Fyctia
Avril, ne te découvre pas...
... d'un fil
J’ai eu beaucoup de mal à m’endormir, hier soir, ce qui fait que j’ai l’impression d’être dans le brouillard depuis que mon réveil a sonné.
Frédéric me parle tout en conduisant, mais je ne parviens pas à me concentrer sur ses paroles.
— Maddie ? Tu n’es pas avec moi, ce matin. Ta cheville t’a fait souffrir, cette nuit ?
Je suis prise d’un sentiment de culpabilité. Mais il est hors de question que je lui explique pourquoi je n’ai pas réussi à trouver le sommeil avant minuit passé. Il va encore me lancer l’un de ses regards bizarres et se comporter de façon encore plus bizarre.
— Excuse-moi, Fred. Oui, un peu.
Je mérite d’être foudroyée sur place pour avoir raconté un tel bobard !
— Tu devrais quand même consulter un médecin. On ne sait jamais, tu as peut-être quelque chose de cassé.
— Oh, non, Raphaël a regardé. Il a dit que c’était une simple entorse.
Ses doigts se crispent sur le volant.
Oups… Qu’est-ce que j’ai dit encore ?
— Il est médecin, ce Raphaël ?
Je n’aime pas trop la façon dont il prononce son prénom, mais je préfère passer outre.
— Non, mais il fait beaucoup de sport, et les foulures en tout genre, ça le connaît.
— Hmm.
Il ne dit rien pendant plusieurs minutes. Je regarde distraitement ce qui nous entoure par la vitre.
— Tu comptes le revoir ?
Ouh là… Sujet sensible.
— Euh… je ne sais pas. Peut-être.
Deuxième mensonge de la journée. À ce rythme-là, autant carrément me lancer dans la politique !
Le reste du trajet se déroule dans le silence. Notre relation devient de plus en plus compliquée. Je ne comprends pas pourquoi et ça me désole. Fred se gare, sort de l’Audi puis me souhaite une bonne journée. Je pousse un soupir avant de le suivre dans le bâtiment.
Ce matin, à la facturation, c’est cellule de crise. Après un interrogatoire en règle de mes comparses sur « ce qu’il s’est passé exactement vendredi soir aux Arpenteurs », chacun y va de son analyse de la situation.
— En fait, Fred en pince grave pour tes miches, ma cocotte, affirme Dieudo avec sérieux. Mais toi, tu ne vois rien !
— Quoi ?! m’étranglé-je. Mais t’es dingue ! Fred et moi, ça a toujours été une relation amicale. Rien de plus !
— Ah ouais ? intervient Ludi. Et comment t’expliques qu’il se soit pointé alors que t’étais en pleine phase de reconnaissance avec un partenaire potentiel, et qu’après, à table, c’était la soupe à la grimace ?
Je me renfrogne.
— Il est très protecteur envers moi, c’est tout. Fred ne m’a jamais vue comme…
Je m’interromps, mes joues se mettent à chauffer.
— Comme ? répète Morgane avec douceur.
Non… Je ne peux pas leur raconter ça. Je serais morte de honte s’ils l’apprenaient. Une fois, il y a un peu plus d’un an, alors que Fred me raccompagnait après une soirée organisée par LogiSolu pour les fêtes de fin d’année, je me suis approchée de lui, au moment où il me souhaitait bonne nuit, dans l’intention de l’embrasser. Bon, à ma décharge, j’avais un peu bu, et je me sentais tellement bien avec lui, en sécurité, que, je ne sais pas… sur une impulsion, j’ai eu envie de goûter ses lèvres. Mais il a tourné la tête, gêné, et m’a gentiment tapoté le dos. Je crois que ça a été le plus grand moment de solitude de toute ma vie. Je n’ai jamais retenté l’expérience et nous n’avons jamais abordé le sujet. Rien que d’y repenser, mes yeux deviennent humides. Je me souviens avoir versé toutes les larmes de mon corps, cette nuit-là. Alors, il peut bien se les garder ses remarques pourries ! Je n’ai pas envie de rester célibataire toute ma vie, moi.
D’ailleurs, en parlant de ça…
— J’ai rencontré quelqu’un hier, lancé-je de but en blanc pour changer de sujet.
Vu les yeux écarquillés de mes collègues, j’ai réussi mon coup.
— Raconte ! s’exclame Dieudo.
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Aurélie Benattar
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