Fyctia
Tu as marqué ma vie
- Salut, c'est moi. Euh enfin …
Il y a un silence.
- C'est Ethan. Euh je … j'ai eu ton numéro. Ça doit te faire bizarre et à vrai dire, à moi aussi. J'aurai aimé que tu décroches. Je t'appelle parce que … je sais pas, sûrement pour la même raison qui m'a poussé à appeler ton frère. Parce que j'ai envie de revoir ton visage, depuis tellement de temps. Un peu comme lorsqu'on retourne à un endroit où on a passé beaucoup de temps … la maison de ses parents … sa ville natale. A un endroit qui a marqué notre vie.
Il rit nerveusement et ma main se raidit. Le stylo glisse à travers mes doigts et va s'écraser au sol tandis que je l'imagine en train de se frotter la nuque.
- Visiblement, j'ai envie de revoir ton visage parce qu'il a marqué ma vie.
La main plaquée sur la bouche, le regard fixe, je me laisse glisser le long du mur. Un flot d'émotions se déverse sur mon cœur. De l'amour, de la reconnaissance. Du soulagement.
Des spasmes me secouent toute entière.
- Bon, voilà. J'espère que tu vas me rappeler, j'y tiens. On pourrait se revoir … ou se parler. J'aimerai entendre ta voix car elle aussi, elle a marquée ma vie. Je sais tu dois avoir envie de me frapper de te dire des choses pareilles après tout ce temps mais je peux pas m'en empêcher, alors autant aller jusqu'au bout. Je suis qu'un égoïste, tu le sais bien. Tu me manques, et même si j'ai pris l'habitude de vivre avec ce trou dans ma poitrine, je ne veux plus avoir à le faire. Rappelle moi. Je … je pense à toi. Je t'embrasse. Pour supprimer ce message, appuyez sur la touche deux. Pour archiver ce message, appuyez sur …
La touche trois. J'appuie sur la touche voulue et raccroche, totalement défaite. Je n'en reviens pas.
Bowerbirds des Crooked Lust est la chanson qui tourne en boucle dans ma tête.
Suis-je capable de le revoir ? Pourrai-je le supporter ?
Cette voix … cette voix dont j'ai essayé de me souvenir de toutes mes forces, cette voix que j'ai rêvé d'entendre …
Elle est là.
Ethan. Le seul homme que j'ai véritablement aimé, le seul qui m'ait véritablement manqué. Mes sentiments sont vrais, bruts, sincères. Et c'est pourquoi je m'effondre littéralement en entendant sa voix. Certains diront sûrement que je suis faible et incapable d'encaisser le moindre coup. Mais ceux-là ne sauront simplement pas à quel point j'aime Ethan.
Il est revenu et veut me voir, mais pourquoi ? Fais-je seulement encore partie de l'équation ?
Il est partit. Et compte tenu de toutes ces années de silence, j'ai supposé que c'était finit entre nous.
Pour lui, en tous cas. Mais pour moi ?
La réponse, je la connais déjà.
A la seconde où Zac avait refermé ses bras sur moi après le départ d'Ethan, j'avais comparé sa façon de m'étreindre à la sienne. Quand il m'avait embrassé c'était agréable, mais je n'en avais pas autant envie qu'avec Ethan … mes comparaisons étaient injustes et inutiles, j'en étais consciente. Et j'avais essayé de m'en empêcher.
Sans succès.
Le lendemain ...
Je ne l'ai pas rappelé. Cette phrase m'a hantée toute la nuit et continue de me torturer. Ethan est là, quelque part autour de moi, en vie. Et il veut me voir. Quant à moi, j'en ai rêvé depuis des années. Même quand j'ai cessé de l'appeler, j'ai passé mon temps à espérer que lui le fasse.
Et il vient de le faire.
Mais pourtant moi, je l'ai ignoré, ne répondant pas à l'appel de mon cœur et de mon corps. Parce que voir, sentir et retrouver Ethan est tout ce que je veux.
Peut-être veut-il simplement prendre de mes nouvelles. Pas de quoi s'emballer. Dans ce cas je pourrai accepter son invitation, le voir, m'en repaître, et repartir simplement. Peut-être que je pourrai enfin apposer un point finale à cette histoire ?
Comme si j'arriverai à faire un truc comme ça !
- Putain Laïa, tu ne sais pas ranger ou quoi ?
Je me retourne d'un coup sec.
- Pardon ?
- Tu sais bien que tu n'es pas une fille très ordonnée, reprend-il d'un ton plus calme.
On dirait que c'est un crime. Je commence à perdre mon sang-froid, agacée d'être sortie de mes pensées par lui et pour ce genre de raisons.
- Écoute Zac, je tolère ton obsession pour le rangement, mais arrête d'être tout le temps flanqué derrière mon dos. C'est insupportable.
Il soupire profondément et bat en retraite.
- Bon, tu veux que je t'emmène ?
- Non ça va aller, merci. J'ai envie de marcher.
Zac acquiesce et n'insiste pas. Je prends mon sac et le passe en bandoulière sur mon épaule, puis m'en vais. Un cour de sport est donné cet après-midi dans le gymnase où Valentin entraîne son équipe de foot. Comme c'est ouvert à tous, tous mes amis y vont. Ça me fera sûrement du bien, de m'y rendre. D'ailleurs je suis prête à partir.
Si il n'y avait pas Zac je n'hésiterai un instant à rappeler Ethan. C'est sûr. Mais aujourd'hui … je ne peux pas tous les décevoir et faillir à mes principes, oublier les promesses que j'ai formulées et faire comme si rien n'avait existé.
J'arrive au gymnase quinze minutes plus tard. Le parking est plein de voiture mais vide de monde. Je jette un coup d’œil à ma montre ; je suis en retard.
Je me presse à l'intérieur et rejoins les vestiaires pour me changer tandis qu'une multitude de voix retentit depuis la salle. Je m'assois sur le banc où j'avise les affaires d'Enora et de Carole. La pièce est meublée de casiers individuels et l'air est saturé d'effluves de sueur et de vieilles baskets. Je plonge la main dans le col de mon chemisier. J'en sors le pendentif en argent qu'Ethan m'a offert, quatre ans plus tôt. Il me vient à l'esprit que c'est la seule chose de lui que j'ai jamais possédée, la seule confirmation de notre réalité, exceptées les images intangibles qui demeurent dans mon esprit. Je me demande si il lui est arrivé, au cours de ces quatre années, de repenser à ce collier. Ce collier qui m'est devenu si précieux et qui pourtant me renvoie si cruellement la vérité en pleine face. Ethan a disparu de la circulation. Il s'est littéralement volatilisé et n'a plus jamais cherché à me joindre.
Je chasse ces pensées de mon esprit et me passe un short, puis un débardeur. J'enfile mes baskets, me lève et me dirige dans le couloir qui mène au gymnase. Les murs ont été fraîchement peints et sentent l'eau de Javel.
Lorsque je débouche dans le gymnase, mon frère est avec Enora et Carole avec Valentin. Forcément, puisque je suis en retard. Je me dirige vers le coach, mes baskets couinant sur le lino.
- Bonjour, coach. Avec qui puis-je me mettre ?
Il se tourne vers moi. Le coach qui entraîne l'équipe de mon frère est un homme de taille moyenne, bedonnant et mal fagoté. Un peu bruyant aussi, mais drôlement gentil.
Il fixe un point derrière moi.
- Tiens, mets toi avec lui !
Je me retourne et là me fige, incapable du moindre geste, totalement sous le choc.
ETHAN.
5 commentaires
Fyctia
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Il y a 7 ans
Fyctia
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Il y a 7 ans
LolaB
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Il y a 7 ans
Fyctia
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Il y a 7 ans