Fyctia
Chapitre 49
Une fois restaurés, Raphaël et moi nous rendons dans notre salle. La séance va bientôt commencer. La cuisine était bonne, mais ça ne cassait pas trois pattes à un canard ! Et puis, j’ai encore faim. Je ne vais même pas pouvoir me caler l’estomac avec du pop-corn. Nous nous dirigeons vers nos sièges numérotés, pas très loin de l’écran de projection, et nous y asseyons.
— Tu vas voir, ici, on n’est pas forcés de visionner des bandes annonces stupides sur des films à gros budget. Les séances démarrent toujours à l’heure prévue.
Tiens, il devrait bien s’entendre avec Fred s’il aime la ponctualité…
Mais pourquoi je pense à Fred maintenant, moi ?
Je hoche la tête et me concentre sur l’écran qui s’allume.
Je passe les minutes suivantes à essayer de m’intéresser à ce qui se déroule sous mes yeux. Une voix off parle d’une voix de fin du monde. Les images sont en noir et blanc. Parfois, du rouge apparaît. On voit des gens rire, puis d’autres pleurer. Il doit y avoir quelque chose de symbolique là-dedans. Tout à coup, une main saisit la mienne. Je me tourne vers Raphaël, il me sourit en serrant mes doigts plus fort. Mon cœur s’emballe. Son attention se focalise de nouveau sur l’écran. Moi, je n’essaie même plus de me concentrer sur ce que je vois. Je me sens bêtement légère et heureuse.
Lorsque le générique de fin apparaît, deux interminables heures plus tard, je me sens vidée, au bout du rouleau. J’ai hâte de sortir de là ! Les quatre autres spectateurs dans la salle restent assis. J’observe Raphaël, toujours concentré sur l’écran où défilent des noms qui semblent ne jamais vouloir s’arrêter. J’attends donc, impatiente d’en finir. Enfin, les lumières se rallument. Je retiens un soupir de soulagement. Mon voisin m’accorde son attention.
— Un film plein de bon sens, qui donne à réfléchir.
Ma main toujours dans la sienne, je hoche la tête en lui souriant bêtement.
— On sort ? lancé-je, pleine d’espoir.
Il acquiesce en raffermissant sa prise sur ma main. Alors que nous passons les portes du complexe, une rafale de vent frais nous surprend. Je frissonne. Ma petite veste en jean est bien trop légère. Raphaël s’en aperçoit et ôte son blazer.
— Tiens, me dit-il en posant son vêtement sur mes épaules. Tu auras plus chaud comme ça.
— Merci.
Je suis enveloppée de sa chaleur et de son odeur virile. Il reprend possession de ma main, à ma plus grande joie, et nous nous dirigeons vers le parking. Je le laisse me donner ses impressions sur notre récent visionnage. Je n’ai quant à moi rien compris à ce documentaire. Tout ce que j’espère, c’est ne plus jamais remettre les pieds dans cet endroit !
Arrivés à la Prius, nous ouvrons chacun notre portière et nous engouffrons dans l’habitacle. Raph s’empresse d’allumer le chauffage.
— Pas trop fatiguée ? me demande-t-il en faisant des manœuvres pour sortir de la place de stationnement.
— Ça va, répliqué-je en étouffant un bâillement, ce qui le fait rire.
— Je vais te ramener chez toi. On se lève tous les deux de bonne heure demain matin.
— Oui, merci.
— J’ai passé une très bonne soirée, Madeline. Ta compagnie m’est vraiment agréable.
Je me sens rosir de plaisir.
— Merci. Je te retourne le compliment.
Nous nous sourions, tous deux un peu gênés.
Lorsqu’il se gare devant la maison, j’hésite sur le comportement à adopter. Hors de question de lui proposer un dernier verre. Nous ne nous connaissons pas assez pour ça. Je m’apprête à lui souhaiter bonne nuit, mais il me prend de vitesse en coupant le moteur.
— Je te raccompagne jusqu’à ta porte, on ne sait jamais, de nos jours.
Il sort et reprend possession de ma main lorsqu’il m’aide à me relever. Tandis que nous marchons jusqu’à la porte d’entrée, j’ôte son blazer et le lui tends.
— Merci beaucoup, lui dis-je dans un souffle, tout à coup intimidée. Et aussi pour cette soirée.
— Y’a pas de quoi, répond-il en me caressant la joue de l’index, le regard rivé sur mes lèvres. Tu serais d’accord pour qu’on se revoie ?
Nous nous dévisageons, puis je lui souris.
— Avec grand plaisir.
Il me sourit à son tour et se penche vers moi.
— Bonne nuit, Maddie.
— Bonne nuit, Raph.
Son front et son nez se posent un instant sur les miens, comme pour attendre mon feu vert, puis comme je ne fuis pas à ce contact, il cueille mes lèvres avec douceur. Il finit par s’écarter, quelques secondes plus tard.
— A très bientôt, murmure-t-il.
Je hoche la tête et le regarde rejoindre sa voiture puis quitter la rue, adossée à ma porte d’entrée.
Et voilà, je ne suis plus célibataire !
Exténuée, et en même temps survoltée, je pénètre chez moi, ôtes mes chaussures dans l’entrée puis me laisse tomber sur le canapé, où je m’allonge, les yeux rivés au plafond. Je reste ainsi de longues minutes, dans le noir, me repassant la soirée dans mon esprit.
Est-ce lui, l’homme de ma vie ? Raphaël semble avoir la tête sur les épaules. Je ne partage pas ses goûts cinématographiques – ah, ça, non ! –, mais il a l’air d’être quelqu’un de bien. Bon, il est peut-être un poil critique et sûr de lui, mais personne n’est parfait ! J’aime beaucoup son parfum, et ses yeux, et ses cheveux aussi. Il est très beau. Peut-être un peu trop ?
Je continue de me perdre dans mes pensées, l’esprit de plus en plus confus et embrumé. Un bruit de notification me sort de ma rêverie. J’attrape mon portable dans mon sac à main, à côté de moi.
Mon cœur se met à battre plus fort. Il pense à moi… Il m’a appelée « jolie Maddie ».
Un sourire béat étire mes lèvres. Sur mon nuage, je sombre au pays des rêves.
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Laeticia LC
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Il y a 2 ans
Luavdsx
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Lindsay Lorrens
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Lucie_lolita_auteure
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Ninon Amey
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