Fyctia

Je suis honteusement affalée dans mon canapé, un plateau-repas posé à mes côtés, en train de regarder un classique : Coup de foudre à Notting Hill. Vu la journée harassante que j’ai passée, j’ai bien mérité une soirée détente. William Thacker est en train de se promener avec Anna Scott. C’est le moment où ils entrent en douce dans le parc privé, sous la voûte céleste. C’est l’une des scènes les plus romantiques qu’il m’ait été donné de voir. Hugh Grant tombe de la grille qu’il tente d’escalader. Tout à coup, mon portable sonne. Saperlipopette ! Qui ose me déranger dans un moment pareil ?

— Maddie ?

Je pousse un soupir.

— Oui, Charline. Qui veux-tu que ce soit d’autre ?

— Il faut absolument que tu joues au loto ce soir avant 20 heures. Grouille-toi !

— Quoi ? Mais t’es vraiment la sœur la plus cinglée qui existe sur cette planète ! Tu le sais, ça ?

— Tss, tss ! Tu me remercieras demain quand tu seras multimillionnaire. Allez, fonce dans un bar-tabac.

Je raccroche, me lève précipitamment, jette un œil à l’horloge et à ma tenue.

Voilà comment je me suis retrouvée chez le buraliste du quartier, en pyjama licorne et baskets, les joues en feu, un samedi à 19 h 55. Autant vous dire que tous les poivrots du coin et le tenancier du bistrot se souviendront de moi pendant longtemps.