Fyctia

Quoi de plus agréable qu’un dimanche à traîner chez soi ? Je me sens reposée, reboostée pour la nouvelle semaine qui se profile déjà. Je me suis délassée dans un long bain, ai passé une jolie tenue achetée récemment – une blouse printanière et un chino noir – et je paresse dans l’un des confortables fauteuils en rotin de mon jardin d’hiver, un roman à la main, en attendant l’arrivée de mes neveux.

La sonnette d’entrée retentit. C’est parti pour ma BA mensuelle !

Je file ouvrir. Charline entre telle une tornade (c’est souvent l’effet qu’elle fait aux gens).

— Alors, combien tu as gagné ? Tu es riche ?

Je hausse les sourcils.

— 3,20 euros. Tu appelles ça être riche ?

— Ah ! Tu vois ? je savais que tu allais gagner.

Je lui lance mon regard le plus meurtrier. Puis elle m’inspecte de haut en bas et me demande d’où sortent ces nouvelles fringues. Vous la voyez venir, vous, la leçon de morale ?

— Euh, je les ai commandées sur Internet, éludé-je.

— Tu as pas fait ça ? Tu as osé acheter des vêtements à cette enseigne qui fait travailler des petits Chinois ? Tu n’as pas honte ?

Et bla-bla-bla.

— Il faut privilégier les circuits courts.

Et bla et bla.

— Tu vas finir par te choper un cancer de la peau à force de porter des trucs couverts de produits chimiques.

Et re bla.

Bon, je sais bien qu’elle a raison. En même temps, cette petite blouse était vraiment trop mignonne. Et pas chère. Et elle me va super bien. Voilà, je vais rôtir en enfer à cause de ça. C’est quand même bête, hein ?

Je repère les monstres en train de toucher à tout.

— Dites donc, Patati et Patata, vos petites mains ne sont pas toutes collantes, hein ? Parce que je vous signale que j’ai récuré la maison hier et je n’ai pas envie de recommencer.

— Attention, Madeline, tu es en train de leur envoyer de mauvaises vibrations, là.

— Moi ? Des mauvaises vibrations ? aboyé-je.

— Oui, elles sont très perceptibles. Ton chakra Manipura émet une énergie négative aujourd’hui. Quelque chose ne va pas ?

Ce qu’elle peut m’énerver parfois !

— Pas du tout. C’est juste que, la dernière fois qu’ils sont venus, j’ai retrouvé des traces de doigts collantes un peu partout dans la maison. À part ça, tout va bien ! ajouté-je un poil trop fort.

— Je vois ça, réplique-t-elle en m’observant d’un air songeur. Bon, je vais te laisser. Merci de me les garder. Je te revaudrai ça !

— Mouais… Y’a intérêt.

Une fois la porte refermée derrière elle, deux regards faussement innocents se braquent sur moi.

— On peut aller dire bonjour à Trévor ?

Je les observe, soupçonneuse.

— Vous n’allez pas essayer de lui apprendre des mots interdits, hein ?

Lily bat des cils. Thomas prend un air étonné.

— Non, tata.

Vous y croyez, vous ?