Fyctia
Chapitre 42
Frédéric entre dans la cuisine, le regard anxieux.
— Tu vas bien ?
— Mais oui, Fred, ne t’inquiète pas.
Charline se trouve derrière lui. Elle l’examine bizarrement, les yeux brillants. Je lui adresse un coup d’œil appuyé pour qu’elle cesse immédiatement.
— Comme je te l’ai expliqué au téléphone, je me suis juste tordu la cheville au bois de Serres, ce matin.
— Pourquoi tu ne m’as pas appelé ? Je serais venu.
Mes joues chauffent, là ? Je me racle la gorge.
— Oh, ce n'était pas la peine… quelqu’un m’a aidée et ramenée chez moi.
Il me fixe, ne dit rien. Charline s’est avancée, elle se trouve à mi-chemin entre Fred et moi. On dirait qu’elle assiste à une finale de Rolland Garros. Sa tête ne cesse de faire le yoyo : à gauche, à droite, à gauche… C’est agaçant !
— Le fameux Raphaël ? intervient ma sœur.
— Qui est ce fameux Raphaël ? m’interroge Fred d’une voix douce, mais froide.
Pourquoi je me sens coupable à présent ? Je n’ai rien fait de mal !
— C’est la personne qui m’a portée jusqu’à sa voiture pour me ramener à la maison. Heureusement qu’il était là. Je ne sais pas comment j’aurais fait sinon.
— Tu m’aurais appelé, voilà tout, rétorque mon meilleur ami d’une voix blanche. Où sont tes clés ? Je vais chercher ta Micra.
— Sur la coupelle, dans le vestibule. Merci, Fred.
Il grogne en guise de réponse. Je suis cramoisie, je le sens. Il fait volte-face et quitte la maison. Je tombe sur ma chaise.
Charline m’observe, les yeux écarquillés, ce qui ferait peur à n’importe qui, vu l’épaisseur des verres de ses lunettes.
— Quoi ?! aboyé-je.
Elle reste pensive quelques instants, puis me sourit.
— Rien, me dit-elle avec gentillesse. Tout va très bien.
Je pousse un soupir frustré. J’ai de nouveau envie de pleurer.
— Viens, ma petite sœur, on va rejoindre les enfants avant qu’ils ne fassent des bêtises. Je vais t’aider.
Je la laisse passer un bras sous mon aisselle droite et poser mon bras gauche sur ses épaules.
Lorsque Fred revient, quelques minutes plus tard, nous dégustons les cookies dans le jardin d’hiver, assis sur les fauteuils en rotin. Je lui propose de se joindre à nous. Il semble hésiter, mais accepte finalement d’un hochement de tête. Charline lui sourit béatement. Elle qui est en général plutôt sur la réserve avec les gens qu’elle ne connaît pas est tout de suite à l’aise avec lui. Elle se met à lui faire la conversation, lui pose des questions sur sa vie, son travail, sentant une tension entre lui et moi. Même les monstres semblent attirés par lui. Lily lui fait les yeux doux et Thomas lui parle de ses super-héros préférés. J’en suis abasourdie. Ils savent bien se tenir, quand ils veulent. Je ne manquerai pas de le leur faire remarquer à la prochaine bêtise.
— Bon, je vais vous laisser en famille, déclare Frédéric aux alentours de 17 h 30.
Une pensée surgit alors dans mon esprit. Je suis prise d’un sentiment de culpabilité.
— Fred, tu as laissé ta voiture au parking du bois de Serres pour me ramener la mienne ?!
Il hoche la tête.
— Excuse-moi. Je n’ai pas réfléchi au fait qu’il te faudrait marcher jusque-là pour la récupérer.
Je m’en veux. Charline intervient :
— On va y aller aussi. Amar va bientôt rentrer et les enfants doivent prendre leur bain. Je vous dépose, Frédéric, c’est sur mon chemin.
— Vous êtes sûre ? lui demande-t-il, un peu mal à l’aise.
— Totalement. Allez, les enfants, venez mettre vos manteaux.
Nous marchons jusqu’au vestibule. Pendant qu’elle s’active auprès des monstres, Fred s’approche de moi.
— Tu veux que je passe te chercher demain matin ? Avec ta cheville blessée, il ne vaut mieux pas que tu conduises.
— Oui, merci, bredouillé-je. C’est gentil.
Il me sourit avant de sortir. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale. Charline me contemple avec curiosité. Je suis de nouveau tendue.
— Quoi ?!
— Rien…
Elle détourne le regard.
— Bon, on s’appelle.
— OK.
Elle s’approche de moi, me prend dans ses bras et me chuchote :
— Ouvre les yeux, Maddie. Tu devrais peut-être porter des verres grossissants, toi aussi.
Je m’écarte d’elle, la dévisage, mais elle n’ajoute rien. Je ne comprends rien à ce qu’elle raconte. Comme la plupart du temps, à vrai dire. Elle prend la main de ses enfants et quitte la maison.
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