Chris LEVOYAGEUR MUSE DU REGARD ÉTERNEL. TOME 1 Quête de l'infini 4

Quête de l'infini 4

Jenny Carley, toujours assise, leva les yeux vers lui. Son visage était baigné d’une étrange sérénité, mais ses mains tremblaient légèrement.


— « Elle était si proche, » murmura-t-elle. « Comme une lumière qui danse, juste hors de portée. Je pouvais presque entendre ses pensées… mais elles se dérobaient dès que je m’approchais. »


Son ton était empreint d’un mélange de ravissement et de frustration. Léandre remarqua que ses yeux brillaient d’un éclat inhabituel, comme si elle avait touché à quelque chose d’infiniment grand.


Bill Kal, lui, paraissait agité. Il se leva brusquement, faisant racler sa chaise sur le sol. Ses poings étaient serrés, et une lueur fébrile animait son regard.


— « Ce n’était pas suffisant, » gronda-t-il. « Je l’ai vue, oui, mais ce n’était qu’une ombre ! Une illusion ! »

Il se détourna du groupe, ses épaules tendues comme s’il luttait contre une force intérieure.


— « Si je ne peux pas la capturer, elle n’existe pas vraiment, » ajouta-t-il, plus pour lui-même que pour les autres.


Christopher Mech, quant à lui, semblait étrangement calme. Ses traits fermés laissaient deviner une réflexion intense. Il posa son regard perçant sur Carthos Jo.


— « Ce que nous avons vu… était-ce réel ou simplement une projection de nos désirs ? » demanda-t-il froidement. « Si la muse est un miroir, alors peut-être que nous ne faisons que contempler nos propres obsessions. »


L’ancien maître esquissa un sourire presque imperceptible.


— « Ce que vous avez vu dépend de ce que vous portez en vous, Christopher. La muse révèle et cache à la fois. C’est à vous de décider si elle est une vérité ou une illusion. »


Léandre, encore ébranlé par sa propre expérience, hésita à parler. Pourtant, il sentait le besoin de partager ce qu’il avait ressenti.


— « Elle était là, » murmura-t-il finalement. « Mais elle semblait m’observer autant que je l’observais. Comme si… comme si elle cherchait quelque chose en moi. »


Les mots de Léandre éveillèrent une réaction inattendue chez Carthos Jo. Le vieil homme se tourna vers lui, son visage soudain grave.


— « Tu as ressenti son regard ? » demanda-t-il doucement.


Léandre hocha la tête, mal à l’aise sous le poids des regards des autres membres.


— « Oui… c’était comme si elle sondait mon âme. Pas de manière intrusive, mais… curieuse. Comme si elle essayait de comprendre quelque chose. »

Jenny se redressa, son intérêt piqué au vif.


— « C’est rare, très rare, » dit-elle d’une voix presque excitée. « La plupart d’entre nous ne font qu’apercevoir sa lumière, son éclat… mais son regard ? Cela veut dire qu’elle t’a remarqué. »


Christopher roula des yeux, mais il garda le silence, préférant observer les réactions des autres.


Carthos Jo posa sa canne sur la table avec un bruit sec.


— « Si elle t’a remarqué, Léandre, alors tu joues un rôle plus important que tu ne le penses. Mais cela signifie aussi que les épreuves à venir seront plus grandes pour toi. La muse ne remarque pas par hasard. Elle choisit. »


Léandre sentit un mélange de peur et de fierté monter en lui. Pourquoi lui ? Il n’avait rien accompli d’extraordinaire, rien qui le distingue des autres membres du Cercle.

Bill Kal, toujours en proie à sa frustration, se rapprocha, le regard dur.


— « Si elle l’a remarqué, alors qu’il ne l’a vue qu’une seule fois, pourquoi pas moi ? » demanda-t-il d’un ton tranchant. « Je l’ai poursuivie toute ma vie. J’ai sacrifié tout ce que j’avais pour elle ! »


Carthos Jo soupira.


— « La muse ne se laisse pas atteindre par la force ou l’obsession, Bill. Peut-être que ta quête est justement ce qui te freine. »


Un silence tendu s’installa, brisé finalement par la voix douce mais ferme de Jenny.


— « Peu importe ce que chacun de nous a vu ce soir, une chose est claire : la muse nous appelle. Nous devons aller au-delà de ce seuil, ensemble. »

Carthos Jo hocha lentement la tête, un air de détermination sur le visage.


— « Jenny a raison. Ce n’était qu’une ouverture. Maintenant, nous devons nous préparer à un véritable voyage. Pas seulement dans l’esprit, mais aussi dans le monde physique. La muse laisse des traces, des signes pour ceux qui savent regarder. »


Il sortit une carte ancienne de sous la table, marquée de symboles ésotériques.


— « Voici les lieux où elle a été aperçue, selon les légendes. Des temples abandonnés, des forêts insondables, des grottes où le temps semble s’arrêter. Nous devons suivre ces pistes. Peut-être que l’un d’eux nous conduira au-delà du reflet. »


Tous fixèrent la carte avec fascination, leurs esprits déjà plongés dans l’inconnu. Léandre sentit une vague de résolution le traverser. Peu importait le danger, peu importait l’incompréhensible : il voulait savoir.


Carthos Jo passa un doigt sur un point de la carte, un lieu entouré d’un cercle rouge.


— « Nous commencerons ici. La Crypte d’Orion. On dit que ceux qui y entrent voient leur âme reflétée sur les murs. Mais soyez prêts : ce que vous y trouverez dépendra de ce que vous portez dans votre cœur. »


Jenny Carley ne voyait pas la muse comme une simple figure distante. Pour elle, chaque rencontre dans ses rêves laissait des empreintes lumineuses, des éclats d’une vérité qu’elle peinait à saisir entièrement. Pendant le rituel, son esprit avait été transporté dans une immense salle blanche, où la lumière dansait autour d’elle comme des voiles mouvants.


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1 commentaire

Nicolasm59

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Il y a un mois

J’apprécie toujours autant ton style mais la tension met un peu de temps à décoller. Peut être que le passage du monde métaphysique au monde physique va faciliter l’intensification du rythme ?
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