Fyctia
Chapitre 38
Ce midi, j’ai une furieuse envie d’omelette à l’ail des ours. J’adore l’arôme délicat de cette plante qui pousse au début du printemps, dans les sous-bois. Le secret, pour bien réussir ce plat très simple, c’est de battre les œufs vigoureusement, puis d’ajouter une pincée de sel, de poivre, et de verser la préparation dans une poêle très chaude avec un peu d’huile. Lorsque l’omelette est encore baveuse, retirer du feu, hacher finement les feuilles d’ail des ours au-dessus. Il n’y a plus qu’à servir dans une assiette et déguster avec un peu de pain beurré. C’est délicieux !
Avouez, je vous ai fait saliver, hein ?
Je connais un endroit peu fréquenté, au bois de Serres, où l’on en trouve. Je chausse mes baskets, enfile mon coupe-vent et sors de la maison, munie d’un sac en papier dans lequel j’ai déposé une paire de ciseaux. Lorsque j’arrive sur le parking, je renifle à pleins poumons cet air qui sent bon la nature. Le dimanche matin, il y a souvent des promeneurs et des joggeurs par ici. J’emprunte le sentier bordé de fougères qui mène à mon emplacement secret, évite les racines des arbres qui sont de vrais pièges à étourdis. J’ai de la chance, il ne pleut pas aujourd’hui. Je quitte le chemin de terre pour me diriger vers le lieu reculé où pousse l’ingrédient principal de mon prochain repas et marche durant quelques minutes. Un petit écureuil roux surgit brusquement devant moi avant de sauter sur un arbre. Il court le long du tronc puis se réfugie tout en haut, sur une branche. Je pousse un soupir d’aise. J’ai l’impression de me trouver dans une nature sauvage, inexplorée. Je finis par arriver à destination. Au pied d’un chêne énorme s’étend un tapis de longues feuilles vertes et odorantes que l’on pourrait confondre avec du muguet. La senteur d’ail qui règne dans l’air ne trompe pas et me donne l’eau à la bouche. Je m’approche puis me met à couper les feuilles de la précieuse plante. Je n’arrache jamais le plant complet, sinon, les années suivantes, il finira par ne plus y en avoir. Lorsque j’en ai suffisamment ramassé, je me relève, ravie de ma récolte, et rebrousse chemin. J’ai hâte de passer à table !
J’observe tout autour de moi en tendant l’oreille. Les oiseaux sont de sortie, ils chantent leur joie de voir revenir le printemps. On va bientôt entrer dans la saison des amours. Peut-être que Trévor et Vanda vont se laisser happer par la magie de cette période, eux aussi ?
Un cri s’échappe de mes lèvres. Mon pied s’est coincé dans l’une des racines dont je parlais tout à l’heure. Je perds l’équilibre et m’étale lamentablement par terre. Et oui… piège à étourdis. Ça m’apprendra ! J’aurais mieux fait de regarder où je mettais les pieds, plutôt que de rêvasser, tête en l’air. Le visage dans la gadoue, les mains à plat de chaque côté de mon corps, je gémis. Une douleur lancinante irradie dans ma cheville.
Merdum ! Mes yeux s’emplissent de larmes. Comment je vais faire pour rejoindre ma voiture ?
— Ça va, mademoiselle ? Vous vous êtes fait mal ?
Je relève la tête, un peu embarrassée qu’un inconnu me trouve dans cet état peu glorieux.
— Oui. Ma cheville.
Ma voix tremble. Je suis à deux doigts d’éclater en sanglots.
Reprends-toi, Maddie ! Tu veux qu’on te traite en adulte, alors comporte-toi en adulte.
Je me racle la gorge, essaie de me ressaisir, puis me redresse.
C’est là que je le vois.
18 commentaires
Ana_K_Anderson
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Il y a 2 ans
Jonaka
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Il y a 2 ans
iris monroe
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Rose Foxx
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Emma Chapon
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Emma Chapon
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Lindsay Lorrens
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Caroline Guerini
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Patricia Eckert Eschenbrenner
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Lindsay Lorrens
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Il y a 2 ans