Fyctia
Chapitre 23
— Mais c’est ma p’tite Maddie ! Dis donc, ma poupée, ça fait un moment que t’es pas venue voir ton tonton Baba.
J’ai un sourire jusqu’aux oreilles. Baptiste, je le connais depuis que je suis haute comme trois pommes. Mon père et lui ont fait les quatre cent coups ensemble dans leur jeunesse. Je m’approche de cet ogre barbu qui me prend dans ses bras.
— Je viendrais plus souvent si ton bouchon avait un peu moins la cote !
— Tss, tss, il y aura toujours une table pour toi dans mon restaurant.
— Oui, mais mes amis prennent un peu plus de place que moi.
Il s’écarte alors et accueille mes collègues en leur serrant la main.
— Eh, l’autre ! s’indigne Dieudo. T’es en train de dire qu’on est gros, c’est ça ?
— Joker !
— Petite peste !
Baptiste nous conduit à notre table, dans un coin de la salle. J’ai toujours adoré cet endroit, je comprends qu’il soit aussi prisé. C’est un lieu chaleureux, à l’image de son propriétaire. La pièce n’est pas très grande, mais les tables en bois sont disposées de façon à optimiser la place. Des nappes à carreaux rouge et blanc les recouvrent. Des poutres en bois ornent le plafond, de vieux cadres, des assiettes anciennes et des ardoises sur lesquelles figurent le menu du jour décorent les murs en briques. Tous ces petits détails donnent au lieu un petit côté rustique. Les serveurs dansent entre les tables pour prendre ou apporter les premières commandes. C’est le coup de feu, un joyeux tohu-bohu nous accompagne.
Baptiste revient très vite pour nous demander si nous avons fait nos choix. Pour moi, ce sera le menu du jour : salade lyonnaise et tarte à la praline en dessert.
— Je ne vous ai pas raconté ce qui m’est arrivé samedi matin !
— Tu as fait ton « couneméle » hebdomadaire ? s’esclaffe Dorothée.
— Oui, acquiescé-je vivement, mais ce n’est pas ça. Vous savez, mes voisins d’en face, les Kaczmarek ?
— Le gentil petit couple de retraités ? réplique Ludi.
Je hoche la tête et leur raconte l’épisode auquel j’ai assisté depuis la fenêtre de ma chambre, provoquant l’hilarité générale.
— Quoi ?! s’insurge Dieudonné, choqué. Mais ils ont, quoi ? Dans les quatre-vingts ans ?
Il grimace.
— Je pencherais pour soixante-quinze, rétorqué-je. Quelque part, je trouve ça beau qu’à leur âge, ils aient encore une vie sexuelle épanouie. Ça montre leur complicité. Bon, après, c’est vrai que j’aurais préféré ne pas assister à… cette scène !
Je frissonne. Nouvel accès d’hilarité générale.
— Avoue, t’es jalouse ! reprend Dieudonné. T’aimerais bien avoir une vie aussi pimentée que la leur.
Il me lance un clin d’œil. Je surprends le regard de Fred fixé sur moi. Je bredouille en rougissant puis baisse les yeux. Dorothée prend ma défense, comme d’habitude.
— C’est bon, Dieudo, lâche-la un peu.
— Oh, si on peut plus rigoler.
Le repas se déroule dans une ambiance détendue. Je repense aux paroles de mon collègue. Il a raison, ça fait un bail que je n’ai pas eu de vie intime. Il est grand temps de remédier à cette situation !
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Margo H
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Rose Foxx
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meline g
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Lindsay Lorrens
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Patricia Eckert Eschenbrenner
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Stella No.
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Il y a 2 ans