Fyctia
Je suis en r'tard, en r'tard !
J’ouvre les yeux. Je ne reconnais pas les murs de ma chambre. Désorientée, je contemple le plaid du canapé. Quel jour on est ? Mes synapses se reconnectent d’un coup. Je me redresse sur mon séant, attrape mon portable.
Non, non, non ! Pas encore !
Il est 7 h 41. Fred passe me prendre dans un peu plus d’une demi-heure. Je n’y arriverai jamais ! Mon abattement dure quelques secondes à peine. Je n’ai pas le temps de pester contre mon karma. Je dois me remuer illico presto. Quelques tapes rapides sur mes joues pour me réveiller, je me secoue enfin et, telle une abeille butineuse, entame une course effrénée contre la montre. Alors que je me lave les dents tout en me brossant les cheveux, j’entends sonner plusieurs fois à l’entrée. Je crache le dentifrice dans le lavabo et crie un « J’arrive ! » paniqué.
Je m’en sors avec sept minutes de retard. Mon meilleur ami m’attend derrière son volant, d’un air renfrogné.
— Je suis vraiment désolée, Fred, lancé-je d’une petite voix en m’asseyant à ses côtés.
Il démarre dans une brusque accélération.
— Tu as eu une nuit mouvementée, on dirait ?
— Quoi ?! Mais non, pas du tout ! rétorqué-je tout en bataillant avec ma ceinture de sécurité. J’ai oublié de…
— De toute façon, ta vie privée ne m’intéresse pas. Tout ce que je t’avais demandé, c’était d’être à l’heure le matin. Madame sort le soir, et elle est incapable de se lever le lendemain !
— Dis donc, Fred ! Ne va pas trop loin. J’ai le droit d’avoir une vie ! Et puis, tu m’avais dit que le jour où je ne serais pas prête dans les temps, tu partirais sans moi. Eh bien, tu n’avais qu’à le faire ! Ne t’en prends pas à moi, OK ?
Je suis injuste envers lui, je le sais à l’instant où je prononce ces mots. Mais j’ai eu un réveil stressant, je n’ai pas bu mon thé matinal et je lui en veux. Je suis incapable de dire pourquoi.
— Tu es quelqu’un d’irresponsable, on ne peut pas te faire confiance. À cause de toi, mon chef va me pourrir la journée.
— On ne sera peut-être pas en retard. D’habitude, on arrive avec un quart d’heure d’avance.
— Parce qu’à cette heure-là, il y a encore de la place sur le parking ! aboie-t-il, excédé.
Je décide de me faire oublier en ne bougeant plus d’un pouce et en ne prononçant plus un mot.
J’en ai marre de ces hauts et ces bas dans ma vie ! Hier soir encore, j’étais sur un nuage, et me voilà au trente-sixième dessous. Mon existence est un bazar sans nom. Je me rends compte que des larmes roulent sur mes joues lorsque l’une d’elles atterrit sur ma main. Je me mets à renifler, puis suis prise de gros sanglots que je ne parviens pas à endiguer. Fred crispe les doigts sur le volant. Il s’arrête sur le bas-côté.
— Allez, viens là, murmure-t-il.
Je me tourne vers lui, misérable, il me prend dans ses bras tout en me caressant les cheveux.
— Excuse-moi, Maddie. Je me comporte comme un ours, ce matin.
À nouveau, je me sens au paradis. J’aimerais que le temps s’arrête, rester là jusqu’à la fin de ma vie. Est-ce que je suis complètement dingue, moi aussi ? Comme Charline ? Ou bien, c’est peut-être hormonal ?
Quand la crise est passée, j’attrape un mouchoir dans mon sac pour me moucher, puis un autre pour me tamponner le visage. Fred s’insère de nouveau dans la circulation. Là, c’est sûr, on ne sera jamais à l’heure au boulot…
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Laeticia LC
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