Fyctia

— Elle est où Véranda ?

Deux fusées passent par la porte d’entrée et courent en direction de la baie vitrée.

— C’est pas « Véranda », Thomas. C’est « Vianda » ! s’indigne sa sœur.

— Euh… Non, les enfants. C’est Vanda. Dites donc, et mon bisou, alors ?

Thomas fronce les sourcils puis prend une mine dégoûtée. Il s’approche de moi, je me baisse. Mon neveu effleure ma joue de ses lèvres avant de s’essuyer la bouche sur sa manche et de repartir en courant vers le jardin d’hiver.

— On peut la voir maintenant ?

— Pas encore… Lily ?

Cette dernière ne se fait pas prier. Elle file comme une flèche vers moi et m’offre un câlin à m’étouffer.

— Oh… oh… attention ! Ma cheville.

— Qu’est-ce qui t’arrive ? me demande Charline.

Je pousse un soupir.

— C’est une longue histoire. Viens, je t’offre un café. J’ai l’impression que tu en as grand besoin.

Ma sœur se dirige en mode automatique vers la cuisine, elle a l’air rincée.

— Vas-y, je te rejoins, lui lancé-je.

Je clopine jusqu’au jardin d’hiver, où Lily et Thomas se trouvent déjà.

— Patati et Patata, venez ici.

— Quoi, tata ? me demande innocemment Lily.

— Trévor utilise des mots pas beaux du tout, ces derniers temps. Je trouve ça étrange…

Ils se lancent des regards en biais, mais ne prononcent pas un mot.

— J’espère vraiment qu’il n’apprendra pas de nouveaux vilains mots aujourd’hui, parce qu’il me semble que c’est l’anniversaire de deux petits anges, dans pas très longtemps…

— Oui, nous ! s’exclame Lily.

— Ah, je me disais bien. Et les enfants sages ont toujours de plus beaux cadeaux, c’est bien connu.

— D’accord, tata Maddie, réplique Thomas, vaincu. On ne lui apprendra que des mots gentils aujourd’hui.

— Tss, tss. Aujourd’hui et…

— Aujourd’hui et les autres fois aussi.

— Promis ?

— Promis.

— Bien. Je reviens. Vanda n’est pas encore habituée à nous, donc ne soyez pas brusques, ne lui faites pas peur.

— Oui, tata.

Je repars en direction de la cuisine sans avoir totalement refermé la baie vitrée, pour les avoir à l’œil. Charline est assise à table, les traits tirés. Je claudique vers la machine à café et place deux tasses sous la buse. Même si je bois habituellement du thé ou des tisanes, je ne suis pas contre un bon café de temps en temps.

— J’ai rencontré quelqu’un, lancé-je de but en blanc.

Elle sursaute, semble se ranimer. Je pose nos tasses sur la table, à côté de l’assiettes de cookies, et m’assieds en face d’elle. J’avance les biscuits vers elle, elle me fait pitié. Elle en saisit un puis déclare :

— Qui ? Où ? Quand ? Comment ?

— Raphaël. Au bois de Serres. Ce matin. Je me suis foulé la cheville et il m’a aidée à rentrer à la maison.

Elle fronce les sourcils.

— Que fait-il dans la vie ?

— Il est cadre dans une ONG environnementale.

— Ça ne colle pas, Maddie. Tu ne le connaissais pas avant ?

— Non.

— Alors ce n’est pas ton homme. Laisse tomber.

— Charline !

— Quoi ?

— Tu ne l’as même pas vu.

— Ça n’a rien à voir. Ce n’est pas lui, je te dis.

La sonnette d’entrée retentit.

Merdum ! Ce doit être Fred. Je l’ai appelé tout à l’heure. Il vient chercher mes clés de voiture pour aller récupérer ma Micra et me la ramener.

— Tu peux aller ouvrir, Charline, s’il te plaît ?