Lindsay Lorrens Mon jardin d'hiver Chapitre 51

Chapitre 51

Cette matinée s’avère éprouvante à tout point de vue. Mes affaires de cœur sont devenues the sujet de conversation au bureau et je dois déployer des trésors de diplomatie pour ne pas prier mes collègues de se mêler de leurs oignons ! Ça m’apprendra à leur raconter ma vie privée… Heureusement, M. Durieux, mon héros du jour, alerté par l’animation qui règne dans notre open-space, vient se renseigner si nous avons besoin de son aide pour avancer dans notre travail. Étonnamment, après cette intervention, on entendrait une mouche voler dans le service. C’est bien fait pour eux ! La curiosité est un vilain défaut.

Lorsque nous entrons en salle de pause, en milieu de matinée, Fred est absent, contrairement à Mathieu le m’as-tu-vu, qu’on entend pérorer depuis le couloir. J’espère que mon retard de ce matin ne lui a pas causé trop d’ennuis avec son responsable. Prise de remords, je prépare mon thé et l’emporte dans le couloir. Je passe à côté du service commercial, où je salue les filles, en pleine réunion téléphonique, d’un signe de la main, pour atteindre la comptabilité, tout au fond, en mode touriste. Je m’appuie contre un pilier et m’oriente vers le panneau d’affichage, tout en sirotant ma boisson chaude, mine de rien. J’avance de quelques pas et passe la tête par l’entrebâillement de la porte. J’aperçois Frédéric, penché sur son écran, concentré, ses lunettes sur son nez. Il ne me voit pas.

— Psst ! Fred !

Il lance un regard étonné vers moi.

— Maddie ? chuchote-t-il.

Il se lève, sans bruit, jette un œil à la porte du bureau attenant au sien, puis vient à ma rencontre.

— Qu’y a-t-il ? me demande-t-il à voix basse, les sourcils froncés.

— Tu as des ennuis à cause de moi ?

— Tu sais comment est M. Schmidt, se contente-t-il de rétorquer, fataliste. Je dois rattraper ces dix minutes.

Je grimace. Je me sens coupable.

— À partir d’aujourd’hui, je serai toujours à l’heure. Je te le promets. Croix de bois, croix de fer.

Il sourit, ses yeux brillent.

— Hmm. J’ai déjà entendu ça quelque part. C’est gentil à toi d’être venue m’apporter ton soutien, mais si Mobalpa te voit ici, je vais encore me retrouver dans le pétrin.

Mobalpa ? Fred, faire de l’humour ?

J’écarquille les yeux et glousse plus ou moins discrètement.

— Chut ! Tu vas me faire avoir des problèmes.

— C’est ton chef qui a un sérieux problème. Ça s’appelle : complexe d’infériorité. Sûrement dû à sa taille, d’ailleurs.

Fred se met à rire dans sa barbe.

— Allez, regagne ton bureau, petit pitre. On se revoit tout à l’heure.


Ce midi, j’ai besoin de calme. Malgré l’insistance de mes collègues à me joindre à eux pour aller déjeuner quelque part, je reste dans le bureau, prétextant avoir encore mal à la cheville. Je vais chercher ma pitance dans les distributeurs automatiques de l’entreprise, situés à l’accueil, au rez-de-chaussée. Doro est déjà partie, et le hall est vide. Je vais pouvoir m’acheter des cochonneries sans que qui que ce soit me parle cholestérol ou glycémie. Ce midi, ce sera donc : Pringles, KitKat, fraises Tagada et eau minérale (oui, parce qu’il faut quand même faire attention à sa ligne).

Une fois regagné mon antre, je m’aperçois que j’ai reçu plusieurs appels de ma mère et un SMS de Raphaël. Je souris.

  • Bonjour, princesse. Je pense beaucoup à toi depuis hier. Ça te dirait qu’on sorte, tous les deux, demain soir ? Cette fois-ci, je te laisse choisir l’endroit. (Dis-moi oui, ou tu briseras mon petit cœur.)

Mon sourire idiot ne quitte pas mes lèvres, mais je ne lui réponds pas tout de suite. Ma réponse demande réflexion. J’ouvre ma boîte de Pringles et rappelle ma mère.

— Allô ?

— Coucou maman. C’est moi !

— Ah, mon chou ! Comment tu vas ? Tu as déjeuné ?

— Ça va. Je suis en train de prendre mon repas, réponds-je, la bouche pleine.

— Qu’est-ce que tu manges de bon ?

Je prends quelques secondes de réflexion.

— Un sandwich poulet-crudités.

— Il fait un bruit bizarre dans le téléphone, ton sandwich, réplique-t-elle d’un ton narquois.

Je décide d’arrêter de grignoter mes chips durant l’appel.

— C’est la salade qui croustille. Alors, comment vous allez, papa et toi ?

— Très bien ! On est rentrés hier soir. La Grèce, c’est un pays magnifique, mais ton père n’en pouvait plus de la moussaka, du tzatziki, du ktipiti. Son estomac a beaucoup souffert pendant notre séjour. Ça fait des jours qu’il me parle blanquette, pot-au-feu et hachis parmentier.

— Pauvre papa, rétorqué-je en riant.

— Tu peux venir manger à la maison, ce soir. Ça fait un bout de temps qu’on n’a pas papoté. Je t’appelais aussi pour que tu réserves ton samedi de la semaine prochaine. On fête l’anniversaire des jumeaux chez nous.

— OK, maman. Je serai là à 19 heures pétantes. Et je note l’anniversaire des monstres dans mon agenda.

— Cesse d’appeler ces petits anges des « monstres » ! lance-t-elle, outrée.

Je ne peux m’empêcher de ricaner.

— Crois-moi, ils n’ont d’angélique que leurs petits airs.

— Tu as toujours eu tendance à l’exagération, mon chou.

— Tu dis ça parce que tu n’as pas vu le « 666 » tatoué dans leur dos.

Elle pousse un cri.

— Madeline Desurmont ! Je t’interdis de dire de telles horreurs !

Je ris de plus belle.

— Bon, je dois te laisser. Ma pause est bientôt terminée. Embrasse papa pour moi. Il est où, d’ailleurs ?

— Parti faire des courses. Je veux bien lui mitonner de bons petits plats, mais j’ai tout un tas de lessives qui m’attendent. Il ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

— Tu as bien raison, maman. Bisous.

— Bisous, mon chou. À ce soir.

Je dîne à la maison ! Ça me fait chaud au cœur. Je vais redevenir une petite fille l’espace de quelques heures. Et puis, un bon repas équilibré, ça ne se refuse pas. Un grand sourire aux lèvres, je m’adosse à mon fauteuil et regarde par la fenêtre, tout en enfournant tuiles salées, KitKat puis fraises Tagada, au comble du bien-être. Lorsque j’ai terminé mon paquet de bonbons, j’humidifie mon index en le mettant dans ma bouche puis place mon doigt dans le fond du sachet pour que le sucre y adhère et que je puisse savourer les dernières miettes.

Oh, ça va ! Je suis toute seule, je vous signale.

Je termine par une grande goulée d’eau fraîche, avant de pousser un soupir de satisfaction. Il est grand temps d’aller me laver les mains. Lorsque je reviens, après m’être rafraîchie un peu, je m’installe de nouveau à mon poste et sursaute. Merdum ! J’ai oublié de répondre à Raphaël… J’attrape mon portable et réfléchis à ma réponse. Je connais plusieurs endroits avec une super ambiance où l’on peut boire un verre et dîner. Je réfléchis à cette possibilité durant plusieurs secondes. Vendu !

  • Bonjour Raph. Moi aussi, je pense à toi. 😊 Loin de moi l’idée de briser ton petit cœur, donc j’accepte avec plaisir cette sortie, demain soir. Je garde la surprise du lieu pour le moment. À très bientôt !

Je reçois une notification quelques secondes plus tard.

  • J’ai cru que tu ne répondrais jamais. Vivement demain, alors !


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23 commentaires

Rose Foxx

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Il y a 2 ans

Hello ! Désolée pour mon absence, je me suis tordu le pied pendant ma compétition à Barcelone donc j'ai pris pas mal de retard ^^' Si jamais tu as le temps de m'aider pour la dernière ligne droite, un nouveau chapitre de Cheerlover est disponible! Merci d'avance et à très vite 🎀

Koryn Bay

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Il y a 2 ans

Merci pour ton soutien ! Belle suite à toi☺️

Damien Aulongcours

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Il y a 2 ans

Des encouragements !!!

Wolf

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Il y a 2 ans

Petit passage pour te faire un coup de pouce 👍🤗

Patricia Eckert Eschenbrenner

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Il y a 2 ans

Pitié pas de cinéma d'art et d'essai Maddie XD

Lindsay Lorrens

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Il y a 2 ans

;-) Non, pas Maddie ! D'ailleurs, pas sûre que ça plaise à Raph... XD

Caroline-Noëlle

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Il y a 2 ans

Coup de pouce ! N’hésite pas à faire de même sur mes chapitres. 😁

MélineDarsck

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Il y a 2 ans

Soutien :)

Stella No.

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Il y a 2 ans

Raph est touchant avec son empressement ^^

Ninon Amey

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Il y a 2 ans

☺️
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