Fyctia
6- Jules
Dix ans auparavant…
J’ai tout prévu. Des fleurs, ses préférées, des lys. Des chocolats au lait. Une tonne de Kinder planquée dans notre cabane. De la musique. Langoureuse et lente pour pouvoir la faire danser sous les étoiles, à la lueur de la lune. Du jus. Beaucoup trop de jus. Une déclaration enflammée apprise par cœur. Un jean et mes vieilles converses, mais j’ai enfilé un nœud papillon sur une chemise et une veste pour faire chavirer Evangéline. Elle adore les mecs en costard.
Quand j’ai mis mes parents au courant de la situation, papa n’a pas approuvé de suite, maman, quant à elle, a eu les larmes aux yeux.
J’entends Red qui appelle mon nom dans le jardin, mais je ne pipe pas un mot, j’attends avec patience. Je scrute l’entrée, un sourire béat sur mes lèvres. Dissimulé parmi les nombreuses bougies (sans flamme, vive la technologie), je scrute l’entrée. Je remarque ses sandales préférées, les dorées. Ça lui fait des pieds de déesse. Quand elle se baisse pour entrer dans la cabane, je l’écoute pousser un cri de surprise.
— Jules, Wow ! C’est lumineux, j’adore !
— Allez, avoue que j’assure !
Elle parcoure la pièce des yeux avant d’essuyer une larme rouler sur sa joue.
— Tu assures grave !
Sur ces révélations, elle dépose un baiser sur ma joue, sûrement rouge.
— Viens Red, je n’ai pas fini de t’éblouir.
Avant qu’elle ne se défile, je prends sa main dans la mienne, appuie sur play pour que la mélodie de Moriah Peters « I’ll wait for you ». La voix du couple virevolte au-dessus de nos têtes tandis que la pousse gentiment dehors.
Là, alors que mon cœur menace de lâcher, avec des mains tremblantes, je l’enserre pour une danse au clair de lune. Le corps d’Évangéline se détend, elle passe même ses bras autour de mon cou. Je me retiens pour ne pas écraser mes lèvres sur les siennes. Nous voguons au son de la guitare et du piano, incertains face au futur, certains de nos sentiments l’un pour l’autre. Moi, amoureux d’elle depuis que je la connais, elle, un amour-amitié qu’elle a sûrement peur de briser. Mais, ne dit-on pas que l’amour est un choix ? Que l’amour est ponctué de risques ? Je suis certes loin des stéréotypes des gars avec qui Evangéline a l’habitude de sortir, mais, après tout, elle et moi, formons un tout depuis que nous avons 12 ans. J’aimerai qu’on sorte ensemble, qu’on soit plus que des amis.
Il me semble logique d’avancer ensemble vers cet avenir, aussi étonnant et étrange quelqu’il soit.
Ma Red pose la tête sur mon épaule.
— Cette année a été la pire de ma vie, avoue-t-elle
— Mais aussi la meilleure.
— Ah bon, eh en quoi ?
— Tu verras, le meilleur est à venir.
Pour toute réponse, elle hausse les épaules.
— En tout cas, je suis contente que le lycée soit fini. À moi les grasses matinées, les films à pas d’heure sous la couette.
Avant de ne plus avoir le courage, je me sépare d’elle avec regret.
— Eva, dis-je en bredouillant comme un trouillard, je suis fou amoureux de toi depuis le début.
Ses yeux se remplissent de larmes.
— J’ai menti quand j’ai dit t’oublier. Je n’ai pas réussi. C’est même encore pire que l’année dernière quand je t’ai embrassé pour la première fois.
— Jules…
— Laisse-moi finir, je t’en supplie.
Là, je pose un genou par terre :
— Je n’ai jamais été aussi sûr de toute ma courte vie : Évangéline Potter, me ferais-tu l’honneur de devenir ma femme ? Je sais que je suis puceau, mais avec toi, je ne fais pas de soucis pour tout apprendre, rajouté-je en rigolant.
— Oh, Jules, Jules…
Ma Red éclate en sanglots. Bon, visiblement, ma tirade n’a pas eu l’effet escompté. Au lieu de me sauter dans les bras, elle court se réfugier dans la cabane, les genoux repliés sur elle-même.
— Red, qu’il y-a-t-il ?
— Je ne peux pas t’épouser, Jules.
— Je serai là pour toi, je le serai toujours, tu le sais, ça.
— Je sais…
À ces mots, Eva se jette sur moi pour plaquer sa bouche sur la mienne, me donnant un de ces baisers tourmentés.
— J’étais venue pour te donner ça, lâche-t-elle en s’éloignant de moi, me glissant une enveloppe. Je suis navrée, Jules, je ne peux pas et je ne veux pas devenir ta femme.
Alors qu’elle se lève pour s’en aller, je demeure là comme un abruti, avec les lys sur la petite table de fortune, les kinder plein la corbeille, la musique mielleuse qui flotte et le nœud papillon qui me serre la gorge telle une corde.
Tandis que je pleure comme un gamin, je remarque la missive entre mes mains. Je sèche mes larmes d’une main et entreprends la lecture.
** Que pensez-vous de cette demande en mariage ? Moi, je fooooooonds pour Jules, pas vous ?** Marie
13 commentaires
Sandelina Antowan
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Il y a 6 ans
Fanny, Marie Gufflet
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Il y a 6 ans
Zalma
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Fanny, Marie Gufflet
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Il y a 6 ans
Claire Lossy 01
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Fanny, Marie Gufflet
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Sylvie De Laforêt
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Fanny, Marie Gufflet
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La Plume d'Orelys
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Il y a 6 ans
Fanny, Marie Gufflet
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Il y a 6 ans