il avait passé ses soirées ici, à contempler les flammes en pensant à ce qu’ils avaient été, eux deux.

— Pourquoi revenir ici, Camille ? demanda-t-il finalement, sa voix un peu plus douce, mais toujours empreinte de la même intensité. Tu n’as rien à prouver.

Elle le fixa, cherchant à comprendre ce qu’il cherchait à dire, avant de répondre avec toute la fermeté qu’elle avait en elle.

— J’ai des choses à régler. Et je n’ai pas le temps de me perdre dans des questions de cœur ou des regrets. Je suis ici pour récupérer ce qui m’appartient. Pas pour discuter du passé.

Elle espérait que ses mots seraient suffisants pour éviter toute nouvelle discussion sur leur histoire, mais elle savait, au fond d’elle, que tout restait encore en suspens. Ils devaient faire face à ce qu’ils étaient devenus. Et, contre toute attente, Camille n’était pas sûre de vouloir fuir cette fois.