Fyctia

À 17 heures, je sonne chez ma sœur pour lui rendre les fruits de ses entrailles. Mon beau-frère Amar nous ouvre.

— Ah, Maddie… Comment va ma belle-sœur préférée ?

— Bonjour, Amar. Ça va, prononcé-je du bout des lèvres, peu encline à lui raconter les dernières heures que je viens de vivre.

Les pires de toute ma vie ! Ses enfants se précipitent dans ses bras.

— Papa !

— Eh, les enfants ! Vous avez été sages avec tata Madeline ?

Ils hochent la tête.

— Oui, très.

Alors ça, c’est le plus gros mensonge que j’aie jamais entendu. Ma sœur choisit ce moment pour pointer le bout de son nez surmonté de ses lunettes qui lui donnent un look d’enfer. Elle fronce les yeux en me voyant.

— Oh là… Ça a pas l’air d’aller, toi. Ils t’ont rendue dingue, hein ?

Je ne parlerai qu’en présence de mon avocat…

— Bon, ben, je vais vous laisser en famille.

— Mais, tu viens juste d’arriver ! Tu ne veux pas rester un peu ? Je te sers un café ?

— Non, ne te donne pas cette peine, j’ai encore pas mal de choses à faire.

Comme aller nettoyer l’urine et le vomi sur le siège arrière de ma voiture.

— Au fait, Lily a eu un petit accident. Il vaudrait mieux que tu lui donnes un bain et que tu lances une machine avec ses vêtements. Et, euh… Mets aussi ceux de Thomas. Il s’est un peu vomi dessus en sortant du Mc Do.

— Tu les as emmenés au Mc Donald ? Tu sais ce que je pense de cette chaîne pourtant ! Leur nourriture n’est pas bio !

— Ouais, ben… c’était une question de survie, tu vois. Bon, je vous laisse.

— OK… Merci quand même. Dis, tu crois que le week-end prochain…

— Non !

Je sors de chez eux presque en courant. Alors là, elle ne m’aura plus !

Le trajet jusqu’à la maison se déroule en mode automatique. Je me gare dans mon allée, ouvre ma porte d’entrée, pars à la recherche d’une armada de produits nettoyants. Je passe la soirée à frotter ma banquette arrière pour éliminer l’odeur atroce qui règne dans l’habitacle. En guise de dîner, je grignote des biscuits devant la télé, bien trop épuisée pour me préparer un repas digne de ce nom, et m’endors profondément.