Fyctia
Chapitre 1 - Partie 2
Enfin, j’y retourne. C’est plus fort que moi, j’aime ce lieu. Il m’a manqué ces dernières semaines. J’en suis tombé amoureux dès ma première visite. Chaque soir armé de mon cahier à spirale et de mes crayons, je m’installe au milieu de cette forêt aux mille arbres. J’aime cette sensation de grandeur, d’espace, loin de la vie oppressante dans laquelle je me suis enfermé.
Chaque soir, j’assiste aux rendez-vous galants, des jeunes et des moins jeunes. J’aime saisir ces moments furtifs et parfois inattendus. Le romantisme des demandes en mariage aux rendez-vous cachés, cette vie nocturne est agitée et paisible à la fois.
Ce soir, il n’y a personne. Un 25 décembre, tout le monde est chez soi à fêter noël entre amis. Mais ce n’est pas mon cas. Le 25 décembre est un jour trop particulier pour moi, alors je reste là ; à contempler la nature. Il se fait tard maintenant, je commence à rassembler mes affaires pour rentrer à la maison. Soudain, j’entends un bruit, un pas pressé, un pas anormalement pressé. Je cherche du regard ce qui se passe et mon regard accroche soudainement une silhouette. Cette silhouette m’est étrangement familière.
Elle s’arrête. Le temps s’arrête. Elle semble si fragile et forte à la fois. Je ne peux détourner mon regard d’elle. Je la contemple, étudiant ces petites plaques de bois amassées. Elle se baisse, regarde autour d’elle et d’un coup mon cœur s’arrête.
C’est elle.
***
Le cœur plus léger, elle se décide à rentrer. En passant sous le torii, elle se retourne par habitude, comme lorsqu’on laisse derrière soi un être cher. Son cœur se serre. Tout à coup quelque chose effleure sa joue. Elle porte sa main à son visage, puis lève les yeux au ciel :
Un flocon de neige…
Les yeux fermés, elle prend une longue inspiration et profite de cet instant de magie.
Elle redresse son bonnet, ajuste son écharpe et marche ces quelques mètres qui la sépare de son « chez elle ».
Arrivée à destination, elle ouvre la porte, se déchausse comme le veut la coutume. Elle déplace quelques affaires pour désencombrer son lit. Elle met en ordre deux trois choses, le reste attendra demain, elle n’a plus le courage. Demain sera un nouveau jour. Couchée, elle réalise qu’à l’autre bout du monde, Noël bat son plein alors qu’ici, la page est en train de se tourner. Elle a bien fait de partir, se dit-elle.
***
A quelques centaines de mètres de là, je pense à elle.
3 commentaires
Lexa Reverse
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Il y a 2 ans
Justine Hurido
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Il y a 2 ans
Célia Blomgren
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Il y a 2 ans