Fyctia
Chapitre 31
Je file vers ma penderie, choisis une tenue chic et féminine : jupe crayon noire et top bleu canard ajusté. S’il y a bien une leçon que j’ai retenue de mes précédents petits copains, c’est qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre ! Avec un look et des fringues d’ado, je n’envoie pas le bon message. Si je veux qu’on me voie et qu’on me traite comme une femme, je dois m’habiller en conséquence. Je jette un coup d’œil à ma psyché, dans ma chambre. Verdict : bon, ben ça ira. De toute façon, vu mon physique, quoi que je fasse, je ressemble plus à Laura Ingalls dans La Petite Maison dans la prairie qu’à Sharon Stone dans Basic Instinct.
La sonnette retentit.
Merdum ! C’est Fred !
L’endroit où nous avons décidé de sortir ce soir s’appelle « Les Arpenteurs ». C’est un bar à mystères et jeux de société où ils servent des planches, proposent des produits locaux, que ce soit de la nourriture ou des boissons. La salle est spacieuse, les murs sont en pierre brute et en briques. La déco sur le thème du jeu est très sympa. Nous y sommes déjà allés quelques fois, c’est un lieu fait pour se divertir.
Lorsque nous arrivons, Dieudo, Maria, Doro et Ludi sont déjà attablés. Je me demande bien de quoi ils sont en train de parler, vu leurs mines hilares. Frédéric et moi les rejoignons et, après délibération, nous choisissons à l’unanimité de jouer à Débats nuls, un jeu où il faut débattre de sujets vraiment pas importants. Je commande une cervelle de singe pour l’apéro.
Quoi !? Pourquoi vous hurlez dans mes oreilles ?
Mais non, je ne vous joue pas un remake d’Indiana Jones et le temple maudit. C’est un cocktail à base de vodka, Baileys et grenadine. Un régal !
Nous demandons aussi des planches mixtes composées de fromage, de charcuterie, d’houmous et de tapenade. Une fois servis, nous commençons à manger pour pouvoir ensuite passer aux choses sérieuses. Dieudonné s’extasie sur la sélection de fromages :
— Vous voyez pourquoi jamais je ne quitterai la France ? Pour ça.
Il s’empare du plateau de fromages et se sert généreusement.
— Allez trouver du Rocamadour, du Saint-Nectaire, de la fourme d’Ambert ou du Comté dans les autres pays, déclare-t-il, la bouche pleine. C’est carrément mission impossible !
— Eh oh ! râlé-je. Laisses-en un peu pour les autres, espèce de goinfre !
Je ne vous ai pas dit, mais Dieudo est un fana de fromages, je crois que vous l’avez déjà deviné. Il me fait un peu penser à Wallace. Vous savez, ce personnage dans Wallace & Gromit qui adore le gorgonzola et le cheddar ?
Une fois nos ventres pleins et les potins de chez LogiSolu passés en revue, nous nous lançons dans la partie. C’est Dieudo qui tient le premier le rôle de l’arbitre, Doro et moi sommes débateurs. Il tire une carte au hasard. Premier débat : pour ou contre les claquettes-chaussettes ? Ouh là ! Sujet qui demande réflexion… Le truc, à ce jeu, c’est qu’il faut argumenter, mais en utilisant des raisonnements totalement absurdes. Et je vous jure que ce n’est pas aussi facile qu’on le pense.
— Les claquettes-chaussettes, c’est super ! s’exclame Dorothée, horrifiée par ce qu’elle est en train de dire. Ça permet de… euh… s’aérer les pieds pour… éviter la transpiration et les mauvaises odeurs. Et… c’est aussi très tendance !
Tout le monde s’esclaffe. Je contre-attaque, en mode totalement absurde.
— Peut-être, mais on ne montre pas ses sous-vêtements en public ! Et les chaussettes, c’est encore plus osé qu’une petite culotte. C’est indécent ! C’est aussi un symbole phallique et c’est donc carrément misogyne.
Ils me regardent tous avec des yeux ronds, j’éclate de rire. Bon, je suis peut-être allée trop loin dans l’absurde.
Je sais, je sais… vous vous dites : en quoi des chaussettes peuvent-elles être un symbole phallique ? J’en sais rien, mais… c’est l’jeu, ma pauv’ Lucette !
Pour le coup, Dieudo accorde la victoire à Doro. Bien sûr… On dirait que monsieur n’a pas apprécié le « espèce de goinfre » !
À mon tour d’être arbitre. Fred et Maria doivent débattre sur : faut-il placer le papier toilette vers l’intérieur ou l’extérieur ? Alors là, vu la mine déconfite de Fred, je ne suis pas sûre qu’il soit sensible au sujet.
— Très bien, Maria, tu es pour l’intérieur, et Fred, l’extérieur, lancé-je. À vous de jouer !
Nous passons la soirée à nous bidonner. Je n’ai jamais entendu d’arguments aussi farfelus ! J’ai mal aux côtes tellement je ris.
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Stella No.
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Fanélie
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Lindsay Lorrens
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Isabelle M
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Caroline Guerini
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Magali_Santos_auteur
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Lindsay Lorrens
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Patricia Eckert Eschenbrenner
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Lindsay Lorrens
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Il y a 2 ans