Fyctia

La voix éthérée s’éleva une dernière fois :

— « Vous avez brisé des illusions et percé des mystères. Mais l’infini n’a pas de fin, et chaque réponse n’est qu’une porte vers une nouvelle question. Êtes-vous prêts à continuer, à affronter vos propres âmes ? Car ce que vous cherchez pourrait bien être ce qui vous détruira. »

Léandre, tenant un cristallin dans ses mains, répondit avec détermination :

— « L’art ne craint pas la destruction. Si nous devons nous perdre pour trouver la muse, alors qu’il en soit ainsi. »

Alors que les échos du labyrinthe s’atténuaient, le groupe se retrouva devant une arche massive de pierre, ornée de gravures énigmatiques et de symboles antiques. L’air était chargé d’une étrange énergie, et une fine lueur bleutée s’échappait des interstices du seuil.

Camille, toujours en retrait, sentit un frisson lui parcourir l’échine. Quelque chose l’attirait vers l’arche. Elle s’approcha lentement, son regard captivé par une lumière qui semblait danser juste au-delà.

Lorsqu’elle toucha l’arche, une onde de chaleur traversa son corps, et une structure cristalline apparut devant elle, flottant dans l’air. C’était un catalogue, taillé dans un diamant d’une pureté incomparable, ses facettes renvoyant des reflets scintillants. Les symboles gravés sur la surface vibraient doucement, comme s’ils portaient en eux un chant ancien.

La voix éthérée reprit, douce mais impérieuse :

— « Ce catalogue porte l’histoire d’une femme autrefois connue comme déesse de la beauté. Sa tombe renferme trois fragments d’elle-même, des cristallins qui furent extraits de son essence immortelle. Trouver ces fragments, c’est comprendre la véritable nature de la beauté, entre divinité et humanité. Mais prenez garde, car ce qui est enterré avec elle n’est pas mort. »

Camille observa le catalogue avec fascination. Les gravures semblèrent se réorganiser sous ses yeux, révélant une carte complexe. Les détails étaient si fins qu’ils semblaient défier la logique, comme si chaque facette du diamant contenait une infinité de mondes en miniature.

Léandre, intrigué, s’approcha et posa un regard attentif sur le catalogue.

— « Myrithia… ce nom résonne comme une légende. Une femme si belle que son regard aurait fait naître des œuvres intemporelles. Mais elle était aussi crainte. On disait que ceux qui osaient la contempler trop longtemps perdaient leur âme dans ses yeux. »

Christopher, toujours sceptique, ajouta :

— « Une autre métaphore, sans doute. Mais si elle a réellement existé, pourquoi aurait-elle emporté ces fragments avec elle dans la tombe ? »

Carthos, le regard pensif, murmura :

— « Peut-être que sa beauté n’était pas un don, mais un fardeau. Une malédiction qu’elle a voulu enfermer loin du monde. »

Le catalogue projetait désormais des images, des indices fragmentés montrant les emplacements des cristallins.

Le Cristallin du Souffle Intemporel, Situé dans les ruines d’un temple submergé, ce fragment serait protégé par des eaux noires, réputées capables de refléter les souvenirs les plus sombres. Il fallait y accéder lors d’une marée particulière, où les étoiles elles-mêmes guidaient les voyageurs.

Le Cristallin du Regard Éternel, Enfoui dans une caverne souterraine connue comme la Crypte des Reflets, ce fragment ne pourrait être atteint qu’en traversant un labyrinthe de miroirs mouvants, chacun capable de déformer la réalité et de piéger l’esprit.

Le Cristallin de l’Éclat Silencieux, Caché dans une vallée perdue où le temps semblait s’arrêter, ce fragment reposait au sommet d’un arbre fossile, gardé par des entités connues sous le nom de Veilleurs d’Obsidienne.

La lumière du catalogue s’intensifia, et la voix éthérée posa une question qui glaça le sang de tous :

— « Trouver ces fragments nécessitera un sacrifice. Aucun d’entre vous ne repartira inchangé. Êtes-vous prêts à risquer non seulement votre vie, mais votre humanité, pour compléter cette quête ? »

Léandre, toujours le plus déterminé, répondit sans hésitation :

— « Ce que nous cherchons va au-delà de la vie ou de l’humanité. Si c’est ce qu’il faut pour atteindre l’infini, alors nous acceptons. »

Camille posa sa main sur le catalogue, et une chaleur étrange se diffusa en elle, comme si une part de la lumière lui était transférée. Elle savait que leur voyage les mènerait non seulement à travers le monde, mais aussi aux confins de leur propre âme.

Le groupe se dispersa pour se préparer. Chacun avait un rôle à jouer dans cette quête :

Jenny et Christopher seraient chargés de naviguer les eaux noires et de récupérer le Cristallin du Souffle Intemporel.

Carthos et Bill s’aventureraient dans la Crypte des Reflets pour chercher le Cristallin du Regard Éternel.

Léandre et Camille, liés par leur obsession pour l’immortalité, prendraient la route vers la vallée perdue pour récupérer le Cristallin de l’Éclat Silencieux.

Alors qu’ils se séparaient à nouveau, une sensation étrange les liait tous : un mélange d’excitation, de peur, et d’une certaine fatalité.

La quête des cristallins devenait plus qu’une aventure. C’était un voyage vers l’infini, un test ultime de leur capacité à affronter l’inconnu, et peut-être une rencontre avec ce que l’humanité n’était jamais censée comprendre.