LolaB Ne plus jamais te dire au revoir Je ne te ferais jamais de mal

Je ne te ferais jamais de mal

LAIA


Un bruit dérange mon sommeil et me réveille. Des bruits de pas s'avancent vers mon lit.

- Tu as oublié quelque chose ?

Comme mon ami ne me répond pas, je me redresse et découvre Ethan avec stupéfaction.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Valentin m'a laissé entrer. Je … j'en sais rien. Je voulais te voir.

Il avance vers moi, hésitant.

- Comment tu te sens ?

- Mal. Et toi ?

- Jaloux. Il en a de la chance, Valentin.

Il referme sa bouche instantanément, conscient qu'il a parlé trop vite.

Un rire nerveux étire ses lèvres. Je sais pertinemment qu'intérieurement ça ne le fait pas du tout rire. Et moi non plus.

J'attrape le bord de la couette et la rejette sur le lit, découvrant mes jambes nues.

- Allez, vas-y, dis-je.

- Vas-y quoi ?

- Fais ce que tu as à faire.

Il paraît sincèrement ne pas comprendre.

- Coucher avec moi, j'explique l'air faussement agacée, c'est bien ce que tu veux, non ?

Sur son visage, l'incompréhension laisse place à la colère.

- Non ce n'est pas ce que je veux, dit-il froidement.

- Je te dégoûte ?

- Bordel mais arrête avec ça Laïa !

Intérieurement je m'amuse un peu de la situation. Quand Ethan va t-il se décider à me dire ce qu'il ressent vraiment ?

- Tu veux coucher avec moi, oui ou non ?

- Non ! Enfin oui … mais non ! Tu sais quoi, tu m'énerves !

Il fait demi-tour et repart vers la porte, furibond.

- Ethan ?

Il soupire, se retourne. Je ramène la couette sur moi.

- Pourquoi tu es partis ?

Les larmes me brûlent les yeux. Je le fais tourner en bourrique, c'est vrai. Mais je l'aime. Je l'aime tellement … je voudrai être le genre de fille qui l'attire. Pas seulement la bonne copine avec qui il aime passer du temps. Bien plus que ça.

Il fait demi-tour un peu à contrecœur et vient s'asseoir sur le lit, laissant quelques centimètres inutiles entre nous. Inutiles parce qu'à cet instant je sais déjà qu'un jour ou l'autre je succomberai à son charme.

- Je suis partis pour te protéger ! dit-il d'une voix de fausset. Tu peux comprendre ça ? Je voulais te protéger de moi ! Je pensais que c'était idiot et irrationnel de penser que tu pourrais rester avec un mec comme moi ! Est-ce que tu le comprends ?

Non. Non je ne l'avais pas compris avant. Moi j'ai cru qu'il me rejetait. Qu'il me repoussait. Encore. Et ça m'a brisée. Non, c'est vrai, avant ça je n'avais pas vraiment compris. Il avait voulu me protéger ! Me protéger de lui. Il avait peur de causer trop de dégâts dans la vie de la délicate petite Laïa.

Mais rien que de l'entendre, ça suffit à recoller un peu les morceaux. Ces mots sont comme un baume pour moi qui me suis longtemps posé tellement de questions.

- Tu peux dormir ici …, dis-je doucement.

- Et qu'est-ce qui me dit que demain matin tu ne vas pas me dégager à grands coups de pompes dans le derrière ?

Je me tourne sur le flanc et ferme les yeux, laissant la brume du sommeil m'engloutir toute entière. Ce soir, je suis plus apaisée.

- L'instinct suffit …


* * *


Je suis réveillée dans la nuit par de violents spasmes à l'estomac. Je grimace, me tire du sommeil tant bien que mal. Mon ventre se tord, se contracte, me fait un mal de chien. J'ai un haut-le-cœur et me rends compte que je suis prise d'une violente nausée. Ethan bouge à côté de moi.

- Un problème ?

Je serre les lèvres, incapable de répondre, et je me précipite à la salle-de-bain.


ETHAN


Je me rue derrière elle, très inquiet. Je repousse doucement la porte de la salle-de-bain. Laïa est penchée au-dessus des toilettes et rend tripes et boyaux. Je crains de me faire envoyer paître mais tant pis, je prends un élastique qui traîne sur le lavabo et m'approche doucement d'elle pour lui nouer les cheveux. Je lisse ses mèches vers l'arrière et les attache. D'une main, j'ouvre le placard et attrape un gant de toilette. Je l'humidifie pendant que Laïa est à nouveau secouée par la nausée. Je lui presse le gant sur le front. Un instant plus tard elle recule et s'adosse au mur carrelé en grognant. Je l'observe. Alors qu'elle est malade et que son visage est traversé par la douleur, je la trouve si belle. Et je me rends compte d'une chose : mon chez moi, c'est elle.

Mais le pire en la regardant, c'est de me dire qu'elle est dans cet état là à cause de moi. Si je ne lui avais pas renvoyé son amour en pleine face, alors ce soir elle ne serait certainement pas ivre et bouleversée, la tête basculée dans la cuvette des toilettes d'une chambre d'hôtel.


LAIA


Le carrelage est dur sous mes fesses, impitoyable. La faïence est froide dans mon dos. Ma vue se trouble et je fronce les sourcils en tanguant. Je ravale un haut-le-cœur et garde la bouche fermée juste assez longtemps pour repasser au-dessus des toilettes et me vider à nouveau d'une quantité incroyable de liquide.

Mon cœur bat vite et fort et martèle ma poitrine. Et pourtant, dans ce moment terriblement éprouvant et gênant, je ne peux m'empêcher de la ressentir, cette attirance familière. Je suis aimantée, comme Icare vers son soleil. Je m'y suis déjà brûlée les ailes et pourtant aujourd'hui, je suis encore là. Et lui aussi.


ETHAN


Elle geint au-dessus de la cuvette et tremble de tous ses membres. Puis elle s'adosse une nouvelle fois contre le mur et je presse le gant sur son visage trempé de sueur.

De longues minutes passent pendant lesquelles elle cesse de vomir. Je m'accroupis près d'elle et entreprends de la soulever. Laïa est dans mes bras, affaiblie, fragile, malade, et elle a plus que tout besoin que je prenne soin d'elle. Mes sentiments à son égard sont plus forts que tout.

Je l'allonge dans le lit, ramène la couette jusqu'à ses aisselles et vais m'allonger à ses côtés sur le dos, droit comme un i.

Elle soupire, se retourne et cale sa tête contre mon bras.

Une bonne demie-heure passe et je finis par m'abandonner au sommeil.


LAIA

Quatre ans plus tôt ...


- AUX GROS CONS ! je trinque.

J'entrechoque la bouteille de rhum contre celle de whisky que tient Ethan et avale une longue gorgée. Le liquide ambré coule le long de ma gorge et m'arrache une quinte de toux ; je n'ai pas l'habitude de boire autant contrairement à lui. Mais après plusieurs gorgées la brûlure est moins intense et plus supportable. Aucune fille saine d'esprit ne se sentirait en sécurité, dans un garage, la nuit, avec un garçon qu'elle connait à peine. Mais je ne suis pas n'importe quelle fille, dans n'importe quel garage, avec n'importe quel garçon.

- Tu ne bois pas souvent toi, hein ?

- Ca se voit tant que ça ?

Il hoche la tête et je rigole bêtement.

- Et puis tous les mecs ne sont pas comme ça.

- Trouve moi en un qui est différent.

Il empoigne ma bouteille et dépose à côté de lui en me lançant un regard d'avertissement.

- Moi.

J'explose de rire et prends conscience trop tard que ma réaction l'a blessée, alors je me calme et tousse plusieurs fois pour tenter de dissiper le mal-être et de reprendre mes esprits.

- Tu penses vraiment que je suis comme les autres ?

Cette pensée parait le blesser sincèrement.

- Je ne te ferais jamais de mal.

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