Chris LEVOYAGEUR MUSE DU REGARD ÉTERNEL. TOME 1 Obsession immortel 5

Obsession immortel 5

Camille, en tant qu’écrivain mystique, proposa une hypothèse intrigante.


— « Si ces fragments représentent des reflets de la muse, ils ne peuvent être dissimulés que dans des lieux où le divin effleure le monde. Les textes anciens parlent de sanctuaires oubliés, de ruines enfouies dans des paysages où l’éternité s’exprime. Ces endroits ne sont pas toujours cartographiés. Certains apparaissent dans des rêves, d’autres sont mentionnés dans des récits mythiques. »


Elle sortit un carnet usé, rempli de notes griffonnées, de croquis et de cartes anciennes. L’une des pages montrait un croquis partiel d’une montagne encadrée par des éclats lumineux, avec l’inscription Sommet du Souffle Immortel.


Jenny s’exclama en observant le dessin :


— « Je l’ai vu dans mes rêves. Une montagne entourée de vents chantants. C’est là qu’un fragment pourrait être caché. »


Léandre reprit la parole, son ton grave et mesuré :


— « Chaque cristallin représente un aspect fondamental de l’âme humaine. Nous avons déjà trouvé celui de la mémoire dans la Crypte d’Orion. Cela signifie qu’il reste six facettes à révéler : la création, le désir, la souffrance, la transcendance, l’éternité, et enfin, la vérité. »


Il marqua une pause, observant chacun des membres du cercle.


— « Mais attention. Ces cristallins ne se révéleront pas à ceux qui ne sont pas prêts. Ils mettront à l’épreuve nos convictions, nos limites. Ils pourraient même nous opposer les uns aux autres. »


Le silence tomba à nouveau. La tension dans la pièce était presque palpable. Le chemin à suivre serait aussi dangereux qu’énigmatique.


Ils décidèrent que, pour maximiser leurs chances, ils se sépareraient en équipes. Chaque équipe se concentrerait sur une piste différente, guidée par les fragments d’indices tirés du cristallin d’Orion.


Jenny et Carthos Jo partiraient pour les montagnes, cherchant le Souffle Immortel. Leur objectif : retrouver le cristallin lié à la transcendance, caché dans un lieu où le vent portait les murmures de l’éternité.


Camille et Christopher Mech enquêteraient sur une île isolée, appelée L’Éclat des Profondeurs. Les récits mythologiques parlaient d’une grotte sous-marine où un cristallin, lié à la vérité, reposait parmi les ombres aquatiques.


Léandre et Bill Kal prendraient la route des déserts du sud, à la recherche du Temple des Sables d’Éternité. Là-bas, un fragment lié à l’éternité attendait d’être découvert.


Mais avant même de se séparer, une présence étrange semblait les suivre dans la ville. Une silhouette, toujours entrevue à la périphérie de leur vision, mais jamais clairement distinguée, les observait. Était-ce un émissaire de la muse ou quelque chose de plus sombre ?


Léandre, en particulier, ressentait un poids grandissant, une connexion qui semblait le lier directement à la quête. Ce poids n’était pas celui d’un simple guide, mais peut-être celui d’un sacrifice à venir.

Alors que chacun se préparait à partir, le cristallin d’Orion pulsa à nouveau, émettant une faible lumière. Une voix murmurée, à peine audible, s’éleva dans l’air :


— « Le premier fragment était une porte. Les autres sont des miroirs. Êtes-vous prêts à regarder ce qu’ils refléteront ? »


Un silence glacé s’installa. Chacun savait que cette quête ne serait pas seulement une exploration du monde, mais une confrontation directe avec l’infini, et avec eux-mêmes.


Alors qu’ils se dispersaient dans la ville pour finaliser leurs préparatifs, un étrange malaise s’abattit sur chacun d’eux. Les ombres semblaient plus longues, les murmures des passants plus aigus. Chaque pas les rapprochait de leur départ, mais aussi d’une vérité qu’ils pressentaient insaisissable.


Jenny marcha aux côtés de Carthos dans les ruelles étroites, son esprit déjà fixé sur la montagne. Les rêves qui l’avaient hantée depuis des semaines revenaient en force, plus clairs et plus oppressants. Elle voyait des vents dorés tourbillonner autour d’un sommet enneigé, portant avec eux des fragments de voix. Mais ces voix ne prononçaient pas des mots ; elles semblaient chanter l’essence même de l’éternité.

— « Ces rêves… ils ne me lâcheront pas, Carthos. »

Le vieil homme, calme comme toujours, posa une main rassurante sur son épaule.


— « Les rêves ne sont pas des chaînes, Jenny. Ce sont des ponts. La question est de savoir si tu es prête à traverser. »


Mais même Carthos semblait troublé. Dans sa poche, il gardait un vieux carnet rempli de croquis faits des décennies plus tôt, lorsque la muse avait effleuré son esprit pour la première fois. Un des dessins, qu’il n’avait jamais compris, montrait une silhouette dans le vent, tenant un éclat lumineux dans ses mains.


Camille feuilletait ses notes frénétiquement, tentant de relier les fragments de mythes qu’elle avait collectés à l’idée de l’île et de la grotte sous-marine. Christopher, moins enthousiaste, observait en silence, son scepticisme habituel tempéré par une curiosité qu’il n’osait admettre.


— « Tu sais que cette grotte, si elle existe, pourrait être une métaphore, pas un lieu réel ? »


— « Les métaphores ne survivent pas dans l’éternité, Christopher. Mais les vérités, elles, laissent des empreintes. Nous devons trouver cette empreinte. »


Christopher détourna les yeux, fixant un reflet dans une vitre. Pendant un bref instant, il crut voir une figure voilée derrière eux, mais lorsqu’il se retourna, la rue était vide.


— « Peut-être que l’éternité nous observe déjà, Camille. Peut-être qu’elle teste notre volonté. »


Léandre marchait seul dans une ruelle sombre, Bill ayant préféré se rendre à l’atelier pour préparer ses outils. Pourtant, une étrange sensation alourdissait ses pensées. Chaque coin qu’il tournait semblait le ramener à un endroit qu’il n’avait jamais vu auparavant.


Puis, au détour d’un chemin, il tomba sur une silhouette encapuchonnée. Elle se tenait immobile, comme sculptée dans l’obscurité elle-même. Avant qu’il ne puisse parler, la voix s’éleva, douce mais tranchante, comme un murmure qui déchirait le silence.


— « Vous croyez chercher la muse, Léandre, mais elle vous cherche aussi. La vérité, lorsqu’elle se montre, consume autant qu’elle illumine. Êtes-vous prêt à perdre tout ce que vous pensiez savoir ? »


Léandre cligna des yeux, et la silhouette disparut. Mais en baissant les yeux, il trouva une petite pierre dorée à ses pieds, gravée d’un symbole en spirale. Il la ramassa, sentant un frisson glacial lui parcourir la colonne vertébrale.


Tu as aimé ce chapitre ?

1

1 commentaire

DOM75

-

Il y a un mois

done
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.