LolaB Ne plus jamais te dire au revoir Confiance et confidences

Confiance et confidences

Trois paires d'yeux s'écarquillent, mais avant que chacun y aille de son opinion je décide de continuer :

- Je ne l'aime plus, dis-je, et à vrai dire je me demande si je l'ai déjà aimé un jour. Écoutez, Zac est quelqu'un de bien. De gentil, d'attentif, d'affectueux. Mais je ne suis pas amoureuse de lui. J'ai essayé, pourtant. De m'adapter à ses caprices, à ses obsessions et à tous ces dîners mondains. Mais je n'y arrive pas. Je n'ai pas envie que quelqu'un fasse mon ménage pour moi et range tout jusqu'à mes petites culottes. Je ne me sens même plus chez moi. J'en suis arrivée à prendre des détours après le travail pour rentrer plus tard … parce que je n'étais pas heureuse.

Les larmes me piquent les yeux mais je continue quand même.

- Et il y a autre chose. Non seulement je ne suis pas amoureuse de Zac, mais en plus je le suis de quelqu'un d'autre. Ce garçon …

Je jette un coup d’œil anxieux à mon frère. Son regard est indéchiffrable. Est-il en colère ? Furieux ? Compatissant ? Impossible de le savoir.

- Ce garçon c'est Ethan Palmer.

Voilà, c'est dit. Évidemment son nom n'est étranger à personne.

- Il y a quatre ans il est partit. Et aujourd'hui … il est revenu.

- Aujourd'hui ? demande ma mère.

- Non, pas aujourd'hui, il y a quelques jours de ça déjà. Il a débarqué dans le cours de sport de Lukas et Valentin pour me voir. Et on s'est vu. On s'est parlé. J'ai essayé de le détester, d'accord, mais je ne peux pas. Je l'aime.

Mon père jette un regard amusé à ma mère tandis que celle-ci me regarde avec compassion.

- Tu sais chéri, ton père a été un mauvais garçon, lui aussi. Et tout comme toi, j'ai moi aussi essayé de le détester.

Tiens, papa mauvais garçon ? Qui l'eût cru !

Je l'observe en coin un instant. Il se dégage de lui une sérénité, une sagesse et une tempérance incroyable.

- Putain mais Laïa ! explose mon frère, qu'est-ce qu'il te faut de plus ? Zac était là quand l'autre t'as laissé tomber ! Tu te souviens ? Il t'as laissé tomber ! Il t'as rendu malheureuse ! Et même quand il l'a su, il n'est pas revenu !

- Lukas ! gronde mon père.

Même s'il a vingt deux ans, mon jumeau se ratatisse dans le canapé sous la voix tonnante de mon père.

- Je sais Lukas, dis-je, je le sais même mieux que toi ! Mais je n'y peux rien, je ne contrôle pas ce que je ressens. Je l'aime, c'est tout. Quand il est là je me sens bien, aimée, en sécurité … il y a quatre ans c'est aussi ce que je ressentais. Ensuite il y a eu le vide.

- Alors pourquoi il est partit ?

- Il a dit que c'était pour me protéger. Me protéger de lui, je précise, parce qu'il avait peur de gâcher ma vie, parce qu'il ne me méritait pas. Parce que ce qu'il ressentait pour moi c'était nouveau. Il avait jamais tenu à quelqu'un.

- Et maintenant ? Il est revenu parce qu'il se croit digne de toi ?

- Non, mais aujourd'hui il veut changer. Il veut faire des efforts …

- Ma chérie, me coupe ma mère, écoute moi attentivement. Ce garçon … je me rappelle de lui. Comment l'oublier alors qu'il a sauvé la vie de mes fils ? Qu'il a défendu ma fille quand elle en avait besoin ? Il a dû faire beaucoup d'erreurs à cette époque, je n'en doute pas. Mais pour agir ainsi, au péril de sa vie … c'est qu'il y a un bon fond. Je serais toi je le croirais quand il te dit qu'il est partit pour te protéger de lui. Plus sincère, c'est difficile à faire. En te disant ça il est facile de comprendre à quel point il se haïssait. Il te donne les clefs de son âme. Pour toi ça peut paraître maigre, comme explication, mais je suis sûre que ça lui a demandé un réel effort. Il se hait peut-être toujours. Mais il a confiance en toi, suffisamment pour te faire part d'un de ses pires démons.

Elle donne un gentil coup d'épaule à mon père qui a prit sa mine renfrognée.

- Allez, chéri, rappelle toi. Toi aussi tu as été ce genre de garçon, à une époque …

Il fait la moue puis se déride un peu.

- Zac ne te rendait pas heureuse ? demande t-il.

- Non. Il me rendait folle.

- Et Ethan ?

- Je suis heureuse avec lui. J'aime sa présence.

- Il prend soin de toi ?

- Oui.

Lukas soupire à côté de moi.

- Écoute Lukas, dit ma mère, à présent ta sœur est une femme. Regarde la !

Il me regarde comme s'il avait à faire à une gamine désobéissante.

- C'est une femme, répète ma mère, elle sait ce qu'elle fait. Zac n'est pas un garçon pour elle, c'est tout. Tu veux qu'elle soit heureuse, non ?

Il grogne une vague approbation.

- Alors soutiens la. Sois là pour elle. Accepte ses choix.

- On vous a élevé pour que vous soyez toujours là les uns pour les autres, peu importe que vous approuviez ou non vos choix. Nous voulons que vous vous souteniez, Lukas. Ne gâche pas ça. Fais confiance à ta sœur, elle sait juger les gens.

Il marmonne quelque chose dans sa barbe puis se tourne vers moi.

- Tu as intérêt à faire attention à toi. Et si il te déçois encore une fois …

- Je sais, je sais, Luke. Merci.

Je me penche vers lui pour entourer son cou de mes bras.

- Je t'aime, frangin.

- Moi aussi.

- Bien ! nous coupe notre père en se levant, puisque tout est réglé, allons finir de préparer ce déjeuner ! Vous restez avec nous, les enfants ?

Nous acquiesçons et les garçons se lèvent, nous laissant seules avec ma mère. Celle-ci se précipite à côté de moi et prend mes mains dans les siennes.

- Tu dois foncer, chérie. Ce garçon est revenu pour toi !

- Comment peux-tu en être sûre ? Comment puis-je lui faire confiance à nouveau ?

- Ce jour-là, quand ton père et moi nous avons rejoins à l'hôpital, je vous ai vu Laïa. Dans la chambre de ton frère. Tu dormais, la tête sur son épaule. Et lui te regardais. Nous nous sommes approché et tu veux savoir la première phrase qu'il a dite ? Je hoche la tête, intriguée.

- « Je pourrai passer des heures à la regarder dormir ». Je lui ai souris, et il a ajouté : « vous avez une fille exceptionnelle, Madame Lucero. J'ai tellement de chance de l'avoir dans ma vie ». A cet instant précis, en plus de lui être reconnaissante pour avoir sauvé mes enfants, je me suis dis qu'il devait veiller sur ma fille à merveille. Il m'a inspiré confiance.

Je reste bouche bée devant ces révélations pendant de longues minutes. J'éprouve le besoin, le désir irrésistible de retrouver Ethan et de lui sauter au cou.

- Tu en as d'autres des comme ça, maman ?

- Oui, chérie. Tu veux la connaître ?

Je me carre dans le canapé, ma curiosité piquée au vif, et hoche activement la tête. J'ai le cœur gonflé de joie. Ethan ... Mon Ethan.

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