Fyctia
Laia ...
Puis elles se tournent vers moi de concert et referment la porte. Elles rient de bon cœur en voyant mon expression horrifiée.
- Détends toi ! On va lui ouvrir, à ton prince charmant, mais avant on doit te dire un truc. Pas vrai Carole ? Toi aussi, tu l'as vu ?
Elle hoche activement la tête.
- Vu quoi ? Non mais vous êtes malades les filles ! Putain vous pouvez pas lui fermer la porte au nez comme ça !
- Vu comment il te regarde ! Ça saute aux yeux. Il t'aime.
- Il tient à moi.
- Il est amoureux de toi, s'exaspère Carole.
- N'importe quoi. Et puis chut, si ça se trouve il vous entend.
- Mais non !
Elles ré-ouvrent la porte d'un coup. Ethan est adossé en mur d'en face avec une expression sombre et amusée que j'adore. Ah, Ethan … mon Ethan …
Je leur donne une petite tape sur les fesses pour gentiment les mettre dehors.
- Allez, ouste !
Carole s'arrête devant Ethan et lui lance un regard faussement noir qui ne l'impressionne nullement.
- Si tu lui fais du mal, on s'assurera que tu ne puisses plus jamais utiliser ton service trois pièces avec qui que ce soit.
Horrifiée et choquée par son audace, je la suis du regard, une main plaquée sur la bouche. Ethan me regarde toujours, visiblement très amusé.
- Je vois que tu es bien entourée, dit-il, ça me rassure.
- Carole travaille à mi-temps dans un cabinet vétérinaire, tu serais étonné de voir ce qu'elle peut faire avec un bistouri.
Un large sourire étire son visage et il se dirige vers moi.
- Si je te fais encore du mal, je la laisserai faire.
- C'est très aimable à toi.
Je m'efface pour le laisser entrer.
- Tu as passé un bon moment avec tes amies ?
- Oui.
- Vous avez l'air de beaucoup vous aimer.
- Nous sommes très proches. On se connaît depuis qu'on est enfants. Pour ainsi dire, j'ai passé toute ma vie avec elles.
Il me sourit gentiment et se tourne vers la fenêtre quelques instants avant de revenir à moi, l'air stressé.
- Je me disais que … tu accepterais peut-être d'aller dîner avec moi ce soir ? Et après ça on pourrait aller boire un verre. Ou se promener. C'est toi qui vois.
- D'accord.
J'ai répondu à la vitesse de l'éclair. Reprends toi, Laïa. Fais toi un peu désirer, merde !
- Je veux dire … euh … laisse moi réfléchir.
Je dois avoir l'air tellement idiote, là, qu'une expression amusée teinte son visage. Il n'a même pas peur que je revienne sur ma décision !
- D'accord.
- Tu l'avais déjà dis.
Je me sens rougir.
Je dois être la plus mauvaise femme fatale du monde.
* * *
Après avoir copieusement dîné, Ethan et moi avons choisit d'aller boire un verre dans un bar à la lisière de la ville. Nous avons marché côte à côte jusque là et une fois au bar, j'ai attendu nos commandes pendant qu'Ethan allait aux toilettes. Face à l'étalage de bouteilles alcoolisées, je me perds dans mes pensées. Ce soir tout s'est bien passé. Pas un pépin n'est venu obscurcir le reste de notre journée. Ethan s'est montré doux et galant, exactement comme je l'aime.
Quelqu'un prend place sur le tabouret à côté de moi et, pensant que c'est lui, je me tourne.
- Laïa ! Ça fait longtemps !
Je cligne des yeux et souris en attendant qu'un nom se mette sur le visage de l'inconnu. Il me dit vaguement quelque chose.
- Ben alors, tu te rappelles pas de moi ?! John ! Le Prosper !
- Oh ! Salut. Je t'avais pas reconnu.
John. Qui l'aurait crû ? Il y a un an ou deux de ça, nous avions flirté ensemble lors d'un énième soir où j'avais évité de rentrer chez moi. Juste flirté. Rien de plus. Même pas un bisou ! Des compliments, des regards brasillants, des mots tentants, mais rien de plus. Ça m'avait fait du bien de sentir que je n'étais pas « rouillée » par ces années de routine mortelle auprès de Zac. Que je pouvais encore plaire. Intéresser quelqu'un.
Même si personne ne m'intéressait. Un simple passe-temps agréable, rien de plus, pas même un papillonnement dans le ventre.
- Tu écumes toujours les bars à ce que je vois ! je blague.
Il sourit.
- Je n'ai pas trouvé chaussure à mon pied.
- Et tu penses la trouver à moitié soûle dans un bar ? Si tu veux mon avis, les filles seules ici à une pareille heure de la soirée ne sont pas celles qu'il faut présenter à ta maman.
Un large sourire fend son visage.
- Je ne te voyais pas comme ça. Donc tu n'es pas le genre à présenter à ma maman ? Je suis déçu.
- Je ne suis pas seule, lui dis-je avec un clin d’œil.
Il regarde autour de nous.
- Oh. Je me disais bien aussi que tu n'avais pas l'air totalement dépravée.
- C'est gentil.
Sa remarque me fait sourire.
- Tu te fous de ma gueule ?
Je sursaute et me retourne. Ethan est là, figé, la mâchoire contractée. John relève un sourcil amusé et se tourne avec une lenteur exagérée vers lui.
- C'est lui ? demande t-il si doucement qu'Ethan ne peut le voir ou l'entendre.
- Oui, dis-je.
Mais comment le qualifier ? Ce n'est pas mon petit ami. Mon meilleur ami ? Jaloux au point de t'exploser la face si tu t'approches trop de moi ?
Impossible.
Ethan se contient tant bien que mal. Il tourne un regard quasi suppliant vers moi, attendant que je lui dise que non, je ne flirte pas avec le garçon à côté de moi. Et c'est le cas ! Mais j'ai la langue lourde, comme du plomb.
- Laïa …
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