Fanny, Marie Gufflet Ne dis pas "plus tard" à l'Amour 7- Eva (partie 2)

7- Eva (partie 2)

** Coucou, pour ceux qui se demandent pour Eva est si froide dans ses émotions, c'est fait exprès... il y a une raison qui pointe le bout de son nez au fur et à mesure. Prochain chapitre va décoiffer ! Stay Tunned ! Commentez si vous avez des remarques, je suis preneuse de vos idées pour m'améliorer. Je vous embrasse fort. Marie**


— Je… je suis enceinte.

Ma belle-sœur et ancienne meilleure amie parait étonnée, heureuse, mais surprise.

— Mais… euh… qui est le père ? Tu n’as pas fait un bébé toute seule, comme c’est la « tendance », demande maman qui blêmit au fil de la discussion.

— Non, maman, le père m’a larguée quand il a su que j’attendais un enfant, dis-je rageuse, en pointant mon ventre encore plat.

— Je me disais que tes seins étaient gros, avoue Alexis. On pourra partager notre grossesse ensemble, comme on partageait nos secrets au lycée.

— Sauf que je ne sais pas encore si je le garde.

— Comment ça ? s’exclame papa qui prend la conversation au milieu. Tu veux dire que…

— Que tu vas être papi une fois de plus, continue de plus belle Caleb.

— Si je le garde…

— Pourquoi tu ne le garderais pas, enfin ma chérie, un bébé, c’est un cadeau.

— Eh bien, quand il n’était pas prévu, j’appelle ça plutôt un fardeau.

— Non, ta mère a raison, c’est un cadeau surprise !

Eh voilà, je suis à peine revenue que j’en ai déjà assez d’être là.

— Bon eh bien, je vais me coucher, je suis crevée, dis-je pour fuir toute cette effervescence autour de ma petite personne.

— Il n’est que dix heures du matin, Fripouille !

— Caleb, arrête ! Tu sais bien quand on est enceinte, on a besoin de beaucoup de sommeil, gronde sa femme.

— C’est ça !

Il m’a démasquée, à nouveau.


Enfermée dans ma chambre, je me laisse choir sur mon lit. Ici, rien à changer. À croire que je suis partie d’ici hier. Après toutes ces années, comment se fait-il que mes parents n’ont pas refait la décoration ? Avec curiosité et mélancolie, je regarde mon bureau, noyé sous ma pile de cahiers de dessin. Selon mes envies, je composais des tenues sur le papier, imaginais les créer et les vendre dans mon magasin. J’étais loin de la réalité. Aujourd’hui je suis là, mais je n’ai plus les mêmes rêves. D’ailleurs, je ne saurai dire s’il m’en reste. Depuis que j’ai travaillé chez Nude, je me contentais du bon au lieu d’avoir le mieux. Après tout, le salaire était élevé, je travaillais dans un open-space avec vue imprenable sur la ville, j’avais un appartement et un amant. Je faisais du shopping toutes les semaines où je dépensais des sommes astronomiques. Honnêtement, j’avais besoin de rien d’autre.

Je parcours le reste de ma chambre. Elle aurait bien besoin d’un brin de déco.

J’ouvre le vieux tiroir qui toussote quand je force dessus. Avec nostalgie, je contemple les photos de Jules et moi. On avait l’habitude d’en faire avec son polaroïd. Mon ancien meilleur ami et ses beaux yeux bleus. Je me demande à quoi il ressemble aujourd’hui. J’ai du mal à avoir en tête une version de lui vieillie. Pour moi, ce sera toujours Jules avec son sourire malicieux, sa bouille de gamin et son cœur en or.

Je m’en veux d’avoir gâché notre amitié. Alors que je farfouille dans les souvenirs étalés sous mes yeux, je tombe nez à nez avec le brouillon de ma lettre. Lettre qui a mis fin à notre amitié si précieuse.

Entre mes mains, j’ai le papier gribouillé par mon écriture de cochon, abîmé par le temps. Tandis que je relis ces mots, je sens les larmes monter. La douleur, encore vive, surgit dans ma poitrine. Il y a des blessures qui ne guérissent pas avec le temps. Des personnes chères qu’on perd à jamais sans que les années viennent réussir à anesthésier la peine.

Je suis désolée, tellement désolée…

Mes propres mots sautent à mes yeux. Alambiqués. Oppressants. Torturés.

Jamais je n’aurais dû…

C’est trop dur ! Le passé est insoutenable. Je fais tout pour ne plus y penser. Tout pour ne plus me laisser submerger par mes émotions.

Pour mettre de la distance entre mes erreurs et moi, je décide d’appeler Gabriela. J’ai masqué mon numéro ou elle m’aurait probablement ignoré.

— Gabriela’s here.

— C’est moi, don’t hang up ! (Ne raccroche pas !). Je suis désolée pour tout. J’ai profité de notre amitié pour tenter de fuir mes erreurs et je veux que tu saches que… que tu comptes pour moi.

— Wow ! Il y a anguille sous roche ! Tu es sûre que ça va ?

Gaby, tout comme ceux qui me connaissent bien, savent que je ne me m’excuse jamais.

— Je suis à Blueberry. Pour de bon.

— Wow !

— Mon passé me saute en pleine face !

— Tu aurais dû me le dire, je t’aurais accueillie.

— Non Gaby, je crois qu’il est temps pour moi de… de faire face à mon passé.

Admettre cela tout haut rend les choses plus réelles.

— J’ai fui toutes ces années, il est plus que temps que j’arrête. Je dois tourner la page.

— Et le bébé, tu… tu l’as gardé ?

— Ah tu parles de cet intrus dans mon ventre, bah oui… pour l’instant. Je ne me suis pas encore décidée.

Un toc à ma porte m’oblige à raccrocher. C’est maman.

— Ma chérie, j’ai appelé le cabinet en ville, ils ont un rendez-vous qui s’est libéré pour ce vendredi, il faudrait que tu fasses ton écho.

— Maman… arrête de te mêler de mes affaires !

— Eva, je sais que tu as peur, mais c’est important que tu le fasses avant de prendre ta décision. Et puis j’ai discuté avec mon associée, tu peux même travailler à la pâtisserie et on te paiera un salaire avant ton congé. Ainsi, tu pourras te prendre un chez toi. Papa et moi, on est prêt à t’aider.

— Et si je décide d’avorter, vous m’aiderez aussi ?

— Bien sûr ! Mais on aimerait autant que tu ne le fasses pas. Tu iras faire ton écho ?

— J’en sais rien maman. Je suis fatiguée, je vais essayer de dormir un peu.

— Ok chérie. Réfléchis-y !

Maman sort de la chambre et je ferme le tiroir avec violence. Une photo tombe sur le sol, devant mes pieds nus. Jules et moi. À l’arrière du cliché, une date. La date. Sur ce papier glacé, quelques heures me séparaient de la nouvelle qui allait changer ma vie d’adolescente insouciante.

Ivre d’émotions, je caresse le tatouage sur l’intérieur de mon poignet. Pour certains ce ne sont qu’une suite illogique de chiffres, mais pour moi, c’est symbolique. L’aiguille a imprimé dans ma peau le souvenir de ce jour de bonheur qui a vite fait de viré au cauchemar. Mon doux malheur.

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15

15 commentaires

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

exact ! la maman qui est très smart

Sandelina Antowan

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Il y a 6 ans

Et hop rendez vous gynécologue avec pour la prime un gygy aux yeux bleus qu’elle connaît mdr ! Ça promet ! Maline la maman avec une échographie , compliqué de mettre un terme . Plus qu’à entendre le cœur pour l’achever hihi

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

Ehhh oui

Émilie Parizot

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Il y a 6 ans

Ah ! Tu nous donnes de mini pistes pour mieux faire durer le suspense !

RaïssaL

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Il y a 6 ans

Tu nous tiens en haleine !!!

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

C’est sur

Zalma

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Il y a 6 ans

Ah, c'est terrible comme on a envie de connaître la suite !! Heureusement que le chapitre suivant est en ligne !!!

Sylvie De Laforêt

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Il y a 6 ans

Ah, si elle fait une échographie et qu'elle voit son petit bout, c'est certain qu'elle le gardera!

celiapicardd

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Il y a 6 ans

Continue ! ❤️❤️

Fanny, Marie Gufflet

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Il y a 6 ans

Merci
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