Fanny, Marie Gufflet Ne dis pas "plus tard" à l'Amour 9- Eva (partie 1)

9- Eva (partie 1)

Je râle en claquant la porte de la voiture. Suffisamment fort pour que maman comprenne qu’elle m’embête à me prodiguer tous ces conseils. Plus elle m’en donne, moins j’ai envie de les suivre. J’ai toujours été un peu rebelle sur les bords. À peine revenue de N.Y.C qu’elle me traite comme si j’étais redevenue adolescente. C’est pire depuis qu’elle sait pour ma grossesse. « Eva, j’ai pris rendez-vous pour toi chez le gynécologue. Il faut à tout prix que tu fasses ta première écho. »

Bla bla bla… je ne suis pas encore prête à prendre une décision, ne peut-elle pas comprendre ? Je suppose que si j’avorte, il va falloir le faire et vite. Nauséeuse, j’entre chez Dee. S’il y a un bien un endroit qui m’avait manqué, c’était celui-là. Si j’y suis ce matin, ce n’est pas seulement pour déguster leur fameux Almond croissant. Une irrésistible envie qui me vaut les moqueries de papa, et pour cause, maman est pâtissière. Mais c’est chez Dee que Jules et moi avions l’habitude de venir. Ici, Jayce m’a embrassée, ici, j’ai partagé mes plus belles expériences. Un lieu incontournable pour moi.

J’entre dans le café, bouleversée par les images qui reviennent affoler mes sentiments, ceux que j’ai tentés d’enfouir aux tréfonds de mon âme. Là, un à un, ils ressortent. Ce doit être la nostalgie de mon adolescence perdue. C’était simple d’avoir 16 ans.

Comme d’habitude, ici, la file d’attente est longue. Je ne suis plus accoutumée à la lenteur démesurée du service, à Manhattan, tout va vite, les secondes comptent. Je cherche alors une distraction. J’en déniche une très bonne et très agréable à regarder. Un homme. Quelques têtes plus loin. En tout cas, il a un très beau dos : carrure en V, ni trop grand, ni trop petit, je dirais 1m80. Il semble bien sapé. Quand il avance vers le comptoir, je décèle un tatouage, discret sur son mollet, une flèche. Je n’ai qu’une hâte, qu’il se retourne. Là où je suis, je vois la barista qui le dévore du regard, mais lui, a la tête penchée. Vers quoi ? Son téléphone ? Un livre ? Je l’ignore, je suis trop loin.

Je dois déjà être guérie de Trevor car mon radar à mecs semble s’être remis en marche. Et celui-ci m’a l’air délectable. Il est un peu dans les nuages car la jolie blonde a dû l’appeler à deux reprises. Je réprime un fou rire. Dommage que je n’entende pas leur conversation, je me demande quel est le son de sa voix. Grave ? Eraillée ? La dame derrière moi parle si fort avec son amie que je saurai bientôt au courant de toutes ses mésaventures avec son petit-copain du moment. Quand le moment tant attendu arrive, mon cœur a un raté. L’homme… c’est Jules. Mon Jules est le mec au dos canon. Il ne semble pas m’avoir vue. Je fais alors quelque chose de stupide. Complètement absurde. Je m’empare de mon grand sac à main, m’accroupis dans un élan de désespoir et plonge mon visage dedans. Avec un peu de chance, il ne verra pas la folle qui s’y cache. Avec beaucoup de chance, il passera son chemin. Je compte les secondes…

1, 2, 3, 4, 5…

— Red ?

Peine perdue !

Je suis démasquée. Prise la main—plutôt la tête—dans le sac. Avec embarras, je lève les yeux vers lui.

— Jules ? Wow, tu as grandi depuis, tu n’es plus un gringalet, clamé-je, en me levant de terre.

De toutes les phrases sorties, il a fallu que je sorte la plus idiote !

— Et toi, tu n’as pas changé, tu es toujours aussi franche ! Je t’offre à boire ?

Jules se place à mes côtés dans la file d’attente, imperturbable, les yeux rieurs. Moi, je suis rouge pivoine, nauséeuse à cause du mec qui vient de passer à mes côtés et fébrile, à cause de Jules. Je n’arrive pas à décrocher mes prunelles de lui. Il est superbe. Plus mature. Plus viril et à la fois plus attendrissant que dans mes souvenirs.

— Tu as perdu ta langue, Red ?

— Non, c’est que… je… wow… je ne t’imaginais pas comme ça !

Tandis que notre tour arrive, je m’apprête à passer commande quand il me devance :

— Un Almond Croissant et un chocolat chaud avec supplément chantilly.

Je suis émue, j’ai presque envie de pleurer. Fichues hormones de grossesse !

— Tu n’as pas oublié ?

— Tu me cassais tellement les pieds pour que j’aille en chercher, comment j’aurais pu, hein ?

— Mouaais… pas faux !

Dans un état second, je l’observe payer sous le regard haineux de la blonde. Apparemment, je viens de me faire une ennemie.

Mon cerveau a dû se ramollir car je trouve tout sexy chez lui. Ses mains sont grandes. Ses gestes les plus simples paraissent si gracieux. La façon dont il a de dire merci. Je débloque. C’est Jules ! Il pose une main dans le creux de mon dos pour me faire avancer, j’en frissonne.

— On s’installe ?

— Hum hum, dis-je pour toute réplique.

Tandis qu’il recule ma chaise pour que je m’y installe, je me pince le nez. Le mec qui empeste l’eau de cologne bon marché, est derrière nous. Si je reste là, je finirais par vomir. Pas très glamour pour des retrouvailles !

— En fait, ça te dérange si on se met plutôt là-bas ? proposé-je.

— Yep !

Je le regarde porter nos plateaux jusque la tablée et une fois assis, nous reprenons le fil de la discussion :

— Alors, j’ai entendu dire que tu étais de retour aux sources ?

— Les nouvelles vont vite ici !

— Tu sais ce qu’on dit « Petite ville, longs ragots ».

Jules et ses citations, ça m’avait manqué.

— Qu’est-ce qui t’a décidé ?

— Je me suis fait virer.

— Sérieux ? Raconte !

Je lui débite, dans un flot incessant, ma mésaventure depuis ce fichu sablier, Trevor, mon éhonté mensonge. Contrairement à mes attentes, il ne me rabroue pas à coups de conseils, mais il pouffe de rire. Il en a même les larmes aux yeux.

— Ah Red, ça ne m’étonne pas de toi ! Une vraie catastrophe ambulante. C’est bon de te voir.

C’est bon de te voir. Je fonds. Notre complicité semble être intacte. J’aurai aimé qu’il me drague. Non, mais je déraille, c’est Jules !

— Sans ce Français de pacotille, j’aurais gardé mon job ! protesté-je.

— Mais tu ne serais pas revenue.

— En effet, oui.

Soudain ses yeux se colorent de mélancolie. Le passé se dresse entre nous. Cette fois, je ne désire pas que ça nous éloigne. Je viens de le retrouver, je ne veux plus le perdre. Quelle nouille j’ai été de l’avoir abandonné ! J’ai fait comme Vanessa. Je suis sur le point de lui poser la fatidique question quand il demande :

— Et à part ça, tu es enceinte de combien de mois ?


** Alors, cette rencontre ?** Des bisous. Marie

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10 commentaires

Claire Lossy 01

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Il y a 6 ans

J’adore !! Les retrouvailles !!!!!!

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

Ahhh merci je passe aussi chez toi

kleo

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Il y a 6 ans

Petite pause car je does vrailent y aller. Mais quelle histoire magnifique. Tu as tout . J ai vraiment hate de découvrir la suite. A bientôt

Sylvie De Laforêt

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Il y a 6 ans

Ohhh !!! my god ! il l'a vu de suite ! mdr et oui, il est du métier le beau Jules ! Petite anecdote, quand j'étais enceinte, je ne supportais plus aucun parfum ! que ce soit corporel, ménager, alimentaire tout me faisait vomir ! et ça pendant 5 mois ! VIVE LE GROSSESSE ^^

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

Merci Solange

Zalma

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Il y a 6 ans

Wouah... !!! Il sait déjà qu'elle est enceinte !! Mais que les ragots vont vite, dans cette petite ville !! Un chapitre que j'ai lu d'une traite, j'adore :D !!

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

Hi hiiiii

celiapicardd

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Il y a 6 ans

Olalalalalalalaa !!!!! Mais nooooonnnnnn !! Je suis trop contente !! Enfiiiinnnn !!! Aaahhhh !!! Quellr question fatidique ?? J’ai trop hâte de savoir !!!!!!!!!!!!!!!!! J’aime trop !!! Jules est tellement attachant !
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