Lindsay Lorrens Mon jardin d'hiver Chapitre 52

Chapitre 52

Cet après-midi était interminable ! Ça va faire un mois que je n’ai pas vu mes parents, et, même si je leur parle régulièrement au téléphone, j’ai hâte de les avoir en face de moi. Je souhaite une bonne soirée à Ludi et Morgane – Dieudo est déjà parti, il a un rendez-vous galant ce soir –, puis passe en coup de vent dans les bureaux du deuxième étage pour saluer M. Durieux, mes collègues du service commercial et de la compta. Fred commence à ranger ses affaires dès que j’apparais, souriante, dans l’embrasure de la porte. Mathieu lève les yeux au ciel en me voyant ; je lui fais une belle grimace. Frédéric et moi prenons l’ascenseur ensemble puis nous dirigeons vers le parking. Je crois qu’il ne m’en veut plus pour ce matin, mais il a l’air soucieux.

Lorsqu’il démarre, je pousse un soupir de soulagement. Il se tourne brièvement vers moi.

— Dure journée ?

— Bof, ça va. Mais j’avais hâte de partir. Je vais dîner chez mes parents ce soir. Ça fait un bout de temps que je ne les ai pas vus.

Il rit doucement.

— En clair, tu vas manger un bon repas et être chouchoutée par papa et maman, hein ?

J’ai un sourire jusqu’aux oreilles.

— C’est ça. Et toi, ta journée ?

Il fronce les sourcils.

— Sans commentaires… La bonne nouvelle, c’est que Schmidt postule ailleurs, d’après ce que j’ai entendu dire. Le salaire et les conditions de travail ne lui conviennent plus.

— Génial ! Bon débarras !

— Tu l’as dit. Mais c’est loin d’être fait.

— S’il part, tu devrais proposer ta candidature pour son poste. Tu travailles chez LogiSolu depuis cinq ans et tu as toutes les qualités pour être un bon manager. Pas comme ce nazi !

Fred me lance un coup d’œil, puis se reconcentre sur la circulation.

— En fait, j’y ai déjà pensé. Mais c’est gentil de me soutenir.

— Je suis ta fan number one !

Ses épaules sont secouées d’un léger rire.

— Mathieu a déjà laissé entendre que si Schmidt part, il se proposera pour le remplacer.

— Ce con ? Il rêve, là. Donner du pouvoir à un type comme ça, c’est une porte ouverte à toutes les dérives. Pour peu qu’il doive recruter quelqu’un, tu peux être sûr que ce serait une blonde à forte poitrine sans cervelle. Il ferait crouler la boîte en quelques semaines.

L’Audi roule au pas. Nous sommes coincés dans un embouteillage dans le tunnel de la Croix-Rousse, mais je m’en fiche. Je suis bien, là, à discuter avec Fred. Je le sens détendu.

— Et toi ? Qu’est-ce que tu voudrais faire ? poursuis-je.

Il lève la tête, regarde vers le haut en soufflant.

— Fff… Je ne sais pas encore. J’ai les diplômes et les compétences. Ce n’est pas ça qui m’inquiète. Mais gérer le service comptabilité, c’est un paquet de responsabilités en plus, et aussi passer cadre, donc horaires à rallonge. Je ne devrai plus compter mes heures, je passerai plus de temps au boulot, je ne pourrai plus prendre mes pauses à heure fixe ; parfois, je n’en prendrai même pas du tout. Ce qui signifie aussi qu’on ne pourrait plus faire de covoiturage.

Il se tourne vers moi. Mon visage se ferme.

— En gros, ce que tu veux me dire, c’est qu’on se verrait beaucoup moins ?

Il hoche la tête en me fixant. Je déglutis.

— Mais ça serait une grosse avancée pour ta carrière.

Nouvel acquiescement. Nous nous contemplons longuement.

— Alors fonce, Fred. Tu le mérites, ce job. Tu ferais un super responsable.

— Merci, Maddie. Je vais encore y réfléchir un peu. Et puis, Schmidt n’a pas encore officialisé la chose. Donc, pour le moment, j’attends que tout ça se décante.

Nous arrivons enfin dans ma rue. Je me sens triste. Voir moins Frédéric, c’est comme si le ciel me tombait sur la tête. Lorsqu’il se gare devant la maison, Mme Kaczmarek, occupée à nettoyer ses parterres de fleurs, braque son regard sur nous. Je lui fais un petit signe de la main. Ses yeux deviennent deux fentes.

— Merci, Fred. À partir de la semaine prochaine, c’est moi qui conduis. Tu vas pouvoir te la couler douce.

— Ou alors, je vais m’accrocher à ma portière, à chaque carrefour, pensant ma dernière heure venue.

Je pousse un cri outré et lui donne une tape sur le bras.

— Tu ne vas pas faire du Mathieu, à jouer les misogynes.

— Je ne suis pas misogyne. Je t’ai déjà vue conduire, c’est tout.

Il s’esclaffe. Je ne peux m’empêcher de l’observer, fascinée. Fred qui se lâche de cette façon, ça a quelque chose de captivant. Ses traits s’illuminent. C’est comme si je pouvais voir le petit garçon qu’il a dû être. Il s’arrête de rire et m’observe, reprenant son sérieux.

— Demain, c’est encore moi qui viens te chercher. Tâche de ne pas être en retard, Madeline Desurmont ! Sinon, cette fois-ci, c’est la fessée.

J’écarquille les yeux devant son faux air déterminé. Il rit de nouveau.

— À demain, Maddie.

— À demain, Fred.

Je sors de la voiture et le regarde s’éloigner.

Mme Kaczmarek n’a pas perdu une miette de notre échange. Je rentre chez moi, le cœur battant la chamade.

Un coup d’œil à l’horloge du salon. Merdum ! Il est 18 h 40 ! Jamais je ne serai à l’heure chez mes parents…

J’en ai marre d’être toujours en retard. J’ai parfois l’impression d’être le lapin blanc, dans Alice au pays des merveilles.


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26 commentaires

Sofi71

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Il y a 2 ans

J'avais loupé la notification pour celui-là ! Vivement la suite :)

Wolf

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Il y a 2 ans

Petit passage pour te faire un coup de pouce 👍🤗

MélineDarsck

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Il y a 2 ans

Petit like ❤️

Miia

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Il y a 2 ans

Je suis bien à jour chez toi :)

Annie.

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Il y a 2 ans

Voilà mon coup de pouce ♥️♥️♥️ Je m’excuse j’étais absente ces derniers jours! Courage pour la suite ✨

Stella No.

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Il y a 2 ans

Les deux se cherchent mais ne se trouvent pas encore ^^

Chrys59

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Il y a 2 ans

❤🧡💛💚💙💜

Laeticia LC

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Il y a 2 ans

✨💕

Silipina

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Il y a 2 ans

Petite aide au déblocage ! N'hésite pas à passer m'aider aussi si ce n'est pas déjà fait !

Maryline PIAUD

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Il y a 2 ans

❤️👍
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