Fanny, Marie Gufflet Ne dis pas "plus tard" à l'Amour 9- Eva (partie 2)

9- Eva (partie 2)

Je manque de m’étrangler avec mon croissant.

— Comment ? Je… enfin… comment as-tu su ? C’est encore mes parents, c’est ça ? Je te jure, je vais leur couper la langue.

— Easy, Red (calme-toi), je n’ai fait que tirer des conclusions. Tu t’es touchée le ventre à plusieurs reprises, ça doit être inconscient, mais tu l’as fait. Tu as pincé ton nez quand le barbu est passé à tes côtés et tes seins ont doublé de volume, à moins que tu aies subi une augmentation mammaire. Je te rappelle, j’avais l’habitude de t’accompagner faire ton shopping, y compris tes soutiens-gorge, une torture, vu que tu me faisais parcourir je-ne-sais combien de magasins.

— En fait, je n’ai pas encore fait mon écho.

Il comprend. Il sait même la raison de mon refus.

— Avant de prendre ta décision, fais-le ! S’il te plait.

Sa voix se brise sur ses mots. Il ne réplique rien de plus, il n’essaye pas de me persuader davantage. Je l’en suis reconnaissante.

— Et toi ? J’ai appris que étais divorcé. Je suis navrée.

— Bah ! Tu n’y es pour rien.

— Comment vous en êtes arrivés là ?

— On a pas su gérer la routine. Moi, j’ai cessé de lui dire combien elle était belle, combien je l’aimais. Et, quand on a tenté de sauver ce qui restait de nous, on voulait un bébé, j’ai appris que je ne pouvais pas avoir d’enfant.

— Mince !

Je mets une main sur ma bouche. Le pauvre ! La vie ne l’a pas épargné.

— Ça a mis un terme à notre mariage. Elle est tombé dans les bras d’un autre qui lui a fait un gosse.

— Jules, je suis tellement désolée.

— Moi aussi, mais c’est du passé. Il y a encore des jours douloureux, comme le 31 où j’ai officiellement reçu mes papiers de divorce. Au-delà du fait que j’étais fou d’elle, j’ai dû apprendre à conjuguer avec l’échec.

Fou d’elle… je ne devrai pas, c’est mon Jules, mais je suis morte de jalousie.

— J’aurai dû être là pour toi, je m’en veux, bredouillé-je.

Ça y est, je me mets à pleurer. Comme une madeleine.

— Eh, ça va…

Jules m’enlace de ses bras comme il l’aurait fait avant. Il sent bon la lessive et un parfum plus masculin que dans mes souvenirs.

— C’est toi qui devrait être consolé et c’est moi qui pleure ! Fichues hormones ! Tu vois comment la grossesse me rend déjà bizarre, imagine les mois qui vont suivre.

— Ce que j’ai dit il y a quelques années plus tôt, je le pense encore. Je serai toujours là pour toi.

Des images de sa demande en mariage affluent dans ma tête. En dépit de sa maladresse, je me souviens avoir été touchée par la sincérité de son amour pour moi. Jules était prêt à m’épouser alors que nous n’avions que 18 ans. Ce jour-là, j’ai ressenti une vive douleur dans ma poitrine. J’avais perdu deux personnes de valeur, dont mon meilleur ami. Lui briser le cœur et fuir mon passé a été une décision difficile, mais selon moi, nécessaire. Je ne me serais jamais pardonné de l’avoir enchainé dans un mariage pour lequel je n’étais pas amoureuse. Ce n’était pas juste pour lui. Pourtant, quand je le regarde à cet instant, je ne peux m’empêcher d’avoir le goût du regret sur le bout de la langue.

— Merci, dis-je avec peine.

— Bon, cessons de déprimer, viens Red, on va se balader.

Sur ces entrefaites, Jules me prend la main pour m’attirer dehors sous un soleil de plomb. Heureusement que l’air est frais où je suerais à grosses gouttes.

La vie est étrange parfois ! À mesure que Jules, lui, s’embellit, moi, je vais—si je garde l’Alien dans mon ventre—grossir comme une pastèque.

Tandis que nous marchons parmi les badauds, j’aperçois des visages familiers. Je salue de la main les amis de mes parents, désireuse de mettre de la distance entre eux et tire sur la manche de Jules pour m’éloigner aussi vite que possible.

— Vite, filons par là, murmuré-je. S’ils nous tombent dessus, ils ne vont pas me lâcher d’une semelle et je ne suis pas d’humeur à bavarder.

Nous nous déplaçons rapidement et je suis obligée de ralentir la cadence, un peu essoufflée.

— Eh, vas-y mollo, tu respires pour deux, ok ?

— Enregistré, docteur Jules.

Des fois, j’oublie qu’il est médecin. Maman m’a dit qu’il finissait ses dernières années d’étude, haut la main. Ça ne m’étonne pas !

— Dis donc, quand tu auras ton cabinet, docteur, tu risques d’avoir de belles patientes toujours malades, prêtes à te mettre le grappin dessus. Va falloir que je les freine, hein ?

Jules sourit, ses yeux bleus me scrutent avec amusement et je me sens fondre pour lui. Troublée par l’intensité de son regard, je change de sujet :

— Dis, depuis quand tu es tatoué, toi ? Je croyais que tu détestais les tatouages.

— Non, je déteste les blaireaux tatoués, surtout les Jimmy !

Cette fois-ci, c’est à moi de rire.

— J’en ai 4, avoue-t-il.

— Quoi donc, des blaireaux tatoués ?

— Non, des tatoos.

— Sérieux ? Ben dis donc… tu m’épates ! Va falloir me les montrer.

— Va falloir que j’enlève mon T-Shirt.

Je rougis comme une adolescente. Il fait chaud tout à coup. Jules sourit de plus belle, ravi de m’avoir mis dans l’embarras.

— Tu rougis, Red ?

Mince ! Qu’est-ce qui se passe ? Depuis quand Jules est-il devenu aussi viril ? Pire encore, depuis quand exerce-t-il un effet sur moi ? Feignant l’indifférence, je réponds avec audace :

— Bah, non ! Je t’ai vu des milliers de fois torse nu, alors ce n’est pas quelques muscles qui vont changer la donne.

Comme si j’allais résister à tout ça ?

— Tant mieux, je compte t’inviter à la plage ce week-end pour un pique-nique. Partante ?

Te voir torse nu ? Je ne raterai cela pour rien au monde.

— Hum… je vais voir dans mon agenda si je suis libre, blagué-je.

Mais, est-ce un rencard ? Que je suis bête !

Son portable sonne et met fin à l’ambiance joviale qui régnait entre nous.

— Non maman, ce n’est pas possible, je suis de garde demain et vendredi. Pourquoi pas samedi ?

Mon ami vrille sur moi un regard inquisiteur.

— …

— Euh… dimanche, j’ai déjà un truc de prévu. Ok, je lui demande, je suis avec elle justement.

Il s’arrête un instant.

— Red, mes parents aimeraient t’inviter à dîner samedi soir, tu es dispo ?

— Oui, avec plaisir.

— Maman, c’est ok. Mais, cuisine pour dix, Red risque d’être affamée, plaisante-t-il.

Je lui donne un coup de coude dans les côtes. Il fait semblant d’être souffrant.

Ça me plairait bien de jouer les infirmières… Grrr… Faut que je cesse de délirer ainsi !

— …

— Mince ! Ok. Oui oui, je peux passer, disons dans 10 minutes.

Il raccroche.

— Red, va falloir que je file, ma cousine qui est enceinte, ne sent pas très bien, je vais l’ausculter.

— Ah les avantages d’avoir un docteur dans la famille, hein ?

— Eh oui, que veux-tu ! N’hésite pas si tu as besoin et va faire ton écho.

— Je n’y manquerai pas.

Je poursuis ma balade, seule. Cette fois, décidée, j’envoie un sms à maman :


Moi : Mum, je suis d’accord pour l’écho. Quand est-ce que tu as pris le rendez-vous ?


Maman : Vendredi. En ville. Le RDV est à 9h00. Tu veux que je vienne avec toi, je peux demander à me faire remplacer ?


Moi : Non, je pense pouvoir survivre.


Seulement, je ne suis pas au bout de mes surprises.

C’est noël après noël !

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18 commentaires

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

Ah merci ma Solange ! Je réfléchis à tout cela alors.

Zalma

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Il y a 6 ans

Hello, mon retour sur ce chapitre, en tant que binôme (pour la seconde fois, donc… ;D) : - Les dialogues rendent ce chapitre très vivant (mais attention, quand il y en a beaucoup, à ce qu'on ne perde pas le fil… savoir qui parle, donc… ). - L'autre point fort : l'histoire et les personnages toujours aussi attachants, et surtout, une bonne fin de chapitre qui ne peut que donner envie de lire la suite !!! Les points faibles : - Hé bien, toujours les fameuses coquilles… :( - Et sinon, mais ceci est lié davantage aux premiers chapitres : je trouve que l'utilisation de l'anglais doit être motivé, à savoir, que ce choix apporte un vrai plus au lecteur, sinon, il doit lire l'anglais + la traduction en français, mais… pour rien, en fait ! Donc, c'est un petit point à revoir… Voilà, je file voir la suite :D !!

celiapicardd

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Il y a 6 ans

J’aime trop !

Zalma

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Il y a 6 ans

Mes votes, et je me réserve la lecture du chapitre ce soir... ;D !! Bisous !!

Sylvie De Laforêt

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Il y a 6 ans

à poil, à poil ! mince... je m'égare !

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

moi auuuuussi !!!

Sylvie De Laforêt

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Il y a 6 ans

Rhhoo ! ils sont trop choupinou tous les deux ! je les adore !

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

ahhhh ahhh oui !

RaïssaL

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Il y a 6 ans

Ahaha !! Je sens le truc venir mais graaaave !!! C’est top !!

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

hi hi hi !!!! ma fille oui !!!
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