Fyctia

Chapitre 2 – Frissons du passé

Léo ne répondit pas tout de suite.

Il la fixa, ses yeux sombres plongés dans les siens, comme s’il attendait qu’elle révèle quelque chose de plus.

Camille détourna le regard, une tension sourde montant en elle.

Elle avait décidé de ne pas se laisser emporter par la nostalgie, mais il semblait que chaque mot, chaque regard, chaque geste dans cette maison la ramenait irrémédiablement à lui.

— Si tu es vraiment ici pour ton héritage, pourquoi ne pas simplement rester à l’étage et éviter de me parler ? dit Léo, brisant le silence.

Sa voix était presque moqueuse, mais Camille décelait aussi une touche de… douleur.

Elle serra les poings discrètement.

— Parce que ce chalet fait partie de mon histoire aussi, Léo.

Pas seulement de la tienne.

Et je ne vais pas me cacher dans une chambre.

Il haussait un sourcil, visiblement amusé.

— Tu es têtue.

Je me demande si ça a toujours été ton caractère ou si c’est quelque chose que tu as développé avec les années.

Elle le fixa, un éclat de défi dans les yeux.

— Pourquoi, tu préfères que je sois docile comme à l’époque ? Tu as oublié à quel point j’étais prête à tout pour ne pas me laisser contrôler.

Les mots étaient sortis plus vite qu’elle ne l’aurait voulu, mais l’atmosphère étouffante entre eux avait ravivé des souvenirs trop longtemps enfouis.

Un silence s’installa à nouveau, lourd, mais pas insupportable.

Léo détourna enfin le regard, regardant le feu avec une intensité presque douloureuse.

Camille en profita pour se lever et se diriger vers la fenêtre, observant le paysage extérieur.

La neige tombait doucement, recouvrant tout d’un manteau blanc.

Elle se sentait étrangère dans cette maison qui n’avait jamais cessé de faire partie d’elle.

Mais maintenant, les choses étaient différentes.

Elle et Léo n’étaient plus deux enfants insouciants, mais des adultes avec des blessures et des rancœurs non résolues.

— Tu sais, Camille… commença-t-il, sa voix plus calme.

Ce chalet ne m’appartient pas plus qu’il ne t’appartient.

Il appartient à tous les souvenirs que nous avons laissés ici.

À nous deux, autant qu’à ton grand-père.

Elle se tourna lentement, ses yeux rencontrant les siens.

Il y avait quelque chose dans son regard, une vulnérabilité qu’elle n’avait pas anticipée.

Léo, cet homme fort et impénétrable, semblait enfin montrer une partie de lui qu’il avait toujours dissimulée.

— Je n’ai jamais su comment te dire… que j’aurais aimé qu’on se batte, plutôt que de laisser tout partir en ruines.

Les mots frappèrent Camille comme un coup de poing.

Elle ferma les yeux, se laissant envahir par cette vague de sentiments contradictoires.

Les années avaient effacé beaucoup de choses, mais pas l’amour qu’elle avait ressenti pour lui.

Cet amour qu’elle avait sacrifié sur l’autel de ses ambitions.

— Léo… Il est trop tard pour ça, murmura-t-elle, les yeux brillants de larmes qu’elle n’osa pas laisser couler.

Il se leva soudainement, traversant la pièce pour se placer devant elle.

Ses mains tremblaient légèrement.

— Et si ce n’était pas trop tard ?

Ses paroles étaient lourdes de sens, mais Camille hésita.

Un frisson parcourut son dos, et son cœur se mit à battre plus vite.

Léo était-il en train de lui dire qu’il y avait encore une chance, malgré tout ?

Elle détourna les yeux, incapable de répondre, craignant que sa propre faiblesse ne prenne le dessus.

La vérité, c’était qu’il y avait toujours une partie d’elle qui avait voulu cette chance.

Mais… était-ce vraiment possible après tout ce temps ?

Le silence entre eux se fit lourd, presque palpable.

Puis, comme si rien ne s’était passé, Léo se recula lentement.

— Je ne vais pas te retenir.

Mais tu devras bien admettre un jour qu’on ne peut pas toujours fuir ce qu’on ressent.

Même sous la neige, même avec des années de distance…

Camille le regarda s’éloigner, un mélange de colère et de désir dans le regard.

Les choses étaient loin d’être aussi simples qu’elle l’aurait voulu.

Mais il était là.

Et, quelque part, elle n’était pas aussi prête à le laisser partir que ce qu’elle se disait.