LolaB Ne plus jamais te dire au revoir L'élu

L'élu

Je baille et m'étire comme un chat lorsque mon bras heurte quelque chose. Ou plutôt quelqu'un.

Je sursaute avant de me rappeler qu'Ethan est là. Déjà réveillé, il m'observe.

- Bien dormi ?

Je hoche la tête.

- Bien, je t'emmène déjeuner. Tu as faim j'espère ?

- Pourquoi je n'aurais pas faim ?

- Oh, ben avec tout ce que tu as vomi cette nuit …

Je fronce les sourcils et à mesure les souvenirs me reviennent. J'ai vomis devant Ethan.

- Encore.

- Oh non pas encore …

- Et si.

Il se penche vers moi.

- Mais rassure-toi, tu es la seule femme que je connaisse qui reste sexy même avec la tête dans la cuvette des toilettes.

Un sourire ravageur étire son visage. Un sourire que je voudrai détester. Mais que j'aime bien plus que je ne veux l'admettre.

Je fais mine de grogner et saute du lit pour trotter jusqu'à la salle-de-bain où je m'enferme. Je me déshabille et fonce sous la douche pour essayer de me décaper de toutes mes envies. Il est là … tellement beau. J'ai envie qu'il me serre dans ses bras, qu'il m'embrasse …

Non. Stop. Deux jours. Ça fait deux qu'il est revenu, alors je ne peux pas me laisser aller à penser à ces choses-là, comme au goût de sa bouche sur la mienne ou alors à la sensation de ses bras musclés autour de moi. Ça y est, je recommence. Je me frictionne la tête comme une malade pour chasser ces pensées et quand je sors quelques minutes plus tard, elles ne sont toujours pas parties. Je m'en veux tellement. Je m'en veux de ne pas avoir été capable de le détester une seule heure, ni même une seule minute. Je m'en veux de céder si facilement et de lui faire une place dans ma vie même s'il ne s'en rend pas compte.

Et pourtant je pourrais le détester, parce qu'il m'a brisé le cœur ! Je lui ai donné ma confiance, ma sève et mon amour, mon espoir, et il a marché sur tout ça comme si ça ne comptait pas pour lui. Mais les gens sont différents quand il s'agit de prendre soin des choses auxquelles ils tiennent. Ou des gens auxquels ils tiennent. Ethan est paradoxal, et il m'a fui. Il a fui mes sentiments. Mais partir dans son langage signifie peut-être aimer. Protéger. Qui sait où s'arrête l'un et ou commence l'autre ?


* * *


Je me fais pitié. J'ai essayé de m'apprêter correctement parce qu'Ethan est là. Je me suis maquillée et me suis regardée par trois fois dans la glace. Et à chaque fois qu'il me parle je me passe bêtement la main dans les cheveux.

Nous avançons sur les pavés qui bordent la plage et arrivons vers les restaurants. Ethan s'engouffre dans le premier sur notre droite, un que je reconnaîtrais entre mille.

C'est le café. Je ne sais pas s'il l'a fait exprès ou pas et je n'ose pas le lui demander.

Et comme si ça ne suffit pas, il nous installe à la table exacte où je me suis assise avec mon frère et Caleb quatre ans plus tôt. Un serveur vient aussitôt nous voir, un carnet à la main.

- Bonjour, que désirez-vous ?

- Deux croissant, un jus de fruit et un café s'il vous plaît, demande t-il.

Le serveur acquiesce et repart. Je pousse un profond soupir.

- Cet endroit ne te rappelle rien ? continue t-il.

Je lève les yeux vers lui. On y est.

- Si. C'est ici que je suis tombée amoureuse de toi.

Il esquisse un sourire désolé puis baisse les yeux sur ses mains, croisées sur la table.

- Je suis contente que ce genre de déclarations ne t'effraie plus autant.

Il accuse le coup, encaisse sans dire un mot pendant de longues minutes. Le serveur dépose devant nous notre déjeuner et l'addition puis s'en va. Je m'adosse sur ma chaise et croise les bras comme pour mettre une barrière symbolique entre nous.

Un jour je suis tombée amoureuse d'Ethan dans cet endroit. Je ne voudrai pas que ça recommence.

- T'es plus dure qu'avant, dit-il finalement.

- Avant, je ne savais pas que ça faisait mal comme ça d'être amoureuse de toi.

Faire des remarques perfides ne me ressemble pas et pourtant c'est exactement ce que je fais. Il ne touche pas à sa tasse de café.

- Ce n'est pas facile d'être celui qui part, celui à qui on en veut, qu'on déteste. Le méchant. C'est pas facile d'être ce mec là, Laïa.

Je ris faussement et avale une gorgée de mon jus de fruit.

- Je veux bien te croire Ethan. Mais je peux te dire une chose, c'est que le plus dur, c'est d'être celle qui reste. Celle qui n'est pas assez bien pour que le garçon n'ait pas envie de la quitter.

Tous ses traits s'étirent. Il est indigné par ce que je viens de dire.

- C'est toujours comme ça de toute façon, soupirai-je, le garçon part avec la mauvaise fille. Toujours.

- Je ne suis partis avec aucune fille !

Je hausse les épaules.

- Je m'en fiche de toute façon.

- Alors c'est ça que tu penses ? Tu penses que tu n'es pas assez bien pour moi ?

On dirait qu'il prononce des mots qui lui paraissent totalement étrangers et dénués de sens.

- Oui, j'ai pensé que je n'étais pas assez bien pour que tu restes avec moi. Peut-être que si j'avais été différente … peut-être que tu serais resté.

- Si tu avais été différente je n'aurai pas ressentis …

Il s'arrête brusquement.

- Tout ça, dit-il en faisant un geste évasif de la main.

Je pinaille mon croissant sans dire un mot pendant un long moment.

- Raconte moi, dit-il au bout d'un moment.

- Te raconter quoi ?

- Ce que j'ai loupé.

- Tu veux que je te résume quatre ans de ma vie ? je gausse.

Il ne me tient pas rigueur de la raillerie dans ma voix.

- Oui.

- Bien. D'accord. Deux bonnes semaines après ton départ, Zac nous a proposé à tous d'aller finir les vacances dans le chalet de sa tante. On s'y est rendu. Inutile de te préciser que on s'était remit ensemble … plus ou moins.

Il serre la mâchoire mais s'efforce de ne rien dire. Je lui en suis reconnaissante.

- Bref. Il m'a demandé en fiançailles, j'ai accepté, on a emménagé ensemble. J'ai commencé les cours, la fac de droit ça me plaisait beaucoup. J'y ai passé trois ans, puis Zac a perdu son travail et ses parents ont décidé qu'ils n'allaient pas nous aider, « que ça nous ferait les pieds ». Je n'ai pas repris les études et à la place j'ai commencé à travailler au club pour ramener de l'argent. Voilà où j'en suis.

Je lui jette un coup d’œil en plantant ma fourchette dans mon croissant.

- Pathétique, hein ?

- Tu n'es pas pathétique, loin de là. Et … et avec Zac ?

Il hésite un peu, incertain de vouloir connaître la réponse.

- Zac est un homme bien. Gentil, brillant, attentif. Bienveillant. Il semblait parfait.

- Oui ben c'est bon ! me coupe t-il. Zac est l'homme parfait on a comprit.

C'est vrai, j'ai fais un peu exprès de le piquer.

- Mais ce n'est pas l'homme de ma vie, je continue, je ne pouvais pas.

Il n'était pas comme toi. Je ne l'aimais pas comme toi.

Ses traits se relâchent instantanément. Il est soulagé. Si seulement il savait à quel point il n'a pas à s'en faire … Ethan est le seul. L'élu.

Tu as aimé ce chapitre ?

5

2

2 commentaires

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.