Fyctia

A l'intérieur de moi, c'est la panique mais vu d'extérieur je suis calme. Je ne sais pas vraiment comment réagir. Je ne sais pas ce que j'aurais fait en temps normal. J'essaye de donner le change et d'avoir l'air étonné. Ma bouche s'ouvre comme si j'étais sans voix et ma main vient se poser avec lenteur par dessus. Mes yeux papillonnent et je passe ma main dans mes cheveux rapidement. Les policiers me regardent avec attention, les bras croisés.

L'homme qui doit avoir dans la cinquantaine, possède un crâne dégarni et un front luisant qui donne l'impression d'être devant un porc. Son nez écrasé et sa carrure renforce cet effet. Ses joues sont joufflues et roses et ses yeux, petits et ronds.

La femme, elle, est toute mince et est un peu plus grande que son collégue dont la taille s'arrête à la base de mon cou. Son visage n'est pas marqué de rides comme son supérieur. Elle a des cheveux frisés qui flottent sur sa tête tel un nuage. On pourrait croire avec sa touffe qui lui sert de chevelure, que c'est une sorte de laine tellement ils sont épais et secs.

On pourraient presque croire que les deux sortent d'une ferme.

* Leslie concentre toi. *

L'homme ne me voyant pas réagir, fait un geste de la main vers les fauteuils et me dit :

— Veuillez-vous assoir s'il vous plait. Nous avons à parler.

Je fais ce qu'il me demande et me laisse tomber sur l'un d’eux tandis que les deux policiers s'assieds sur le canapé. L'adjudant pose ses coudes sur ses cuisses et sa tête sur ses mains liés. La femme, elle, se prépare à écrire calepin et stylo en mains. Tous deux ont le regard braqués sur moi. Tendue, je place mes mains sous mes cuisses et les enlèves quelques secondes après de peur que cela fasse suspects.

* Détends-toi Leslie. Ça va aller. *

— Je vous écoute, dis-je avec un leger sourire.

— Votre amie n'est pas rentrée chez elle la veille. À priori, personne n'a de ses nouvelles.

— Oui, c’est ce que j’ai appris ce matin. J’ai dit à sa mère tout ce que je savais, c’est-à-dire, rien. Je pense que la seule personne qui peut vous apporter des réponses et Jason. J'ai… j’ai récemment appris qu’ils se fréquentaient.

— Il s'agit de votre copain, c’est ça ?

— Ex copain, ne pus-je m’empêcher de rectifier.

Ma mère qui était silencieuse émet un rire qui se répercute contre les murs. Elle semble déçue de moi. Une nouvelle fois. Tous les regards se portent sur elle. L’adjudant reprend la parole et demande :

— Un problème ?

— Non, aucun, répond ma mère avec un sourire feint. Un café ?

Les deux policiers répondent par l’affirmative et ma mère part en direction de la cuisine nous laissant seuls. Pendant quelques secondes, il n'y a aucun bruit, juste celui du crayon qui frotte contre le papier au fur et à mesure que la femme écrit.

— Quels sont vos rapports avec ambre ?

Je réfléchis quelques secondes avant de donner ma réponse. Il ne faut pas que mon mensonge soit trop éloigné de la vérité. Je fais attention a mes gestes et mes regards pour ne pas que les policiers et des soupçons sur moi.

— Eh bien, si vous m'aviez posé cette question ce matin, je vous aurais dit que nous entretenions une amitié tout ce qu'il y de plus sincère mais maintenant... dis-je en haussant les épaules avec les paumes des mains visibles.

— Maintenant ? dit-il me forçant à continuer.

— Après avoir appris que Jason me trompe avec Ambre, je dirai que notre amitié n'était pas aussi sincère que cela.

— Et vous l'avez decouvert quand ?

— Ce matin. Une "amie" a dit à la mère d'Ambre de demander à Jason si il savait où elle se trouve étant donné qu'ils étaient proches.

— Vous avez utilisé deux fois le passé Mademoiselle Duval. Pourquoi ?

Mon pouls s'accélère mon visage rougit. C'est une question piège. Pourquoi j'ai fait cette erreure d'utiliser le passé ? Il faut que je trouve une excuse et vite. Les deux policiers me regardent avec un interet non dissimulé.

— Vos cafés, dit ma mère en posant des tasses devant eux.

— Merci, répondent-ils.

Cette interruption est la bienvenue et m'a donné quelques secondes en plus pour lui répondre.

— Car je doute que leurs relations continue si elle tient un tant soit peu à moi.

— Depuis vous connaissez-vous ?

— Depuis la primaire. Nous nous sommes vraiment rapprochés a partir du lycée, il y a deux ans.

— Pourquoi aussi tard ?

La raison est simple. Elle avait changé. Elle était devenu plus sur d'elle et attiré l'intérêt des gens, dont la mienne. Mais je doute que cette réponse lui convienne.

— Disons qu'enfant j'avais mon groupe d'amis et elle le siens et pareil au collège. Par contre au lycée, les choses ont changé. Les siens sont devenus les miens et vis versa.

La reponse semble le satisfaire. Et les questions continuent. Elles affluent en masse et j'essaye d'y répondre au mieux. Les deux me demandent ce que jai fait la veille. Ce qu'il s'est passé avec Jason ce matin. Comment elle était habillé. Si elle a des ennemis. Si elle s'entend bien avec sa falille. Si il y a un endroit en particulier qu'elle apprécie, etc. J'essaye d'y répondre du mieux que je peux. Je fais en sorte de garder mon calme. De ne pas stresser. De ne pas flancher. Je reste toujours proche de la vérité.

J'évoque le parc ou se trouve le portable comme un lieu de rendez-vous ou nous nous retrouvions souvent. Je parle de mes relations et de celles d'Ambre. Je dis en toute franchise qu'elle a plus de personne qui la deteste que le contraire. Je leurs racontent les moments ou nous nous en prenions aux élèves sans mentir mais en allégeant juste la vérité. Je ne veux pas qu'ils me jugent tel un bourreau mais je ne veux pas non plus que les doutes soient sur moi. Je fais en sorte de montrer que notre amitié est ce qu'il y a des plus précieux pour moi. Qu'elle compte beaucoup. Je fais place aux émotions pour montrer la sincérité de mon discours lorsque je dis que je me sens mal et trahis qu'elle ai pu être aussi proche de Jason.

Cela dure un certain temps jusqu'au moment ou nous sommes interrompus dans la discution. Le portable de la femme sonne et elle seloigne pour repondre. Cela dure deux minutes a peine. Lorsqu'elle revient, son visage est sérieux.

— Le portable d'Ambre a été retrouvé dans le parc, près du lycée. On m'a indiqué qu'il a été cassé.

Mes yeux s'agrandissent et mes sourcils se relèvent face a cette révélation. Mon pouls qui avait réussi à se stabiliser se remet à battre furieusement dans mes veines. Mon corps tremble et frissonne. Des sueurs froides font leurs apparitions dans mon dos. J'ai peur. Ma respiration s'accélère. J'ai l'impression de manquer d'air. Je fais en sorte de me calmer en esperant toute fois que les policiers croient que ma réaction est dû à la peur de ne pas retrouver Ambre et non l'inverse.

Les choses vont s'accélérer dorénavant.

La femme se tourne ensuite vers moi, me regarde avec insistance et me dit :

— Il a été emmené au laboratoire pour que les experts recherches des indices potencielles à sa disparition.

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* En italique dans le texte. *