Fyctia
Chapitre 24
Pourquoi je me suis autant goinfrée, moi ? C’est la question que je me pose durant tout l’après-midi, alors que j’essaie d’éditer mes factures. Je lutte pour ne pas somnoler et sursaute carrément quand M. Durieux débarque dans le bureau, provoquant les ricanements de Morgane, à ma droite. À 18 heures tapantes, je souffle de soulagement. Quand ça veut pas, ça veut pas !
Tant pis, je rattraperai mon retard demain. Je quitte mon poste de travail, fais le tour des bureaux afin de saluer tout le monde, m’attarde quelques instants à l’accueil pour faire un brin de causette avec Doro puis me dirige vers le parking. Je suis en train de réfléchir au programme de ma soirée quand je repère un gars costaud au téléphone, qui gesticule bruyamment derrière ma Micra. Il porte l’uniforme noir de chez Gamma protection : tee-shirt moulant, pantalon de treillis et rangers.
Merdum…
Ce type, c’est une armoire à glace. Ce doit être un agent de sécurité. Je prends un air innocent et fonce vers ma portière, côté conducteur. Sitôt qu’il m’aperçoit, il raccroche et vient à ma rencontre.
— Alors, ma p’tite dame ? On sait pas lire ? Parking privé. S’rait pt’être temps d’vous acheter des lunettes.
Quel rustre ! Je joue les écervelées.
— Oups ! Désolée… Je ferai plus attention à l’avenir.
Je m’apprête à refermer ma portière, mais le gorille m’en empêche.
Je me fige et le dévisage. Son expression n’a désormais plus rien de bienveillant. Super… J’ai affaire au connard tout en muscles, mais décérébré, de base.
— Ôtez votre main de ma voiture, prononcé-je d’une voix calme.
— J’ai pas fini. La prochaine fois, ta bagnole, j’te refais la carrosserie à coups de barre de fer. Elle m’a bien compris, Mimie Mathy ?
Je respire un grand coup pour garder mon sang-froid et ressors pour lui faire face – ou, plutôt, faire face à ses pectoraux.
— Tu vas trop loin, mon pote, déclaré-je en posant mon index sur lesdits pectoraux en béton. Dégage avant que je ne m’énerve.
Il se redresse pour encore mieux me dominer, me regarde de haut en bas puis se met à rire comme un bossu.
— Tu vas faire quoi, Minipouss ? Tu vas appeler ta maman pour qu’elle vienne me gronder ?
Il me pousse alors de sa grosse paluche, au niveau de l’épaule, me faisant perdre l’équilibre. Plusieurs de mes collègues accourent, alertés par la scène qui est en train de se dérouler non loin d’eux, ainsi que des employés des entreprises alentour.
— Eh ! Laissez-la tranquille, grosse brute.
Je devrais être effrayée, mais je vois rouge. Je ne réfléchis plus, mon instinct prend les commandes. Avec toute la force dont je suis capable, j’envoie mon genou s’écraser dans ses parties. Un cri aigu sort de sa bouche, il se plie en deux. Mais je n’ai pas fini. J’attrape mon énorme sac à main en cuir rigide et le lui balance en pleine tête. Le type, assommé, atterrit sur les fesses.
— Pour ta gouverne, ça fait belle lurette, que je n’appelle plus ma mère à la rescousse. Les Minipouss comme moi apprennent à se défendre contre les raclures dans ton genre dès la cour de récré, en maternelle. C’est une question de survie, tu vois…
Je tremble de colère. Des applaudissements retentissent.
— Bien joué, Madeline ! lance Guillaume, le grand cornichon du service informatique. T’es une tueuse !
Puis il déclare à la ronde :
— J’crois qu’j’suis amoureux…
11 commentaires
Margo H
-
Il y a 2 ans
MélineDarsck
-
Il y a 2 ans
EmmaFetes
-
Il y a 2 ans
Dacia
-
Il y a 2 ans
Stella No.
-
Il y a 2 ans
iris monroe
-
Il y a 2 ans
Lindsay Lorrens
-
Il y a 2 ans
Patricia Eckert Eschenbrenner
-
Il y a 2 ans
Lindsay Lorrens
-
Il y a 2 ans