Fyctia

Quand mon réveil sonne, je pousse un grognement. Je n’ai pas assez dormi ! J’ouvre un œil, puis deux, et là, le ciel me tombe sur la tête. Littéralement ! De gros flocons tombent devant ma fenêtre, et on dirait que ça a commencé il y a un moment, vu le manteau blanc qui recouvre tout.

Comment je vais faire pour aller bosser, moi ?!

Ma Micra n’est pas équipée pour rouler par un temps pareil ! Un gémissement franchit mes lèvres. Impossible de me rendre au boulot en bus, j’aurais dû me réveiller beaucoup plus tôt pour ça ! Et puis, je ne sais même pas si les transports publics circulent, vu l’état des routes. Merdum ! Pourquoi je n’ai pas regardé la météo hier soir ?

Mon téléphone vibre. Si c’est Charline, elle va m’entendre, l'extralucide de pacotille !

— Allô, mon chou ?

— Maman ?

— Je ne te réveille pas, dis ? Ton père et moi, on a prévu une excursion à Delphes aujourd’hui et on voulait prendre de tes nouvelles avant le départ.

— Euh… Tout va bien !

— Tu es sûre ? Tu as une voix bizarre.

— C’est parce que je viens de me réveiller, maman.

J’entends mes parents parler puis se chamailler.

— Allô, ma puce ? C’est papa.

Je ne peux m’empêcher de sourire.

— Bonjour, papa.

— Quelque chose ne va pas ?

— Non, non. C’est juste que je viens de me réveiller et… il neige !

— Ah bon ? Martine ! Il neige à Ecully.

Nouveaux bruits de fond. Ma mère reprend possession de son portable.

— Mon chou, c’est maman !

Je suis secouée d’un léger rire.

— Oui, maman.

— Fais très attention sur la route.

— Oui, maman.

— Je ne plaisante pas, Maddie. La neige, c’est comme Emmanuel Macron : c’est beau, mais c’est traître.

Cette fois-ci, je m’esclaffe. Ma mère a un don pour trouver des images qui font sens.

— Bon, on doit te laisser, mon chou. Notre guide vient d’arriver.

— OK, bisous à tous les deux.

— Sois prudente, ma chérie ! me lance mon père.

— Oui ! Profitez bien.

Bon, c’est pas tout ça, mais, si je ne me bouge pas les fesses rapidement, autant déclarer forfait et retourner me coucher illico. Je m’approche de la fenêtre, ose un coup d’œil furtif en direction de chez les Kaczmarek. Oui, ben, ne riez pas ! J’ai été suffisamment traumatisée…